Réserves de change : mises en garde de l’expert Abderrahmane Mebtoul
Par Nabil D. – «Tout en se félicitant de l’augmentation des réserves de change, les responsables doivent s’accorder sur les données en répondant à cinq questions stratégiques pour éviter de fausses polémiques nuisibles aux intérêts supérieurs du pays», met en garde l’économiste Abderrahmane Mebtoul, qui explique que les réserves de change sont une «richesse virtuelle qu’il s’agit de transformer en richesses réelles».
Ce professeur des universités explique, dans une déclaration à Algeriepatriotique, que dans le montant de ces réserves, le gouverneur et le ministre des Finances doivent prendre la même cotation du dinar par rapport au dollar ainsi que la structuration des réserves de change de l’Algérie en différentes monnaies internationales – euro, yen, livre sterling ou yen chinois – dont les fluctuations avec la reconversion en dollars ont un impact sur le montant des réserves de change en dollars.
«Tant le ministre des Finances que du gouverneur de la Banque d’Algérie doivent inclure le droit de tirage spécial (DTS), c’est-à-dire l’actif de réserve international créé par le FMI pour compléter les réserves de change officielles de ses pays membres», précise encore le professeur Mebtoul, qui ajoute que dans ces réserves de change, il faut également prendre en considération le fait que les 173 tonnes d’or aient été incluses ou non, sachant que leur volume n’a pas évolué depuis 2007 et dont le cours est de 1 797,98 l’once d’or, ce métal précieux étant une valeur refuge, fluctuant périodiquement, avec une valeur d’environ 10 à 11 milliards de dollars.
Il faut préciser, ajoute le professeur des universités, en cas de dépôts à l’étranger dans certaines Banques centrales, quel a été le montant perçu en 2022 grâce aux intérêts et si ces taux d’intérêt ont été positifs en référence au taux d’inflation mondial.
«Attention à l’euphorie, avertit Abderrahmane Mebtoul, la monnaie, qui est avant tout un rapport social, traduisant le rapport confiance entre l’Etat et le citoyen, est un signe permettant les échanges mais ne crée pas de richesses.» «Au contraire, la thésaurisation et la spéculation dans les valeurs refuges comme l’or, certaines devises ou certaines matières premières sont nocives à toute économie», poursuit-il, en faisant remarquer que «les expériences historiques du développement des nations montrent clairement qu’il n’existe pas de corrélation entre les pays les plus riches et le niveau des réserves de change». «La richesse de toute nation provient de la bonne gouvernance, laquelle permet la création de valeur ajoutée reposant sur le travail et l’intelligence», insiste l’ancien ministre délégué chargé des Privatisations, selon lequel «aucun pays ne s’est développé grâce aux mythes des matières premières, y compris l’or».
«L’augmentation des réserves de change de l’Algérie, due essentiellement au cours élevé des hydrocarbures, permet une marge de manœuvre appréciable pour redresser l’économie nationale, tout en assurant une relative autonomie dans les décisions, mais les réserves de change sont une richesse virtuelle qu’il s’agit de transformer en richesses réelles», conseille, enfin, le professeur Mebtoul.
N. D.
Comment (15)