Rabat invente un nouveau mensonge : Bourita pris en flagrant délit de récidive
Par Kamel M. – Chassez le naturel, il revient au galop, dit l’adage. Ce jeudi, le Makhzen et ses outils de propagande ont une nouvelle fois déformé les propos d’une responsable politique étrangère à qui ils ont attribué une position altérée sur le dossier sahraoui. La victime s’appelle, cette fois, Hadja Lahbib, ministre belge des Affaires étrangères à laquelle Rabat a fait dire que son pays soutenait le plan d’autonomie marocain. La conférence de presse que cette dernière a animée avec Nasser Bourita a été enregistrée du début jusqu’à la fin et, à aucun moment, la cheffe de la diplomatie belge n’a prononcé un mot de ce qui lui a été imputé fallacieusement.
Cette façon de faire fait partie des usages diplomatiques du régime de Rabat. Ce n’est, en effet, pas la première fois que des déclarations sont faussées à outrance et sans aucun scrupule aux fins de tromper l’opinion publique marocaine, de toute façon consciente des errements de son roi dépravé et de son gouvernement formé de bouffons au service de la cour. Quelques rappels.
En juin 2019, les outils de propagande de Mohammed VI, toujours les mêmes, mettaient en scène une réaction «ferme» de la délégation marocaine à Nairobi, au Kenya, où s’était tenue la première assemblée de l’ONU-Habitat. Une assemblée «entachée d’une grosse provocation envers le Maroc, dont la carte a été tronquée de son Sahara», fulminaient nos voisins de l’Ouest. «La fermeté de la délégation marocaine a permis de réparer ce préjudice gravissime», écrivaient, quant à eux, non sans fierté, les journaux du roi. Or, ce que le Makhzen qualifiait de «nouvelle provocation envers le Maroc sur le registre de l’intégrité de son territoire national» était «un grossier mensonge, encore un», corrigeait une source diplomatique algérienne.
En ouverture de la réunion, le groupe des pays du Maghreb et du Moyen-Orient avaient présenté des documents et des vidéos sur l’urbanisme dans cette région du monde, dans lesquels le Sahara Occidental était clairement désigné en tant qu’Etat souverain. Offusquée, la délégation marocaine, conduite par la secrétaire d’Etat à l’Habitat et l’ambassadeur du Maroc à Nairobi, s’était adonnée au spectacle auquel le régime monarchique de Rabat nous a habitués en pareilles circonstances, exigeant avec perte et fracas que «tous les documents qui comportent la carte amputée soient rectifiés». «En publiant ces cartes, le bureau Mena de l’ONU-Habitat a expliqué qu’il n’a fait que se conformer aux cartes officielles de l’ONU qui, comme chacun le sait, n’incluent pas le territoire non autonome et occupé du Sahara Occidental comme territoire marocain», expliquait, pourtant, notre source qui notait que «l’information a, en vérité, été triturée pour éviter aux représentants marocains d’être sanctionnés». «En outre, et contrairement aux mensonges grossiers de la partie marocaine tels que relayés par ses organes de propagande et de désinformation, aucune des cartes utilisées n’a été retirée», précisait enfin notre source.
Toujours en juin 2019, la déclaration de l’ambassadrice du Canada à Alger, à l’occasion de la fête d’Indépendance des Etats-Unis à laquelle elle était conviée, trouvait écho auprès des médias du Makhzen qui en avaient fait une lecture orientée, relayée par des activistes proches des thèses françaises par rapport à la crise algérienne. Le discours de Patricia McCullagh était pourtant clair et ne débordait pas du cadre politiquement correct. «Des millions de personnes défilent chaque semaine dans les rues algériennes», avait affirmé l’ambassadrice, en ajoutant que son pays soutenait «une transition démocratique pacifique en Algérie» qui «répondra aux aspirations du peuple algérien». Une déclaration interprétée par les médias marocains à l’affût comme un «acte courageux» de celle dont les propos «diffèrent», selon eux, de ceux de tous ses confrères occidentaux jugés par trop «prudents».
Bien que l’ambassadrice du Canada n’ait fait que rendre publique une opinion que la communauté internationale tout entière partageait depuis le premier jour du mouvement populaire lancé le 22 février dernier et dont le caractère pacifique avait impressionné le monde qui découvrait un peuple doté d’une grande sagesse, les médias du Makhzen avaient travesti son message en une opposition à l’institution militaire.
Persévérant dans leur ignominie, les Marocains distordaient, en avril dernier, les propos du chef de la Minurso auquel ils accolaient des extensions censées faire croire à l’opinion marocaine que Rabat cueillait des résultats «positifs» sur le chemin tortueux qu’il s’est tracé. Selon les outils de propagande du couple Bourita-Mansouri, Alexander Ivanko aurait «révélé», s’agissant de l’assassinat des camionneurs algériens, que l’armée marocaine «aurait bien effectué des frappes, mais plutôt contre un convoi de dix camions qui transportaient des armes au profit du mouvement séparatiste du Front Polisario». «Ce dernier aurait d’ailleurs interdit pendant les 72 premières heures aux éléments de la Minurso d’accéder aux lieux où se trouvaient les camions, le temps de faire disparaître toute trace des armes et donner l’impression qu’il n’était effectivement question que de deux camions à vocation purement civile, cependant que la supercherie allait rapidement être découverte», dissertait-on à Rabat. Bourre-mou démenti illico presto par le porte-parole des Nations unies.
La campagne mensongère du Makhzen intervenait au moment même où, dans le cadre du dialogue structuré sur le programme de travail de la Commission européenne et lors d’un débat tenu avec les eurodéputés membres de la Commission du développement du Parlement européen, le commissaire européen à la Gestion des crises, Janez Lenarcic, déclarait que l’UE «n’a pas omis les crises dites oubliées». Des sources informées n’avaient pas manqué de souligner à Algeriepatriotique que c’était la première fois qu’un responsable européen reconnaissait publiquement la reprise des hostilités entre le Maroc et le Front Polisario au Sahara Occidental, ce qui n’était, assurément, pas du goût du régime de Mohammed VI.
K. M.
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