Nouvel appel à Blinken pour imposer des sanctions «immédiates» à l’Algérie
Par Houari A. – Vingt-cinq membres de la Chambre des représentants ont adressé une nouvelle lettre au secrétaire d’Etat Antony Blinken, lui reprochant de ne pas avoir pris des mesures coercitives contre l’Algérie pour avoir acquis des armes de dernière génération auprès de la Russie. Ces élus américains, conduits par la néoconservatrice Lisa McClain, disent s’inquiéter notamment par l’achat de l’avions furtif Sukhoï Su-57, dont les performances sont de loin supérieures à son équivalent américain, selon les experts occidentaux.
Le ton est monté d’un cran dans ce second courrier qui fait suite à celui d’un autre sénateur lobbyiste du Makhzen, qui, il y a quinze jours, lançait le même appel pressant à la mise au ban de l’Algérie. Les auteurs de la lettre lient implicitement ces demandes insistantes à la position d’Alger qui a refusé d’adhérer à la batterie de sanctions imposées contre Moscou, notamment en votant contre une résolution excluant la Russie du Conseil des droits de l’Homme de l’ONU.
«Alors que la guerre en Ukraine se poursuit, la Russie a désespérément besoin de fonds pour poursuivre son effort de guerre. La tentative de la Russie de punir l’engagement de l’Union européenne dans le conflit en bloquant les ventes de gaz naturel aux pays européens a grevé le budget du président Vladimir Poutine. Il est probable que la Russie continuera à faire pression pour des ventes d’armes supplémentaires. Il est essentiel que le président Joe Biden et son administration se préparent à sanctionner ceux qui tentent de financer le gouvernement russe et sa machine de guerre en achetant du matériel militaire», décrètent les signataires de la lettre, qui pressent Antony Blinken à «commencer à appliquer immédiatement des sanctions importantes contre les membres du gouvernement algérien qui ont été impliqués dans l’achat d’armes russes».
«Les Etats-Unis doivent envoyer un message clair au monde que le soutien à Vladimir Poutine et aux efforts de guerre barbares de son régime ne sera pas toléré», arguent les sénateurs américains, qui rappellent que la Russie «est le plus grand fournisseur d’armes militaires à l’Algérie» et font leurs les arguments du vice-président de la commission spéciale sur le renseignement, Marco Rubio, qui faisait référence à une loi promulguée en 2017 prévoyant de punir les «adversaires» des Etats-Unis et dont un alinéa ordonne au président d’imposer des sanctions aux «parties engagées dans des transactions importantes avec des représentants des secteurs de la défense ou du renseignement du gouvernement de la Fédération de Russie». «Le président a délégué ce pouvoir au secrétaire d’Etat, en consultation avec le secrétaire au Trésor», soulignait le membre du Parti républicain.
«L’Algérie, avait-il ajouté, fait partie des quatre principaux acheteurs d’armes russes dans le monde, culminant avec un accord d’armement de 7 milliards de dollars en 2021. L’afflux d’argent vers la Russie ne fera que renforcer la machine de guerre russe en Ukraine. Pourtant, les sanctions […] n’ont pas encore été utilisées», avait-il reproché à Antony Blinken qu’il invitait à «prendre au sérieux la menace que la Russie continue de faire peser sur la stabilité mondiale et à «désigner de manière appropriée les parties dont l’achat important de matériel russe permet les actions déstabilisatrices de la Russie».
«Cet appel sera évidemment sans échos, sachant qu’une telle action se retournerait de fait contre les Etats-Unis eux-mêmes, premiers fournisseurs d’armes dans le monde et grands déstabilisateurs de nombreux pays, aucun continent n’étant épargné par l’ingérence américaine», avaient commenté des sources informées à Alger, qui rappelaient que «l’Algérie est libre d’acheter ses armes auprès des fournisseurs de son choix» et qu’«aucune puissance, fût-elle les Etats-Unis, ne peut interférer dans ses choix souverains».
H. A.
Comment (67)