La diplomatie culturelle algérienne à l’heure du panafricanisme
Une contribution de Mohamed-Salah Benteboula – Les multiples enjeux posés par l’Agenda 2063 de l’Union africaine (UA) mobilisent le concept de diplomatie culturelle, soulignant l’intérêt de lancer une nouvelle analyse sur la diversité culturelle en Afrique au regard des potentialités qu’elle contient en vue de relever les défis.
Toutefois, il est important de distinguer entre la politique culturelle du pays à l’étranger et la diplomatie culturelle : la diplomatie culturelle est une politique qui recourt à l’instrument culturel. La stratégie culturelle, c’est le choix d’un Etat d’exposer sa culture à l’étranger. Le sujet des valeurs est du ressort de la diplomatie culturelle, parmi les valeurs à promouvoir figure le panafricanisme, mouvement de promotion commune aux Etats membres de l’Union africaine.
Le référentiel du panafricanisme constitue le socle idéologique des promoteurs de l’unité africaine. A cet effet, les publications sur le panafricanisme font florès et les choix d’interprétations sont nombreux. Cependant, l’agenda 2063 de l’UA marque la réorientation de l’Afrique sur la réalisation de la vision panafricaine d’une Afrique intégrée, mettant l’accent sur une nouvelle approche de la diplomatie culturelle par la valorisation, notamment, des langues africaines dans la dynamique culturelle.
La préservation des langues est tributaire des établissements et des instituts culturels des pays. A ce sujet, l’édition 2022 de la Conférence du Centre international de recherche et de documentation sur les traditions et les langues africaines (Cerdotola) a été inauguré le 25 septembre à Yaoundé (Cameroun) sur le thème «Assises pour la pensée africaine».
Comme institution inter-Etats de coopération culturelle, scientifique et diplomatique pour la préservation, la diffusion et la mise en valeur du patrimoine africain, le Cerdotola, fondé en 1977 à l’initiative des pays d’Afrique centrale, a axé ses recherches sur les questions linguistiques, culturelles et historiques.
A ce titre, les perspectives de poser de nouveaux jalons à la valorisation de l’histoire du peuplement du continent sont nombreuses. Tout l’enjeu est de concevoir l’organisation conjointe entre l’Algérie et le Cerdotola d’un événement continental permettant de consolider la diplomatie culturelle avec la participation de l’Unesco et des promoteurs du panafricanisme.
La coopération culturelle, point nodal dans les relations algéro-africaines, est appelée à élaborer le renouveau panafricain, basé notamment sur les travaux du Colloque sur le peuplement de l’Egypte ancienne et le déchiffrement de l’écriture méroïtique organisé par l’Unesco et qui s’est tenu en Egypte en 1974.
M.-S. B.
Géographe
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