Du rôle de l’Etat
Par Abderrahmane Mebtoul – Les changements d’organisation périodiques démobilisent les cadres du secteur économique public et même les investisseurs locaux et étrangers, car ceux-ci montrent clairement la dominance de la démarche administrative et bureaucratique au détriment de la démarche opérationnelle économique, laquelle donne lieu à un gaspillage des ressources financières et à un renforcement de la dynamique rentière et bloque tout transfert de technologie. Le blocage essentiel de l’investissement local et étranger est le terrorisme bureaucratique qui se nourrit du manque de visibilité et de cohérence dans la réforme globale, alors que le débat stratégique doit porter d’une manière claire sur le futur rôle de l’Etat face aux mutations tant internes qu’internationales.
D’où l’importance des dossiers éminemment politiques, comme celui des hydrocarbures, lieu de la production de la rente, du système financier, lieu de distribution de la rente, et celui du partenariat-privatisation, couplé avec celui d’un système socio-éducatif performant, lieu de la production de la plus-value qui, en dynamique, engendrera de nouvelles forces sociales soit rétrogrades, soit porteuses de progrès, si on instaure une totale transparence pour une économie de marché à finalité sociale véritablement concurrentielle.
Aussi la tendance rentière consiste à gérer le dossier des réformes, selon une vision bureaucratique à partir d’injonctions administratives reposant sur des relais administratifs – le bureau, nécessaire dans toute société, mais à la différence des pays développés analysés par Max Weber, facteur bloquant qui participe au blocage de l’investissement utile. L’Algérie ne vit pas isolée et les discours triomphalistes démagogiques sont sources de névrose collective. Le bilan dressé à partir des documents officiels et internationaux montre les limites de la démarche bureaucratique qui peut conduire à un échec programmé du fait que, pour masquer cet échec, on réalise des replâtrages organisationnels.
Donc, concilier l’efficacité économique et une profonde justice sociale dans le cadre d’une économie ouverte, la maîtrise du temps étant le principal défi des gouvernants au XXIe siècle, constitue, en fin de parcours, le défi principal de l’Algérie. Force est de constater qu’au moment où les grandes entreprises et PMI-PME s’organisent en réseaux correspondant à une phase historique où l’entreprise tend à se concentrer sur ses métiers de base, en externalisant bon nombre d’activités secondaires, où l’industrie manufacturière connaît une crise rarement égalée au niveau mondial, il y a lieu d’éviter des expérimentations théoriques avec des coûts faramineux pour le pays qui ne peuvent que conduire à l’impasse, faute de vision stratégique.
La bonne gouvernance et le savoir, avec la stabilité de l’environnement politique, économique et social sont déterminants, selon l’ensemble des rapports internationaux. Ils sont un élément déterminant du développement des nations.
A. M.
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