La droite italienne donnée gagnante veut relancer le projet Galsi avec l’Algérie
De Rome, Mourad Rouighi – A quelques jours des élections politiques en Italie, prévues ce dimanche, le débat politique entre les diverses coalitions en lice a déjà atteint le point de non-retour et tous les coups sont désormais permis. Parmi les sujets qui ont le plus monopolisé cette campagne électorale, le dossier épineux de la sécurité énergétique de la péninsule et des choix des divers gouvernements, qui pèsent sur les prises de position actuelles de l’Exécutif de Mario Draghi. A ce sujet, la droite donnée largement gagnante par tous les sondages, reproche à la gauche d’avoir sciemment freiné des projets qui auraient garanti à l’Italie de devenir un hub incontournable de l’approvisionnement énergétique européen.
Giorgia Meloni, qui caracole en tête des sondages, a sur ce thème des positions nettes qui accordent à la coopération gazière avec notre pays une dimension prioritaire. Durant ses derniers meetings, elle a répété qu’elle présidente du Conseil, elle relancera dans les plus brefs délais le projet du gazoduc Galsi, projet qui devra relier les usines algériennes de Koudiet Draouche à Piombino, en passant par Porto Botte et Olbia, en Sardaigne, et qui augmentera le volume de gaz destiné à l’Italie et à d’autres pays européens.
La présidente de Frères d’Italie a rappelé, devant des militants médusés, que l’Union européenne avait alloué, en 2009, 120 millions d’euros pour le projet Galsi qui devait acheminer 10 milliards de mètres cubes de gaz d’Algérie vers l’Italie. Mais les fonds ont été retirés en raison de blocages provenant de la direction du Parti démocrate, de centre-gauche. Et de rappeler qu’en 2012, le gouvernement de la région autonome de Sardaigne, en exprimant finalement son accord, levait le dernier obstacle avant le lancement des travaux.
Mais à la dernière minute tout échoue car la Toscane, alors gouvernée par la gauche, finit par ne pas donner son feu vert. L’objet de la dispute était la compensation du territoire. Il y a quelques mois, la conseillère pour l’environnement, Monia Monni, répondant à une question sur ce sujet, déclarait qu’à l’époque, «une canalisation sous-marine pour la méthanisation de l’île d’Elbe était demandée comme mesure compensatoire pour la construction de l’ouvrage» et qu’un accord pour «la fourniture à un prix avantageux de gaz aux entreprises du littoral» allait être conclu. «La société Galsi, dont Sonatrach détient 43% des actions, jugeant ces requêtes hors contrat, n’a pas accepté».
Ainsi, après une série de conditions contraignantes, le projet a fait naufrage, jusqu’au dépôt définitif de la procédure d’autorisation par le ministère de la Transition écologique, en mars 2021. Le tout, bien qu’en 2013, ce gazoduc ait également obtenu le statut de projet d’intérêt commun, en raison de son utilité dans la diversification des approvisionnements de l’Europe du sud. Enfin, en 2014, précisément en raison de l’absence d’autorisations du conseil de gauche de la région toscane, la subvention pour le Galsi a été révoquée et les fonds ont été rétrocédés au chapitre de budget de l’Union européenne.
Giorgia Meloni parle aujourd’hui d’une «occasion manquée». Les experts proches de son parti sont catégoriques : «Nous avons la confirmation, noir sur blanc, que le projet Galsi avait tout, en termes de financement et d’approbation par l’UE pour être mis en œuvre. Si cela ne s’est pas produit, commentent-ils, c’est la faute des choix de la Toscane, région dirigée par le Parti démocrate. Mais nous sommes prêts à récupérer le temps perdu et à le relancer dès que possible».
M. R.
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