Cet accord secret entre Madrid et Rabat révélé par un expert du renseignement
Par Kamel M. – «L’expert en renseignement Fernando Cocho a déclaré avoir découvert dans des rapports qu’il existait un accord entre l’Espagne et le Maroc pour établir une sorte de co-souveraineté sur Ceuta et Melilla d’ici 2030», révèle News ES Euro. Le média espagnol précise que dans une récente interview accordée à la chaîne SER, appartenant au groupe de presse et de communication Prisa, le plus important d’Espagne, Fernando Cocho «a fait état de l’existence de ce document qui établit un statut spécial pour les deux villes autonomes d’ici 2030-2032». «Un dialogue politique est nécessaire car le Maroc n’appartient pas à l’Union européenne mais, avec un traité spécial, cela devrait arriver. Et, étant donné que le Maroc est un allié stratégique des Etats-Unis, de la France et du Royaume-Uni, il faudrait voir quelle forme revêtira ce statut», a expliqué l’expert espagnol.
Fernando Cocho a ajouté qu’«une co-souveraineté est un statut spécial, un territoire spécial ou un territoire annexé de manière spéciale. Ce sera quelque chose de politiquement convenu. Cela n’a rien à voir avec la citoyenneté». «Les intérêts expansionnistes du Maroc ne concernent pas seulement l’Espagne, Ceuta et Melilla ou les îles Canaries. En fait, ils touchent aussi la moitié de l’Algérie et toute la Mauritanie. Ce sont des choses qui arrivent très lentement», a-t-il poursuivi, confirmant ainsi que les desseins hostiles du régime monarchique de Rabat envers son voisin de l’Est et ses prétentions sur les territoires mauritaniens, au sud du Sahara Occidental qu’il occupe illégalement.
En septembre dernier, deux sénateurs espagnols avaient exigé que soient entendus trois anciens hauts responsables affiliés au Parti socialiste sur leur collusion avec les services secrets marocains. Emilio Argueso Torres et Ruth Goni Sarries ont demandé, en effet, la comparution, devant la commission du Sénat, de l’ancien Premier ministre José Luis Rodriguez Zapatero, de l’ancien ministre de la Défense et ancien président du Congrès des députés, José Bono, et du député européen Juan Fernando Lopez Aguilar, en tant que président de la Commission des libertés civiles, de la justice et de l’intérieur du Parlement européen.
Les deux élus veulent savoir si ces derniers agissaient au nom du gouvernement ou au nom du PSOE, le parti socialiste espagnol, lors de la première Conférence internationale pour la paix et la sécurité qui s’est tenue à Las Palmas les 22 et 23 septembre dernier et s’il existe «une position politique du gouvernement ou un certain type d’accord avec le Maroc et avec les services de renseignement marocains dont ce gouvernement doit informer le reste des groupes parlementaires, comme l’ont rapporté certains médias», ont-ils réclamé dans une motion.
Après l’annonce du revirement du gouvernement de Pedro Sanchez sur la question du Sahara Occidental et la crise qui s’en est suivie avec l’Algérie, de nombreux Espagnols avaient demandé à connaître les éléments d’information que les services secrets marocains ont puisés dans le téléphone de Pedro Sanchez via le logiciel espion israélien Pegasus et qui auraient conduit celui-ci, par le chantage, à opérer une virevolte brutale et inattendue. «Laissez le peuple espagnol connaître quels renseignements ont été volés du téléphone portable du Premier ministre !» avaient appelé des internautes de plus en plus nombreux à dénoncer le changement de cap dangereux pour l’Espagne et dont nous voyons les conséquences économiques désastreuses aujourd’hui. «Nous méritons de connaître la vérité», avaient-ils insisté.
Dans le même temps, une vaste campagne qui avait dépassé les frontières de l’Espagne avait été lancée pour pousser Pedro Sanchez vers la porte de sortie. «Arrête d’humilier l’Espagne ! Dégage !» s’étaient indignés les initiateurs d’une pétition mise en ligne et dont l’écho est parvenu jusqu’aux Espagnols établis en Amérique latine, nombreux à l’avoir signée. «Il faut plutôt appeler à arrêter le pillage de l’Espagne, je pense. Ce n’est pas de l’idéologie, c’est juste du business», confiait un opposant à la démarche du gouvernement. «Une décision souveraine au nom de qui ? Une décision despotique prise à l’exclusion du Parlement et de la grande majorité de la société. C’est le modèle de démocratie que tu veux importer du Maroc !» déplorait-on sur les réseaux sociaux. D’autres voix avaient accusé Pedro Sanchez d’avoir touché des pots-de-vin du Makhzen : «Le Maroc a payé cet homme pour dire des mensonges au cas où vous ne le sauriez pas. Cet homme a vendu son âme au diable. Demandez-lui pour qui il travaille et vous n’aurez jamais de réponse. Il déteste tout ce qui est catalan et le Sahara Occidental», accusait encore un internaute.
Avec cette nouvelle révélation, les Espagnols savent désormais que leur gouvernement est prêt même à céder les deux enclaves disputées pour des raisons qui demeurent inconnues. Peut-être apprendront-ils davantage lors de l’audition des trois anciens dirigeants du parti de gauche.
K. M.
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