Des sources révèlent la vraie raison de l’absence de Ben Salmane à Alger
Par Houari A. – L’absence de l’homme fort du régime de Riyad au Sommet arabe d’Alger n’avait pas pour but de chahuter ce rendez-vous et de minimiser le rôle de l’Algérie, mais est due à une raison interne à l’Arabie Saoudite. Des sources saoudiennes ont expliqué que Mohamed Ben Salmane devait justifier sa défection par un motif d’ordre médical, toutefois sans gravité car il était face à un dilemme. Le prince héritier ne pouvait pas, en effet, prétexter une indisposition invalidante alors qu’il devait recevoir le jour même, à grand renfort médiatique, l’équipe saoudienne de football dans une cérémonie officielle. Ses conseillers ont donc trouvé la parade en évoquant une maladie bénigne de l’oreille qui l’aurait empêché de prendre l’avion.
Ces sources indiquent qu’en réalité le fils du roi ne peut quitter le pays dans le contexte géopolitique actuel, lié à la guerre en Ukraine et à la position saoudienne dans ce conflit qui a provoqué la colère de Washington au point de chercher à le renverser. Le prince héritier serait sur ses gardes et aurait réduit ses déplacements au strict minimum à l’intérieur du royaume, voire dans la capitale, d’autant que, font constater ces sources, les trois quarts des services de sécurité saoudiens sont placés sous la houlette des Américains qui auraient l’intention de porter au pouvoir Ahmed Ben Abdelaziz Al-Saoud, frère cadet du défunt roi Fahd, en guise de représailles après que Mohamed Ben Salmane a voulu s’affranchir de la tutelle des Etats-Unis, s’est rapproché de Moscou et envisage de faire adhérer son pays aux BRICS.
Mohamed Ben Salmane avait commencé à opérer un virage à 180 degrés dès après les premières heures de l’annonce de sa désignation par son père âgé et malade en tant que successeur au trône saoudien, s’attaquant aux membres de la famille qu’il a retenus plusieurs semaines dans un grand hôtel et auxquels il a réclamé de restituer les fortunes indûment acquises ; excommuniant et emprisonnant les prédicateurs salafistes dans une campagne d’abolition du wahhabisme ; se frottant à Israël ; ouvrant la société saoudienne sur un mode de vie occidentalisé via, notamment, la levée de l’interdiction faite aux femmes de conduire et l’organisation de concerts de musique animés par des chanteurs jusque-là prohibés par ses prédécesseurs, les derniers en date étant deux chanteuses libanaises connues pour leurs mœurs libertines. Ce choix, constatent les sources saoudiennes, participe d’une démarche adoptée par le défiant Mohammed Ben Salmane visant à détourner l’attention de la société saoudienne des tiraillements qui minent le palais et de la guerre de succession sourde qui fait rage au cœur de la famille régnante.
Il était impossible dans ces conditions, pour le futur roi dont l’ambition du pouvoir est sérieusement menacée par un plan américain qui s’emploierait à lui substituer son cousin avant même de parvenir au trône, de se rendre en Algérie pour assister au Sommet de la Ligue arabe, bien que son richissime pays y joue le rôle d’un élément moteur.
H. A.
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