Guerre froide entre l’Algérie et le Maroc : la trêve tacite n’a pas tenu longtemps
Par Abdelkader S. – La trêve à laquelle l’Algérie s’est assignée de façon unilatérale n’a pas tenu longtemps. Voulant éloigner le Sommet arabe qui se tient sur son sol ces 1er et 2 novembre, elle a pris sur elle, jusqu’à hier, de ne pas répondre aux provocations marocaines véhiculées, d’abord, via les réseaux sociaux et les médias du Makhzen, puis par le biais du représentant du roi aux Nations unies, Alger s’est muré dans un silence total. Ce vendredi, le représentant de l’Algérie aux Nations unies a estimé qu’il n’était plus possible de rester inactif face à l’acharnement de Rabat à vouloir saboter ce rendez-vous dont le ministre marocain des Affaires étrangères, Nasser Bourita, avait, au début, dénoncé l’organisation à une date «imposée» par le pays hôte – soit novembre au lieu de mars – en laissant entendre que le Maroc n’y prendrait pas part.
La sortie véhémente de Nadir Larbaoui signe la fin d’une accalmie deux jours à peine avant l’ouverture des travaux du Sommet arabe, une façon, interprètent certains, de signifier aux Marocains que toute tentative de perturber ce rendez-vous sera systématiquement contrée, et d’une manière ferme. Car tout indique que le représentant de Mohammed VI, soit le Premier ministre Aziz Akhannouch, soit le chef de la diplomatie, a été instruit de faire de cette rencontre multilatérale une tribune pour soulever des problèmes d’ordre bilatéral, loin de l’ordre du jour chargé de cette réunion voulue par l’Algérie comme l’occasion de souder les rangs face aux défis multiples qui attendent les peuples de la région.
C’est par le truchement de l’envoyé spécial auprès de Ramtane Lamamra pour les pays du Maghreb et le Sahara Occidental que la voix de l’Algérie se faisait entendre haut et fort par rapport aux relations tumultueuses qui la lient au voisin de l’Ouest, de plus en plus hostile et dangereux pour la stabilité du Maghreb, du Sahel et, plus généralement, du bassin méditerranéen. Or, Amar Belani s’est abstenu de faire des déclarations publiques épigrammatiques dans ce sens depuis sa nomination au poste de secrétaire général du ministère des Affaires étrangères, bien qu’il ait été annoncé qu’il maintenait sa fonction initiale. Ce long silence, ont expliqué des observateurs avisés, avait pour seul but d’éviter que l’effort concentré sur la préparation et l’organisation du Sommet arabe à Alger ne soit éparpillé et chahuté par la guerre froide qui oppose les deux pays. L’Algérie ne pouvait pas, en effet, prôner l’unité arabe si elle ne faisait pas preuve de retenue face aux coups de boutoir du régime monarchique de Rabat.
Il faudra, dès lors, s’attendre à une riposte virulente après le Sommet arabe. Le Makhzen, se sentant protégé par ce «devoir de réserve» fait au pays hôte, a accru ses attaques sournoises qui ne sauraient rester sans réponse, assure-t-on, et la réaction de Nadir Larbaoui n’en est qu’un échantillon.
A. S.
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