Pourquoi Macron a envoyé Darmanin en Algérie : le secret d’une mission-éclair
Par Abdelkader S. – Le ministre français de l’Intérieur a annoncé le retour à la normale en matière de délivrance de visas pour les Algériens, dans une déclaration qu’il a faite après l’audience que lui a accordée le président Tebboune. Il faut dire que cette visite-éclair de Gérald Darmanin est passée sous les radars, tant peu a été dit à son sujet avant son déroulement du côté algérien.
Le déplacement de Darmanin intervient après ceux du président Emmanuel Macron et de la Première ministre Elisabeth Borne qui se sont soldés par de timides accords de partenariat. Aussi bien le président français que la pensionnaire de Matignon ont évoqué la lancinante question de la mobilité des personnes et des biens avec leurs interlocuteurs à Alger et promesse a été faite d’annuler la décision prise en représailles de réduire le nombre de visas de moitié.
Cette annonce de Gérald Darmanin coïncide avec la visite que la ministre française des Affaires étrangères, Catherine Colonna, a effectuée à Rabat presqu’au même moment, prélude à un réchauffement entre le Maroc et la France qui se soldera par un déplacement prévu du président Macron au Maroc où il devra rencontrer le roi Mohammed VI, pourtant plus présent à Paris où il détient de nombreuses résidences fastueuses, qu’à Rabat où son peuple se réveille petit à petit du rêve qatari qui s’est terminé par une défaite des Lions de l’Atlas face à la Croatie, après les espoirs que ces derniers avaient suscité chez les dirigeants marocains de se servir de l’événement sportif mondial pour étouffer la révolte populaire dans l’œuf.
Emmanuel Macron fera des annonces qui devront satisfaire la partie marocaine, notamment l’annulation de la décision de réduire les visas qui a touché les trois pays du Maghreb – Algérie, Maroc et Tunisie. Il fallait donc rassurer les Algériens en leur faisant état de ce changement de cap avant les Marocains que la cheffe de la diplomatie française a cloués au pilori, en affirmant que son pays soutenait les résolutions onusiennes dans le dossier sahraoui. Contrairement à ce à quoi s’attendait son homologue marocain, Nasser Bourita, qui a fait poser la question à un de ses «journalistes», la patronne du Quai d’Orsay n’a aucunement évoqué le plan d’autonomie que le Makhzen cherche vaille que vaille à imposer à la communauté internationale, en totale violation du droit international.
On verra ce que dira Emmanuel Macron lors de son voyage au Maroc, sachant que le locataire de l’Elysée est connu pour ses déclarations à la carte, dénonçant le colonialisme à Alger et accusant l’Algérie d’instrumentaliser la mémoire, condamnant le régime marocain pour ses nombreux écarts et le félicitant pour la «grande amitié» qui lie les deux pays. Sauf que l’hôte de Mohammed VI ne pourra pas esquiver les questions sur l’implication du Makhzen dans la corruption d’eurodéputés et de journalistes français, notamment.
A moins que les services du protocole empêchent que cet autre sujet qui fâche, après celui du logiciel d’espionnage israélien Pegasus, soit abordé.
M. K.
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