Cette rumeur qui a circulé à Washington sur la visite d’Abiy Ahmed en Algérie
Par Nabil D. – La visite du Premier ministre éthiopien à Alger n’est pas passée inaperçue à Washington. C’est le moins qu’on puisse dire. En proie à un conflit armé interne, le gouvernement éthiopien est accusé de commettre un génocide dans le Tigré. Aussi des membres de la population de cette région qui jouxte l’Erythrée voisine ont manifesté dans la capitale américaine pour demander le soutien de l’Algérie. Selon le quotidien Cresus, qui rapporte l’information, «ce genre de manifestations n’est pas courant devant l’ambassade algérienne à Washington».
«Ils sont environ une centaine à s’être déplacés de tous les coins de Washington vers l’ambassade [d’Algérie]. Femmes et hommes de tous âges venus exprimer leurs craintes. Les slogans en anglais sur les pancartes sont divers. Nos mères nous manquent, Génocide et famine au Tigré, Abiy Ahmed est un dictateur», rapporte le journaliste du média algérien présent sur place. «D’autres pancartes ou slogans scandés concernant directement l’Algérie. L’Algérie du côté de la paix et non du génocide, Nous demandons à l’Algérie un engagement humanitaire. L’ambiance est grave mais aucune parole hostile n’est prononcée ni par la foule ni par les intervenants dont une jeune Ethiopienne qui s’est exprimée en langue arabe pour demander aux dirigeants et au peuple algériens un soutien au Tigré», narre-t-il.
Mais une rumeur a circulé parmi les Tigrés basés aux Etats-Unis, selon laquelle l’Algérie fournirait des armes au gouvernement éthiopien. «On nous a dit que la récente visite du Premier ministre éthiopien en Algérie pourrait concerner aussi des tractations au sujet de la vente d’armements par l’Algérie au criminel Abiy Ahmed pour continuer son génocide. C’est pourquoi nous sommes inquiets», s’est confiée une manifestante qui doit ignorer que l’Algérie n’est pas un pays exportateur de matériels militaires. Elle n’est pas la seule à avoir été trompée par on ne sait quelle source malveillante, puisque sur une pancarte, il était clairement demandé à l’Algérie d’arrêter toute fourniture d’armes à Addis-Abeba.
«C’est [l’information] qui a circulé suite à la visite du Premier ministre [éthiopien] à Alger et cela nous a déçus parce que l’Algérie nous a habitués à son rôle hautement positif par le passé comme lors de l’accord de paix dans la crise avec l’Erythrée ou le tracé de la frontière», a confessé une manifestante au journal Cresus qui subodore une «pernicieuse campagne d’intox» qui «aurait visé l’Algérie pour provoquer la colère des Ethiopiens originaires du Tigré ou les opposants au gouvernement actuel établis à l’étranger».
Il est de notoriété que la visite d’Abiy Ahmed à Alger a un lien direct avec le conflit lié au barrage de la Renaissance qui met aux prises l’Egypte, le Soudan et l’Ethiopie. Un conflit qui risque de dégénérer tant il est question d’une ressource de plus en plus rare : l’eau, source de guerres à venir, prédisent de nombreux experts.
N. D.
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