Pourquoi Rabat a fuité l’information sur la «venue» de Mohammed VI à Alger
Par Kamel M. – L’information a été présentée comme un scoop. Contre toute attente, Mohammed VI serait présent au Sommet de la Ligue arabe qui se tiendra à Alger en novembre prochain. Cette «révélation» a suivi celle, faite par les Marocains également, à peine un ou deux jours auparavant, annonçant la visite du ministre de la Justice, Abderrachid Tebbi, à Rabat où il a remis l’invitation au souverain marocain pour faire le déplacement chez le voisin de l’Est, rappelant qualifié d’«ennemi» par l’ancien consul général du Maroc à Oran.
C’est au magazine pro-Makhzen Jeune Afrique qu’a donc échu la mission d’informer les Algériens que le roi du Maroc «honorera» l’Algérie de son «auguste» présence à la réunion des dirigeants arabes, puisque ce déplacement s’inscrit dans un cadre multilatéral et n’engage en rien Rabat dans une quelconque entreprise de «réconciliation». Pourtant, les observateurs sont unanimes pour prédire une exploitation de ce rendez-vous par la partie marocaine pour régler ses comptes avec le pays hôte, Mohammed VI comptant bien sauter sur cette occasion inespérée pour «narguer» les responsables algériens sur leur propre territoire, couvert par l’extraterritorialité que lui confère le Sommet.
La divulgation de la décision des Marocains de faire faire à leur souverain le voyage «périlleux» à Alger est l’œuvre des services secrets marocains, ont compris les fins connaisseurs du dossier algéro-marocain. Elle vise, en premier lieu, à montrer que, encore une fois, c’est le Makhzen «pacifiste» qui tend la main à l’Algérie «belliqueuse». Pourtant, on se souvient de la réaction complètement contradictoire du ministre marocain des Affaires étrangères, qui criait au micro de la chaîne d’information du Quai d’Orsay France 24 le refus de son pays de participer à une conférence à laquelle l’Algérie a fixé la date «à sa guise», en «foulant aux pieds» les lois internes de la Ligue arabe dont les Sommets se tiennent au mois de mars.
Que s’est-il passé dans l’intervalle pour que le régime marocain change d’avis ? A priori, rien. Aussi croit-on de ce côté-ci de la frontière que la nouvelle «sensationnelle» donnée en exclusivité par le média des Ben Yahmed est un ballon de sonde à l’effet de jauger la réaction d’Alger – coïncidemment avec le déroulement du tapis rouge au patron de l’armée marocaine en Israël –, qui l’a considéré, encore une fois, comme un non-événement, les Algériens étant habitués aux simagrées et aux contorsions d’un régime monarchique fourbe et indigne de confiance.
K. M.
Comment (78)