Zemmour accuse les étudiants algériens en France d’être tous des criminels
Par Abdelkader S. – Qui mieux qu’Eric Zemmour pouvait montrer autant de zèle anti-algérien après l’abject assassinat de la petite Lola à Paris ? Interrogé – le mot exact serait acculé – par une journaliste de BFMTV ce jeudi matin, le candidat malheureux à la présidentielle française d’avril dernier n’a pas trouvé meilleur argument que d’accuser presque explicitement tous les étudiants algériens qui suivent leur cursus dans les universités françaises d’être des criminels potentiels, réitérant, par la même occasion, son appel à supprimer les visas, tous les visas aux ressortissants du Maghreb et d’Afrique.
La question lancinante de savoir si le meurtre de la jeune fille de 12 ans par un Français aurait suscité une telle récupération politicienne et une telle saturation médiatique se pose avec d’autant plus d’acuité que les parents de la victime eux-mêmes ont demandé qu’on les laisse faire leur deuil dans la sérénité sans que quiconque en fasse plus qu’il n’en faut. A cette réaction compréhensible et légitime des proches de Lola, le fondateur du parti raciste Reconquête a répondu, sur un ton condescendant, que l’affaire de leur propre fille «les dépasse» et «concerne tous les Français».
Eric Zemmour et ses alter egos de la droite se perdent dans une logique sordide selon laquelle la principale accusée dans ce meurtre horrible, dont l’onde de choc a dépassé la frontière française, l’aurait perpétré parce qu’elle serait en situation irrégulière et que si son visa était encore valide ou qu’elle avait obtenu son titre de séjour, elle ne serait jamais passée à l’acte. «Cette femme algérienne est une femme étrangère qui ne devait pas être en France, et un crime commis contre une enfant française n’est pas pareil qu’un crime commis par un Français», s’est répété jusqu’à en avoir le souffle coupé l’ancien chroniqueur de CNews, allant jusqu’à improviser un néologisme, le «francocide» qui est, selon son inventeur, «un crime commis sur un Français par un étranger».
La bouffée délirante aiguë de Zemmour ne s’arrête pas là. «Je considère que «nous vivons un moment historique qui est que le peuple français, sur son sol, est occupé par un peuple étranger, par une civilisation étrangère qui est en train de le remplacer, le peuple français est en danger et cette enfant [en] est justement le symbole», a-t-il extravagué. Et de débloquer littéralement : «Le peuple français est agressé, martyrisé, assassiné, chassé de ses terres par un peuple étranger.» C’est qu’à ses yeux, si la même fille avait été tuée par un Français [de souche], c’aurait été un «crime affreux et la personne doit être condamnée évidemment, mais ç’aurait été un crime individuel, alors que là, je considère qu’il incarne quelque chose politiquement, historiquement».
«Il y a une multitude de crimes depuis des années et des années, commis par des clandestins qui ne devraient pas être là, par des étrangers [et] par des enfants de l’immigration. Il y a un problème qui n’est plus seulement d’individus, de crimes personnels, de faits divers, ce sont des crimes politiques», a surenchéri Eric Zemmour auquel le président de l’Observatoire de lutte contre l’islamophobie, Abdallah Zekri, a répondu par anticipation et chiffres à l’appui, dans une interview à Algeriepatriotique (voir par ailleurs), que «87% des crimes sont commis par des Français», c’est-à-dire par des personnes de nationalité française n’ayant pas d’ascendance étrangère. Donc par des blonds aux yeux bleus.
A. S.
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