Le journaliste marocain Ali Lmrabet : «Mansouri peut être arrêté à l’étranger»
Par Kamel M. – Le journaliste marocain Ali Lmrabet est revenu sur l’affaire du mandat d’arrêt international lancé par la justice belge contre le patron des services d’espionnage marocain, Yassine Mansouri, selon La Repubblica. «Ce journal italien semble sûr de son information», écrit-il, en expliquant que «Mansouri rejoint ainsi la petite liste des responsables sécuritaires, anciens et actuels, qui risquent d’être appréhendés à l’étranger au cas où ils s’aventureraient dans un pays avec une justice indépendante».
«Mansouri est un personnage curieux. Il ne mérite pas un article, c’est trop peu. Mais pas non plus un livre», souligne Ali Lmrabet dans une série de tweets, dans lesquels il précise que «c’est le seul chef d’un service secret dont la vie intime a failli être exposée au public il y a quelques années». «Ce qui ne l’empêche pas, poursuit-il, avec son alter ego de la DGST, en fait la ténébreuse DST, la police politique d’Abdellatif Hammouchi, d’exposer la vie intime d’autrui, dans la presse jaune», s’indigne Ali Lmrabet, qui rappelle que «les exemples ne manquent pas : Me Mohamed Ziane, Fouad Abdelmoumni, etc.».
«Né dans la ville sainte de Bejaâd, il est, dit-on, très pieux. Néanmoins, ses actions sont contraires aux préceptes dictées par Allah. Mais comme sa famille est censée détenir la baraka, qu’elle partage avec le roi, cela devrait atténuer, le moment venu, le châtiment divin», ironise le journaliste marocain, qui affirme que «Mansouri est l’homme des Marocains en Israël et l’homme de l’Etat hébreu au Maroc». «Si les relations secrètes entre Israël et le Maroc sont anciennes et pérennes, c’est lui qui les a renforcées pour pouvoir s’appuyer sur le puissant lobby pro-israélien au Congrès des Etats-Unis», insiste Ali Lmrabet, qui invite à consulter la «longue liste dans l’abondante documentation révélée par le hacker Chris Coleman en 2014» pour s’apercevoir que le patron de la DGED est un «grand corrupteur de journalistes, marocains et étrangers». «Il est lui-même le vrai propriétaire d’un groupe de presse dirigé par une marionnette, Ahmed Charaï», révèle-t-il.
Le Maroc est éclaboussé par un nouveau scandale de corruption, après celui du logiciel d’espionnage israélien Pegasus dont le régime de Rabat s’est servi pour écouter les conversations de responsables politiques européens, dont le président français Emmanuel Macron et le président du gouvernement espagnol, Pedro Sanchez. Ayant provoqué une tempête dans un verre d’eau, cette gravissime affaire a fini par être étouffée par crainte, sans doute, que les éléments d’information détenus par les services secrets marocains sur les personnes espionnées ne débouchent sur des scandales en série dans plusieurs pays d’Europe. Le dossier Eva Kaïli, la vice-présidente socialiste grecque du Parlement européen, inculpée dans une affaire de corruption, a, tout naturellement, débordé sur les mêmes affaires impliquant le Makhzen, connu pour ses actions de lobbying moyennant des dessous-de-table.
Il ne faut cependant pas s’attendre à de grands bouleversements dans les jours et les semaines à venir s’agissant de ce dossier, de nombreux dirigeants, élus et journalistes européens étant impliqués et qui, dès lors, feront tout pour détourner les opinions publiques européennes de cette débauche généralisée en brandissant la sempiternelle menace sanitaire, sécuritaire et, depuis peu, alimentaire.
K. M.
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