Offensive de l’offensant féminisme misandre et inquisitorial
Une contribution de Khider Mesloub – Ces dernières années, une campagne médiatique effrénée a été déclenchée pour dénoncer les agressions sexuelles et violences sur des femmes. Depuis lors, il ne se passe pas un jour sans nouvelle révélation de viols ou attouchements sexuels. La parole féministe s’est «libérée» pour vitupérer les crimes de nombreuses personnalités célèbres officiant dans le monde de la culture, des affaires, de la politique et de l’Etat. Il est à noter que cette indignation a aussitôt fait l’objet de récupération par la classe dominante, notamment la caste politique, relayée par les médias, sous forme d’une campagne de culpabilisation des hommes et d’appel à la délation opéré sur les réseaux sociaux via une application «les hommes sont tous des porcs». Disons-le nettement : cette campagne de victimisation, idéologiquement instrumentalisée par la bourgeoisie, a pour dessein de transplanter l’antagonisme social sur le champ du conflit sexuel : femmes contre hommes. Avec une exploitation sournoise des traditionnelles thématiques morales fondées sur le puritanisme et la pudibonderie comme au temps obscur des sociétés archaïques religieuses sexuellement ségréguées.
Partie des Etats-Unis, au lendemain des accusations de viol portées contre le producteur américain Harvey Weinstein, cette campagne misandre s’est exportée, tel un produit marchand judiciairement lucratif, dans de nombreux pays, notamment en France. Certaines féministes se sont engouffrées dans la brèche hollywoodienne avec un vagissant plaisir. Dans leurs délires hystériques, les féministes invitent toutes les femmes à se muer en délatrices sur le web pour dénoncer les «prédateurs», à se ruer vers les commissariats pour déposer plainte.
«Le mâle, c’est le Mal», semblent-elles penser. Le féminisme ne dénonce ainsi jamais le capital, ni le salariat, ni la guerre. Mais uniquement le patriarcat (par ailleurs consubstantiellement inhérent aux sociétés de classe, donc au capitalisme, quoique ce dernier l’ait pulvérisé).
A l’ère du foudroyant surgissement de la Question sociale sur fond de la flambée de paupérisation de centaines de millions de personnes de par le monde et de la menace d’anéantissement de l’humanité par la guerre généralisée en cours, les petites bourgeoises féministes repues viennent nourrir les populations (privées de denrées alimentaires du fait de la baisse vertigineuse de leur pouvoir d’achat, doublé du renchérissement des prix) de scandales sexuels people opérés dans les hautes sphères du pouvoir politique ou culturel.
Au reste, s’agit-il de scandales sexuels ou de scandales juridictionnels ? Car, sur le fondement du seul témoignage verbal, donc sans aucun élément de preuve matérielle, l’accusation est instruite par les médias stipendiés, ces nouveaux tribunaux inquisitoriaux. Avec ces journalistes procureurs qui instruisent de véritables procès médiatiques sur la base de simples soupçons prescrits ou témoignages anonymes, ce n’est plus la présomption d’innocence qui prime, mais la présomption de culpabilité. Nous avons affaire à de véritables entreprises médiatiques de lynchage judiciaire, autrement dit les médias stipendiés deviennent les antichambres des tribunaux qui, désormais, se bornent à juger à charge sur le seul fondement des pièces à conviction (con-fiction) médiatiques fournies par les journalistes procureurs.
Le féminisme sociétal cache-sexe du complot politique
En France, avec ces méthodes inquisitoriales employées par le néo-féminisme misandre débridé, plusieurs hommes politiques, notamment des ministres, en ont fait les frais. Inutile de citer des noms.
Sans nul doute, tout scandale sert à quelque chose. Notamment les scandales liés aux agressions sexuelles et aux violences conjugales abondamment instrumentalisés par les officines étatiques et médiatiques.
Toujours en France, par la grâce du néo-féminisme inquisitorial, métamorphosé en véritable police des mœurs, une banale baffe, comme il s’en produit malheureusement dans de nombreux couples en conflit, notamment dans des contextes de séparation conflictuelle où tous les coups bas sont lancés à la figure de l’un et l’autre partenaire, se transforme en affaire d’Etat. Dans un contexte social qui s’annonce instable et conflictuel, nécessitant un parlement croupion avalisant toutes les lois antisociales et liberticides, la dernière affaire Quatennens, député de LFI, semble avoir été ourdie par les services de l’Elysée pour briser la nouvelle encombrante coalition oppositionnelle, incarnée par la NUPES, en particulier son aile gauche frondeuse, LFI de Jean-Luc Mélenchon. Déjà, le gouvernement Macron est parvenu à déstabiliser cette factice alliance électoraliste de gauche en proie à des tensions et dissensions, préludes de la dislocation inéluctable.
Avec le néo-féminisme débridé et hystérique, bienvenue à l’érection du sociétal en instrument de combat, de débat, d’ébat. Adieu à la problématique sociale, à la Question sociale, à la revendication sociale, à la lutte sociale. L’entre-jambe est devenu la caisse de résonance des frustrations sociales et, surtout, l’arme de dissonance libertaire sociétale. Voire le réceptacle de la délation offert par la société de spectacle.
Le paradoxe de ce néo-féminisme hystériquement débridé, c’est qu’il séduit et triomphe par sa seule visibilité sur les grandes chaînes audiovisuelles des puissants, dans un espace médiatique largement coupé des rapports sociaux, autrement dit du peuple. A l’inverse du féminisme radical d’antan qui triomphait par son ancrage dans le mouvement de luttes sociales et politiques émancipatrices. Ainsi, on est passé du féminisme radical au féminisme ridicule. Quoi qu’il en soit, ce féminisme médiatiquement inquisitorial ne participe aucunement à quelque libération de la femme, à plus forte raison de l’exploitation salariée, ni de la domination et du mépris de classe, ni des violences conjugales qui n’ont, paradoxalement, jamais autant explosé que depuis l’envahissement du féminisme misandre débridé.
Le néo-féminisme débridé prône la guerre des sexes
Dans cette société du spectacle, chacun peut jouer la comédie pour mieux masquer la tragédie de sa vie. Le combat féministe est devenu ainsi une lubie petite bourgeoise étroitement clanique, portée par un ramassis de féministes hystériques misandres qui prétendent parler au nom de toutes les femmes (battues).
En quoi l’agression d’une femme, le viol d’une femme, concernerait-il uniquement les femmes ? Ces agressions et ces viols ne relèvent-ils pas plutôt d’un problème de société qui concerne tous les individus, sans distinction de sexe ? Et leur traitement ne doit-il pas prendre place dans le cadre d’une interrogation globale sur l’incapacité du système capitaliste à instaurer des rapports d’égalité entre hommes et femmes ? Ces comportements criminels ne dévoilent-ils pas l’incapacité de cette société capitaliste prétendument civilisée à protéger les femmes, à affranchir l’homme du carcan patriarcal ? D’offrir une égalité réelle entre hommes et femmes ? Des rapports authentiquement humains ? Ne révèlent-ils pas la nature encore archaïque de cette société marquée par la mentalité patriarcale, la prégnance de la misogynie, la phallocratie ? D’où il résulte qu’un siècle de luttes féministes dans le cadre du système capitaliste criminogène n’a en rien modifié les comportements des hommes.
En tout état de cause, l’indignation morale des féministes face aux humiliations et dégradations réservées aux femmes révèle leur impuissance à comprendre que le capitalisme recèle toutes les formes d’injustices inhumaines, qu’aucune instance, encore moins féministe, ne peut endiguer. Seule une transformation sociale, autrement dit une révolution prolétarienne, peut anéantir toutes les formes d’oppression et d’exploitation, avec leurs lots d’humiliations sociales des travailleurs, de dégradations comportementales des femmes. Tant que survit le capitalisme, les rapports sociaux de domination perpétuent et la subordination du travailleur et l’infériorisation de la femme et l’esprit de prédation et la mentalité belliciste.
Force est de constater que le féminisme se répand surtout en période de «paix sociale», de reflux de lutte des classes, d’amollissement politique, d’apathie militante, de fléchissement de la conscience de classe. Comme la nature a horreur du vide, les néo-féministes sectaires se sont engouffrées dans cette brèche de vacuité politique pour imposer leur agenda sociétal. Notamment celui de la dislocation des «couples normaux» ; celui de la généralisation forcée du modèle transgenre, de la normalisation de l’homosexualité et autres délires sociétaux pathologiques, etc.
Le féminisme misandre tente de culpabiliser tous les hommes
A cet égard, il est de la plus haute importance de relever que les féministes commencèrent à s’ébranler seulement au moment où des célébrités entrèrent en scène pour dénoncer les agressions et violences dont elles avaient été victimes de la part d’hommes haut placés mais aux mœurs déplacées. Elles sont de fait beaucoup moins promptes à s’émouvoir quand des femmes prolétaires anonymes sont quotidiennement agressées, exploitées sur leur lieu de travail.
Ce néo-féminisme misandre et inquisitorial milite, proclame-t-il, pour «libérer la parole des femmes», mais exclusivement de celle de l’infime minorité des femmes violées et des offensées (qu’il faut évidemment dénoncer et condamner mais d’un point de vue humain et non «réductiblement» – ridiculement – féministe). Mais jamais la parole des milliards de femmes exploitées, opprimées, chômeuses, affamées (elles sont des centaines de millions de par le monde). Pour ces femmes offensées et violées, heureusement il y a une justice qui instruit le procès des coupables. Mais pour les centaines de millions de femmes exploitées, opprimées, affamées, qui instruit le procès des coupables, autrement des capitalistes et des gouvernants ? Sûrement pas les féministes bourgeoises repues, affairées à transformer le Genre de l’humain par la déconstruction anthropologique sexuelle, et non à transformer le monde par la révolution sociale.
Osons le dire : par leur empressement à s’indigner contre les agressions sexuelles et violences conjugales commises contre ces grandes Dames du sérail médiatique, politique et culturel, ces féministes expriment ainsi inconsciemment leur solidarité de classe. A cet égard, les comportements prédateurs exposés sous les feux de la rampe sont souvent l’œuvre d’hommes des classes opulentes dirigeantes. Détendeurs de pouvoirs dans différents secteurs économique, politique et culturel, ces hommes usent et abusent de leurs prérogatives pour assouvir leurs bas instincts sexuels, exercés au nom de leur droit patriarcal de cuissage. Ces pratiques de séduction forcée sont l’apanage de cette engeance lubrique établie dans les hautes sphères, dans les entreprises privées comme dans les administrations publiques, dans les secteurs culturels et médiatiques.
Toutes les affaires d’agressions sexuelles, comme celle de Harvey Weinstein, de DSK, Bill Clinton (l’affaire Monica Lewinski), Berlusconi (qui recrutait des jeunes call girls pour des «parties fines», parfois âgées de moins de 16 ans), sont révélatrices des mœurs dépravées des classes dirigeantes. Ces mœurs se conforment à l’esprit de prédation de la bourgeoisie belliciste. Dans les hautes sphères, n’importe quel petit chef, grisé par le sentiment de toute-puissance et d’impunité, se meut en prédateur sexuel. Il profite de son pouvoir directionnel pour exiger, par le harcèlement et la pression, d’exercer son droit de cuissage.
Pour autant, avec la médiatisation extrême des affaires de violence et de viol, il est légitime de s’interroger sur les véritables mobiles de ces couvertures médiatiques. Dans les périodes troubles comme celle d’aujourd’hui, il est clairement évident que la focalisation sur ces affaires permet d’éluder les vrais problèmes sociaux, de reléguer au second plan les difficultés économiques : explosion du chômage, augmentation exponentielle de la précarité, dégradation des conditions de travail, faillite de milliers de commerces et d’entreprises, gestion criminelle de la crise sanitaire, crise orchestrée des matières énergétiques, préparatifs de guerre, etc. A cet égard, il est important de souligner que la classe dominante, pour renforcer la croyance dans la démocratie bourgeoise sénile, s’active à entretenir la propagande sur l’«inacceptabilité» de toutes les discriminations au sein du capitalisme. Aussi, pour lutter contre le racisme, la misogynie avec son corollaire de violences et de viols, il suffirait, selon elle, de s’en remettre à la justice. Or, aucune pénalisation des conduites avilissantes envers les femmes ne peut annihiler les violences et déviances sécrétées par une société fondée sur l’exploitation, l’oppression, l’inégalité sociale, la prédation, la concurrence, la répression judiciaire, la violence policière. Cette protection judiciaire offerte par l’Etat bourgeois ressemble à la corde qui soutient le pendu. Le capitalisme porte en lui la guerre comme les nuées l’orage, a dit Jaurès. De même porte-t-il en lui les maltraitances et les violences à l’égard du prolétaire en général, et de la femme en particulier.
Aujourd’hui, un certain féminisme misandre tente de culpabiliser tous les hommes. De désigner à la vindicte médiatique chaque mâle. D’abord en focalisant l’attention sur les femmes violentées ou violées. Or, il s’agit d’un problème de société global, non pas féministe. Autrement dit, un problème généré par la société capitaliste vectrice de violences protéiformes.
Le combat de la femme est lié à celui de l’homme, son égal, et vice-versa
En effet, si, dans la société, plusieurs catégories sont opprimées, ostracisées, telles que les femmes, les immigrés, les communautés ethniques, ce n’est pas en raison de leur particularisme, mais du fait de la particularité du capitalisme qui fonctionne sur la répartition des êtres humains en fonction de leur catégorie sociale, sur des rapports sociaux d’exploitation, vecteurs de concurrence de tous contre tous, d’esprit de domination et de prédation. Dans le système capitaliste, on devient toujours le «prolétaire», le «colonisé», le «Palestinien» de quelqu’un formé selon les normes de domination érigées en valeurs absolues par les structures de conditionnement de l’esprit. Une société de classe reproduit intrinsèquement des schèmes de pensée «esclavagistes», des structures mentales de domination véhiculées par les normes de socialisation dispensées par des institutions éducatives légitimant moralement l’asservissement salarial, la division sociale, l’inégalité économique, en un mot l’assujettissement d’une classe (aujourd’hui prolétarienne).
Or, le capitalisme est une société de classe fondée sur l’exploitation et l’oppression et, surtout, sur la prédation et la guerre, comme l’illustre l’actualité. Aussi induit-il infailliblement, par reproduction de son système de valeurs de domination, des injustices, des rivalités, des conflictualités sociales, des rapports de forces, notamment entre les sexes, communautés, ethnies, nations, etc.
Par l’intériorisation des représentations mentales (ensemble structuré de croyances acceptées et partagées par la société) de domination, inhérentes aux sociétés de classe, les individus perpétuent des référentiels culturels et sociétaux archaïques, même au sein des sociétés modernes «démocratiques».
Ainsi, tant que le capitalisme domine la société, il y aura toujours des femmes opprimées, des communautés ostracisées, des nations dominées. Aucun aménagement politique, ni mutation mentale ne sont possibles au sein de cette société d’exploitation et d’oppression, fondée sur l’esprit de prédation et la mentalité belliciste. Pour modifier les mentalités, il faut d’abord transformer le monde.
Cependant, il est légitime que des femmes, révoltées par l’injustice réservée à la gent féminine, veuillent lutter contre ces discriminations sociales, les violences sexistes. Mais elles se fourvoient par leur engagement sur la voie d’un féminisme étroit, mouvement axé exclusivement sur la lutte pour «l’égalité entre les sexes», au sein d’une société capitaliste par essence inégalitaire et violente. Il s’agit d’un combat infailliblement voué à l’échec. Car la condition dégradée de la femme ne peut être pensée indépendamment du système capitaliste dégradant. Aussi, pour changer radicalement la condition asservie de la femme, il faut anéantir le capitalisme.
Contrairement à la propagande distillée par le néo-féminisme sociétal misandre, la problématique capitale contemporaine n’est pas la guerre des femmes contre les hommes, mais celle du prolétariat (socialement attaquée et menacé d’anéantissement par la guerre généralisée en cours) contre la bourgeoisie mondiale, belliciste et génocidaire.
Quoi qu’il en soit, la libération et l’émancipation de la femme ne se réaliseront jamais dans le cadre de la société capitaliste. Le combat de la femme est consubstantiellement lié à celui de l’homme, son égal et vice-versa. Leur ennemi est commun : le capitalisme, l’impérialisme, les traditions archaïques oppressives, le patriarcat, les religions régressives et agressives, les comportements destructeurs, les attitudes antisociales, les valeurs marchandes, produits d’un capitalisme en putréfaction.
K. M.
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