Trois pays africains manœuvrent contre l’Algérie pour introduire Israël à l’UA
Par Houari A. – Renvoyé par la grande porte par l’Algérie, Israël tente de revenir à l’Union africaine par l’embrasure de l’Eglise. C’est, en effet, par le biais de la religion que Tel-Aviv manœuvre pour créer une sorte d’alliance judéo-chrétienne face au refus de plusieurs Etats africains d’accepter la demande d’adhésion à l’organisation panafricaine en tant que membre observateur. «God bless Israel» (Dieu bénisse Israël). C’est par ce slogan à forte résonnance confessionnelle que trois pays s’échinent à imposer à nouveau l’Etat hébreu en février prochain à Addis-Abeba. La République démocratique du Congo, (RDC), le Cameroun et le Rwanda sont à la manœuvre et ils comptent bien convaincre une majorité d’adhérer à leur démarche, clairement dirigée contre l’Algérie et le Nigéria, cités par la chaîne franco-israélienne i24, ce mercredi.
Israël avait commencé à faire pression sur des Etats membres de l’Union africaine et sur de nombreux diplomates, avant la décision de sa suspension, avait appris en son temps Algeriepatriotique auprès d’une source interne à l’organisation. «Lors de la dernière session, la question de la création du comité des sept chefs d’Etat, dont le président Abdelmadjid Tebboune, n’était pas source de litige, mais la question de la suspension de la décision prise par le président de la Commission de l’Union africaine, Moussa Faki, le 22 juillet 2021, l’était», indiquait notre source.
La décision de l’Union africaine de suspendre le statut d’observateur d’Israël avait été perçue comme une grande victoire de l’Algérie qui avait exprimé à maintes reprises son opposition au choix de Moussa Faki dont la présidence de la Commission de l’Union africaine avait été vivement critiquée, surtout par l’Algérie et l’Afrique du Sud, qui avaient rappelé qu’elle allait à l’encontre des déclarations de l’organisation panafricaine, fondée sur la défense des peuples opprimés qui ne connaissent que trop bien la dévastation et la déshumanisation qui caractérisent le colonialisme sioniste et les systèmes connexes de discrimination raciale institutionnalisée.
«Comment donner une place de choix à Israël, alors que cet Etat criminel ne devrait jamais être récompensé pour ses violations et pour le régime d’apartheid qu’il impose au peuple palestinien ?» interrogeait-on à Addis-Abeba où l’annihilation de la manœuvre israélo-marocaine allait faire échouer le Sommet africain et le retrait de la plupart des Etats membres de l’Union africaine. «Ce qui vient de se produire est une victoire partielle dictée par la conjoncture particulière que traverse l’Union africaine, et la victoire finale sera acquise avec le refus définitif de l’intégration d’Israël en tant qu’observateur ou le maintien de la suspension jusqu’à ce que ce pays mette fin à l’occupation illégale des territoires palestiniens et au régime ségrégationniste», expliquaient à notre site des sources proches du dossier.
Dans une interview à France 24 et RFI, le ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, avait expliqué que «nous n’avons pas pris l’initiative d’accorder un quelconque statut d’observateur à quiconque». «Il y a une double faute, avait-il dit, celle d’avoir accordé le statut d’observateur sans aucune consultation avec les Etats membres, dont l’Algérie. Si la décision a pour effet inévitable de diviser l’organisation sur laquelle vous avez le devoir de veiller, cela signifie que la décision est mauvaise et qu’il ne faut pas la prendre. En l’occurrence, si les consultations préalables avaient eu lieu, sans doute n’aurait-on pas pris une telle décision. La seconde faute, c’est d’avoir constaté que les Etats membres sont divisés sur cette question et de la laisser se gangréner, ce qui est très mauvais pour l’organisation. Donc, indépendamment de qui a fait quoi au profit de qui ou de quoi, le fait est que la décision en question est une décision qui met en péril la solidarité qui doit exister entre les pays membres de l’organisation.»
Pour rappel, le Sommet de l’Union africaine a suspendu la décision prise par Moussa Faki d’octroyer le statut d’observateur à Israël et a mis en place un comité composé de sept chefs d’Etat, dont le président algérien. La décision a été adoptée par consensus. Le comité comprend les présidents Macky Sall (Sénégal), en sa qualité de président en exercice de l’Union africaine, Abdelmadjid Tebboune, Cyril Ramaphosa (Afrique du Sud), Paul Kagame (Rwanda), Félix Tshisekedi (RDC), Muhamadu Bouhari (Nigéria) et Paul Biya (Cameroun).
H. A.
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