Vile instrumentalisation du meurtre de la petite Lola : summum de l’ignominie
Par Mrizek Sahraoui – Exprimons notre propos avec clarté : il ne s’agit pas ici de défendre quelque personne que ce soit. Surtout s’il s’agit de quiconque incriminé dans un meurtre, qui plus est d’enfant innocent. Celui, atroce, de la petite Lola, âgée de douze ans, étant le dernier en date, commis le 14 octobre dernier par une femme sans-papiers d’origine algérienne, éhontément, abjectement récupéré par l’extrême droite française à des fins bassement politiciennes.
La mort de la petite Lola a suscité une onde de choc, il y a de quoi. Mais dès après l’annonce de sa mort, les deux leaders – si l’on peut appeler ça des leaders – des deux partis de la mouvance nationale raciste et xénophobe, viscéralement haineux contre l’Algérie et les Algériens, auxquels se sont piteusement joints Les Républicains (LR), se sont emparés de cette malheureuse et non moins effroyable affaire pour justifier leur politique, pour ne pas dire leur commerce, anti-étrangers.
Depuis un moment, la parole raciste et xénophobe, aidée dans son épanouissement par des pouvoirs successifs incapables de trouver les solutions adéquates, surtout attendues en matière d’insécurité, et des postures incroyables et incompréhensibles, telle l’acceptation par Serge Klarsfeld, le farouche défenseur de la mémoire de la Shoah et des rescapés des fours crématoires, d’être citoyen d’honneur de la ville de Perpignan, ville gérée par le Rassemblement national, cette parole donc s’est libérée en France et à travers toute l’Europe. Un discours qui n’a plus aucune limite. Et cette fois, le dernier palier vient d’être franchi atteignant désormais le summum de l’ignominie.
Oui, le summum de l’ignominie et de l’indécence est atteint ! Alors que la défunte n’est pas encore inhumée, l’enquête est au stade préliminaire, sans aucune certitude sur les circonstances réelles de la tragédie, les deux chefs de file de l’extrême droite française, deux nuances du racisme, lient la nationalité de l’accusée au désordre et à l’insécurité qui règnent en France. Ainsi, des noms de domaines sont achetés, des hashtags créés, et un appel «Manif Pour Lola» est même lancé sur les réseaux sociaux sans l’accord de la famille, ni respect du temps et du travail d’enquête.
Pourtant, s’agissant des meurtres sur enfants et les violences qu’ils subissent, Martine Brousse, la cofondatrice de l’association La Voix de l’enfant, est catégorique et a apporté un démenti cinglant : «90% des meurtres ou des violences commises sur des enfants en France ont pour sphère la cellule familiale», s’est-elle insurgée sur BFMTV.
Parlant de l’enseignant Samuel Paty, égorgé dans la rue par un Tchétchène en 2020, Eric Zemmour dira devant quelques fans chauvins venus écouter le gourou : «C’est un crime digne d’un pays en guerre qui nous rappelle les antiques guerres de religion et la guerre en Algérie». Anzorov n’a rien d’Algérien au cas où monsieur 7% à la présidentielle l’ignore.
Paraphrasons Aimé Césaire : «N’allez pas le répéter, mais l’Algérie et les Algériens vous emmerdent.»
M. S.
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