Macron persiste dans son chantage aux visas : «Nous allons durcir les règles !»
Par Abdelkader S. – Le président français a fait porter la responsabilité des difficultés liées à l’expulsion des ressortissants étrangers en situation irrégulière à leur pays d’origine envers lesquels il a promis, une nouvelle fois, de prendre des mesures coercitives. Ce «rappel à l’ordre» intervient quelques semaines après la visite de la Première ministre, Elisabeth Borne, et la sienne propre en Algérie, où les deux responsables français ont tenu un discours contraire, allant dans le sens d’une entente sur les sujets abordés lors de leurs discussions, dont la question de la mobilité des personnes.
«On a adopté le dialogue avec les pays d’origine. Vous avez beaucoup entendu parler de cette crise qu’on a eue avec la Tunisie, le Maroc et l’Algérie. On leur a dit si vous ne reprenez pas les gens à qui on demande de quitter le territoire, eh bien, on va restreindre les visas ! Et ça a marché parce qu’on a, en deux ans, réussi à renvoyer chez eux 3 000 personnes qui étaient en situation irrégulière, qui troublaient l’ordre public mais, surtout, depuis une circulaire du ministre de l’Intérieur d’août 2021, on a largement augmenté les retours, qui ont fortement augmenté, comme on ne l’avait jamais fait», a, en effet, affirmé Emmanuel Macron dans un entretien à la chaîne publique France 2.
«On va continuer cet effort, ensuite on va durcir les règles, mais dans un dialogue responsable avec des gens que je veux coopératifs, avec ces pays d’origine, on va durcir les choses pour aller aux 100% d’expulsions pour ceux qui sont les plus dangereux», a-t-il expliqué, en rappelant que son gouvernement a «lié les choses avec la politique des visas». Une politique qu’il dit assumer pleinement. «Après, a-t-il accentué, il nous faut lier les choses pour une partie de notre aide au développement, on renforce notre aide au développement et on va avoir une partie qui serait liée aux politiques de retour.» «Je veux un débat dans les prochaines semaines au Parlement», a martelé le pensionnaire de l’Elysée, qui préconise une réforme «en profondeur» des règles et des lois françaises. «Il faut simplifier les procédures pour pouvoir instruire plus vite les dossiers et donc mieux protéger, mieux accueillir celles et ceux qu’on veut accueillir, qui risquent leur vie dans leur pays, l’immigration économique dont on a besoin, et pouvoir plus vite raccompagner dans leur pays celles et ceux qui doivent l’être», a-t-il dit.
Après avoir égrené des chiffres ascendants de reconduites aux frontières, freinés, selon lui, par la crise sanitaire mondiale, le président français a refusé de mettre toute la délinquance sur le dos des étrangers – en clair, des Maghrébins et des Africains. «Je ne ferai jamais un lien existentiel entre l’immigration et l’insécurité. Nous sommes un pays qui a toujours eu des immigrés, qui a toujours accueilli et intégré. Ce que je veux qu’on puisse faire, c’est accueillir celles et ceux qu’on veut protéger, qui fuient des combats, qui sont des combattants de la liberté, et intégrer celles et ceux qui viennent étudier ou qui viennent nous aider à réussir et à bâtir le pays, l’immigration économique», a-t-il souligné, en appelant à ne pas «faire de généralisation». «Par contre, a-t-il toutefois relativisé, aujourd’hui, quand on regarde la délinquance, par exemple à Paris, où on a une forte concentration pour des raisons géographiques et d’organisation de cette immigration illégale, la délinquance [y] est très présente et on ne peut pas ne pas voir que la moitié au moins des délinquances qu’on [y] observe vient des étrangers soit en situation irrégulière, soit en attente de titre, et qui vient souvent de ces filières.»
«On doit intégrer beaucoup plus ceux qui ont vocation à rester et les sortir de la clandestinité et durcir les règles pour reconduire les autres», a conclu Emmanuel Macron, qui joint ainsi sa voix à celles des politiciens français qui ont fait de la triste affaire Lola, cette petite fille tuée et atrocement mutilée par une jeune Algérienne, un «marchepied» à des fins politiciennes, comme l’a dénoncé le ministre français de la Justice.
A. S.
Comment (67)