L’avocat de l’Algérienne accusée de l’assassinat de Lola fustige les médias
Par Houari A. – L’assassinat atroce d’une jeune fille de 12 ans par une Algérienne en situation irrégulière a donné l’occasion à une certaine classe politique française de s’acharner sur les étrangers vivant en France, instrumentalisant le drame d’une famille pour régler leurs comptes avec le gouvernement. Une passe d’arme a eu lieu au sein du Parlement où la Première ministre et le garde des Sceaux se sont emportés face à ce qu’ils ont qualifié de récupération politique indécente. De leur côté, les chaînes d’information en continu ont ouvert leurs plateaux aux commentateurs habituels, connus pour leur xénophobie viscérale et leur islamophobie débectante.
De leur côté, les médias dominants, qui ont fait preuve d’un incroyable amateurisme depuis le déclenchement de la guerre en Ukraine, se sont vu rappeler à l’ordre par l’avocat de la principale suspecte dans le meurtre de la jeune Lola, 12 ans, dans une déclaration teintée de réprimandes à l’encontre des rédactions qui, prises dans une condamnable course effrénée au scoop dans ces circonstances douloureuses, gavent leurs lecteurs d’informations aussi boiteuses que frivoles.
«Je tiens à apporter quelques petites clarifications par rapport à des rumeurs que j’ai vu circuler ici-là dans la presse et qu’il me semble nécessaire de ne plus relayer, et ce, pour deux raisons. La première, c’est qu’il est utile de préserver la sérénité de cette instruction et puis aussi parce que, malgré ma qualité d’avocat de la défense, je pense à la famille, aux parents de la petite Lola», a affirmé Maître Alexandre Silva qui «trouve absolument inhumain de laisser circuler des rumeurs qui ne sont pas vérifiées, qui ne sont pas discutées, qui n’ont à aucun moment été envisagées dans la procédure» et de les accabler ainsi avec de prétendues choses qui n’ont jamais eu lieu et qui ne sont absolument pas envisagées, une fois encore, par l’instruction».
«Il y en a deux auxquelles je pense principalement. Tout d’abord, la question relative au trafic d’organes. Je tiens à le dire selon le jargon qui est le vôtre : ce n’est pas un sujet, ça n’a jamais fait partie des débats et je ne doute pas un instant que ça n’en fera jamais partie. Il n’y a donc nullement eu quoi que ce soit sur ce plan. La seconde rumeur qui circule consisterait à parler de rituels sur des enfants. Là aussi, c’est du n’importe quoi. Ça ne fait pas partie des débats en cause dans le cadre de l’instruction», a déploré l’avocat, qui a appelé à cesser de propager ces rumeurs et invité ceux qui les font circuler à «penser à l’horreur que traverse la famille de la victime». «Il n’est pas nécessaire de l’accabler avec des élucubrations de cette sorte», a-t-il renchéri.
Concernant les informations relayées par les médias sur la «fragilité psychologique» de l’accusée, Me Silva a expliqué que «dans le cas d’une instruction criminelle en France, les expertises psychiatriques sont automatiques ou, à tout le moins, systématiques et obligatoires pour les infractions les plus graves, et ce, pour quelque mise en examen que ce soit, quelle que soit la nature des faits reprochés et quel que soit leur degré d’implication ou de non-implication», en insistant encore une fois sur le fait que sa cliente «bénéficie à ce jour encore de la présomption d’innocence».
«Vous n’êtes pas sans savoir qu’en France, en matière criminelle, dès lors qu’on vous reproche des faits d’une extrême gravité, que l’on qualifie traditionnellement de trouble à l’ordre public, vous êtes susceptible sur ce seul motif d’être placé en détention provisoire, indépendamment du débat qu’il pourrait y avoir et que d’ailleurs il y a eu sur d’autres mentions du code des procédures pénales», a insisté l’avocat de l’étudiante algérienne. «Concernant la qualification sur laquelle vous souhaiteriez certainement m’interroger, pour laquelle ma cliente a été mise en examen, je laisse le soin au ministère public de faire des commentaires s’il le souhaite, je n’en ferai pas pour ma part puisque, vous en conviendrez, cela serait intrusif dans l’instruction», a-t-il conclu.
H. A.
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