Que fait «l’Algérie» dans une conférence qui encense le régime israélien à Paris ?
Par Abdelkader S. – Si la Grande Mosquée de Paris est un bien algérien, comme le répètent à tue-tête les autorités algériennes qui le financent via les ministères des Affaires religieuses et des Affaires étrangères, que fait son recteur dans une conférence qui encense Israël ? Cette question est sur toutes les langues en France depuis que Chems-Eddine Hafiz s’est affiché aux côtés de l’ambassadrice de l’Etat hébreu, Yaël German, à la Convention nationale du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif), qui en a assuré l’ouverture.
Cette rencontre a vu la participation du gotha sioniste français venu faire l’apologie du régime de Tel-Aviv : «Qui a peur de la démocratie israélienne ?» s’interroge, en introduction, Gil Taieb, vice-président du Crif. «Hier et demain, juifs en France», «Antisémitisme, la faute aux réseaux sociaux ?» «Histoire de l’antisémitisme, le temps du rejet 1144-1791», «Pourquoi Israël n’est pas un régime d’apartheid», «Face à l’islamisme, la République ?» «Extrême gauche : Israël, antisémitisme, un point aveugle ?» «Regards croisés sur les engagements juifs et environnementaux», «La rafle du Vel d’Hiv, la honte et les larmes», «L’arc républicain face aux extrêmes» – traduire face à l’islam –, sont quelques-uns des thèmes abordés lors de ce rendez-vous auquel a été convié l’ancien président français Nicolas Sarkozy.
La convention, à laquelle Haïm Korsia, le grand rabbin de France, et l’innommable Habib Meyer, le député sioniste ami du criminel Benyamin Netanyahou, ne pouvaient être absents, ne pouvait, non plus, se faire sans discuter des Accords d’Abraham qui ont vu des pays arabes normaliser leurs relations diplomatiques avec Israël. «Les Accords d’Abraham : au-delà de la diplomatie, quels impacts ?» Cette question est posée en partenariat avec le World Jewish Congress et introduite par les Jewish Diplomats du Congrès juif mondial, Yehuda Lancry, ancien ambassadeur d’Israël, et Saïd Benryane, ancien ambassadeur du Maroc. Et, forcément, l’ambassadrice des Emirats arabes unis se devait de rehausser la cérémonie de sa présence.
Puis arrive le sujet pour lequel le recteur a été convié : «France-Algérie, la réconciliation est-elle possible ?» A cette question, le successeur contesté de Dalil Boubakeur devra répondre en même temps que l’historien Benjamin Stora et un sénateur du Val d’Oise, Rachid Temal.
Au nom de qui s’exprime le recteur de la Grande Mosquée de Paris dans cette convention du Crif ? L’Algérie a-t-elle mandaté Chems-Eddine Hafiz pour y prendre part en tant que premier responsable d’une institution cultuelle qui relève de sa souveraineté et qui jouit de l’extraterritorialité ? Ce dernier s’est-il substitué à l’ambassadeur d’Algérie à Paris dont le parachutage en France après le grand fiasco espagnol – il a été incapable d’anticiper le retournement de veste du gouvernement socialiste de Pedro Sanchez sur la question sahraouie – continue de susciter mille et une interrogations à ce jour ?
A. S.
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