L’ex-président Sarkozy : «L’Algérie est un grand pays que j’aime, mais…»
Par Abdelkader S. – L’ancien chef de file de la droite française, dont «la disparition crée la puissance de l’extrême-droite», assure-t-il dans un entretien qu’il a accordé au Journal du Dimanche, revient sur le devant de la scène, sans doute pour se représenter à la prochaine présidentielle dans laquelle il semble vouloir concurrencer son successeur, le socialiste François Hollande, dans une sorte de retour en arrière pour effacer le double quinquennat compliqué d’Emmanuel Macron. Le fondateur des Républicains ne pouvait s’empêcher d’écorcher l’Algérie pour laquelle il dit porter une grande estime, mais qu’il agonise d’accusations à chaque fois que la perche lui est tendue.
«L’Algérie est un grand pays que j’aime, mais qui n’en finit pas de ressasser son ressentiment à propos de la guerre d’Algérie», a répété l’ancien locataire de l’Elysée, en réponse à une question sur la difficulté qu’éprouvent les autorités françaises à expulser les ressortissants étrangers en situation irrégulière. «Nous ne pouvons pas être les victimes, soixante-dix ans après, du débat politique interne à l’Algérie», a-t-il appuyé, en faisant remarquer qu’«un Etat dont les ressortissants se voient accorder des centaines de milliers de visas ne devrait avoir d’autre choix que celui d’accepter d’en accorder à la France quelques centaines pour assurer le retour de ressortissants algériens». «Dans mon esprit, la règle doit être claire, c’est celle du donnant-donnant», a-t-il ajouté, ignorant sans doute que les consulats algériens n’ont jamais répugné à délivrer les fameux laissez-passer consulaires pour peu qu’il soit prouvé, documents à l’appui, que la personne sujette à une Obligation de quitter le territoire français (OQTF) soit effectivement de nationalité algérienne.
Interrogé sur cette difficulté pour l’Etat français d’exécuter ces OQTF, l’ancien président a expliqué que «le problème central, c’est celui de nos juridictions qui, au nom du respect – parfaitement légitime – de l’Etat de droit, sont en train de nous transformer en Etat d’impuissance». «A chaque fois qu’un gouvernement veut avancer, a-t-il précisé, ils imaginent une nouvelle règle qui complique encore davantage la tâche de ceux qui dirigent l’Etat.» «Je suis bien évidemment très attaché au respect des droits de la personne, mais quand une personne n’a pas le droit de rester en France, alors l’Etat doit avoir la possibilité de la renvoyer, au besoin sous la contrainte», a-t-il insisté.
A la question de savoir si le gouvernement actuel a fait preuve de «faiblesse» lors de l’expulsion de l’imam marocain Hassan Iquioussen, que le paquet belge refuse de remettre à la justice française pour cause de partialité, Nicolas Sarkozy pense qu’il s’agit là d’un «cas extrême qui ne fait pas partie des cas les plus difficiles en réalité», en estimant que «lui aussi doit être expulsé». «Dans ce domaine, nous subissons le même conformisme que celui de l’écologie militante extrémiste. Quand j’ai prononcé le discours de Grenoble, j’ai été traité de raciste et de xénophobe. On a même comparé mon meeting du Trocadéro au congrès de Nuremberg. Je n’ai rien oublié de ces outrances, de ces indignations ridicules et déplacées», se rappelle le successeur de Jacques Chirac qui affirme ne pas accepter «que ce soit les mêmes qui, aujourd’hui, se posent en donneurs de leçons sur l’inefficacité de l’Etat en matière d’immigration irrégulière».
Interrogé sur l’assassinat de la jeune Lola, Nicolas Sarkozy a répondu que «les fous, les barbares, hommes ou femmes, cela a toujours existé», en appelant à ne pas «tout mélanger». «La non-exécution des décisions de quitter le territoire n’est pas la question. J’aurais été tout autant bouleversé si cet acte ignoble avait été commis par un Français», a-t-il commenté, en qualifiant la mort de Lola de «drame absolu […) quel que soit le criminel». «Cela fait longtemps qu’on aurait dû se préoccuper de la non-exécution des reconduites à la frontière. J’avais changé la législation. J’ai été littéralement insulté pendant les cinq années de mon mandat par tous les droits-de-l’hommiste parce que nous allions jusqu’à organiser des charters de reconduite dans les pays d’origine», a-t-il renchéri, tout en apportant son soutien à l’actuel ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, qu’il a invité, implicitement, à réactiver «l’arsenal législatif pour lutter contre l’immigration irrégulière que nous avions mis en place» et qui «a été systématiquement démantelé» par son «successeur immédiat».
A. S.
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