La France : pays de haute culture de la violence et de la haine
Une contribution de Khider Mesloub – Selon une opinion élitiste et idéaliste communément répandue, la France serait le pays par excellence de la Culture. Mais, en réalité, à ce vocable culture, déclamé comme un compliment, doit être adjoint son terrible complément. En effet, pour rétablir la vérité sociologique, à ce nom culture manque un complément de nom, qui vient jeter une lumière crue sur cette sombre France cruellement belliqueuse : violence. Aussi serait-il plus conforme à la réalité de définir la France comme un pays de culture… de la violence. La mentalité française est imprégnée par la Culture de la violence.
Toute l’histoire de la France est fondée par et pour la violence. Cette violence émerge avec le fondateur de la France, Clovis, premier souverain chrétien des Francs. L’histoire des fondateurs de la France, le clan Clovis, fut une saga familiale au cœur de la violence et au corps porté pour la violence. Au fondement de cette France émergente s’établit le royaume de la violence. C’est par la violence que se bâtira le royaume de France. Dans ce royaume franc, la violence nourrit la violence. De siècle en siècle. De dynastie en dynastie. De République en République. Jacqueries, frondes, guerres civiles, guerres de religion, terreur de la Révolution française, campagnes napoléoniennes meurtrières, expéditions coloniales génocidaires, boucheries guerrières en 1914-18 et 1940-45, tels sont les hauts faits culturels de la société française belligène. «Contrairement à la vertu, la violence survit longtemps à ceux qui l’ont manifestée», écrit Brian Aldiss. Tel est le substrat culturel de la France : la violence.
Dès sa mort, en 511 de notre ère, ces héritiers, avec leur vieille coutume du fratricide, mettent le royaume à feu et à sang. Ce royaume est déchiré par une permanente guerre civile. Rivalités, hostilités, haines, meurtres et, surtout, guerres, tels sont les fondements psychologiques, sociologiques et politiques de la culture institutionnelle et populaire française. La France s’est bâtie dans la haine et par la guerre.
Pour preuve. Historiquement, la France doit sa grandeur essentiellement à son armée, autrement dit à sa politique guerrière. Qui dit politique guerrière dit politique haineuse. La haine nourrit la guerre et la guerre nourrit la haine. La France ne doit pas sa puissance à son industrie. La France s’est bâtie par la force de ses baïonnettes et de ses navires de guerre. Non à la force du poignet industrieux de ses entreprises. Elle n’a jamais brillé par sa haute technologie industrielle. Mais par ses hauts faits de guerre de conquêtes, de spoliation, d’expropriation. La violence est l’une des grandes industries françaises qu’elle ne manque jamais d’exporter. Le peuple algérien pacifique peut témoigner de cette culture de la violence importée sur son territoire par la France coloniale. Durant 132 ans, soumis à une occupation sanguinaire, le peuple algérien a enduré la sauvagerie génocidaire des colons français. Ne pas perdre de vue que c’est la France coloniale qui a introduit, pour la première fois de l’Histoire, la technique de gazage, les sinistres enfumades employées contre les résistantes populations algériennes réfugiées dans des grottes. En tout cas, le colonialisme français a commis pendant 132 ans des crimes d’une violence inouïe, matérialisée par les exterminations de masse, les déportations et les tortures, sur fond de haine et du racisme institutionnalisés, symbolisés par le Code de l’indigénat.
Le capitalisme français s’est revêtu, outre des oripeaux de la finance, surtout des apparats militaires. La France s’est toujours distinguée par le surdéveloppement de son industrie militaire (aujourd’hui septième puissance mondiale, cependant classée troisième exportatrice d’armes).
Il est utile de rappeler que l’actuelle classe dominante, la bourgeoisie française, a imposé son pouvoir par la violence révolutionnaire, autrement dit par l’élimination de l’aristocratie, symbolisée par la décapitation du roi Louis XVI en janvier 1793. Tout au long du XIXe siècle, le peuple français, tout comme les classes régnantes françaises, respectivement pour manifester sa colère et pour imposer leur tyrannique gouvernance, ne durent s’exprimer politiquement que sur les barricades et par les bastonnades (1830, 1848, 1871). Avec la Commune de Paris, la France officielle d’en haut dévoila sa figure hideuse, en se livrant à un massacre génocidaire contre la France rebelle d’en bas. Le bilan macabre de la Semaine sanglante (du 21 au 28 mai 1871) est effroyable : 40 000 morts, des milliers de Communards ou Fédérés proscrits ou déportés vers les bagnes de la colonie la plus éloignée de la métropole, la Nouvelle-Calédonie.
La culture de la violence et de la haine est profondément ancrée dans la société française. La mentalité belliciste gouverne ce pays. Les deux principaux bâtisseurs de la France impérialiste moderne ne furent-ils pas des militaires ? Le général Napoléon Bonaparte (connu pour ses campagnes militaires génocidaires menées dans toute l’Europe) et le général Charles de Gaulle (président criminel : ne pas oublier que c’est lui qui a supervisé les massacres de Sétif, Guelma et Kherrata du 8 Mai 1945. A l’époque président de la France, il a couvert par son autorité toutes les opérations génocidaires en Algérie. Bilan : 45 000 martyrs. Pourtant, ce criminel de guerre est auréolé de toutes les gloires). Sans oublier le maréchal Pétain, promoteur de la nazification de la France entre 1940 et 1945, qui a expédié dans les camps de concentration et d’extermination nazis plusieurs milliers de juifs.
«Il coule dans le sang de mes veines, la violence de mon père, sa rudesse, sa volonté féroce, une certaine cruauté même», a écrit la romancière française Katherine Pancol. Tel est résumé le tempérament du Français. Aussi n’est-il pas surprenant que cette haute culture de la violence française s’exprime également lors des manifestations et matchs de football, émaillés systématiquement par des affrontements, des destructions, des pillages.
Le déchaînement récurrent de violence lors des manifestations et matchs de football s’inscrit dans cette tradition française marquée par la bellicosité. En France, la violence est un rite social canonique, un mode d’expression normatif. Une composante comportementale institutionnelle (instinctuelle). C’est la marque de fabrique de la France. Le représentant intellectuel de la France, Pierre Corneille, soulignait déjà à son époque : «La violence est juste où la douceur est vaine.» Comme la douceur fut toujours considérée comme vaine en France, la violence est devenue la juste et légitime attitude des Français. Un autre représentant culturel français, Léo Ferré, a su résumer en deux strophe musicales la philosophie de la société française : «O ma sœur la Violence, nous sommes tes enfants», «Il faut faire l’amour comme on commet un crime». Autrement dit, les Français, enfants de la violence, confondent amour et crime. Pour eux, haïr, violenter ou/et tuer, c’est aimer. La preuve : ils n’ont jamais reconnu les massacres commis en Algérie. Pour eux, ce fut une œuvre d’amour civilisationnelle apportée au peuple algérien. Le viol et le vol de l’Algérie furent un acte d’amour, non un crime.
Quelle que soit la manifestation (politique, syndicale, associative, estudiantine), les défilés revendicatifs dégénèrent régulièrement en affrontements avec les forces de l’ordre et les cortèges en émeutes. Peu importe la taille de la ville, fréquemment une manifestation se transforme en heurts violents, en batailles rangées. Les magasins sont saccagés et pillés, les bâtiments officiels vandalisés, les mobiliers publics endommagés, les voitures brûlées. Les charges policières se caractérisent par leur barbarie, les interpellations par leur opération policière musclée et brutale. Les manifestants sont gravement blessés par des tirs de LBD (arme sublétale fréquemment utilisée par les forces de l’ordre).
L’ensauvagement des jeunes «immigrés»
C’est dans ce climat délétère imprégné par la culture de la violence et de la haine, accentuée par la décomposition de la société française, qu’évoluent les enfants. Notamment les jeunes issus de l’immigration. Cette violence est exacerbée par l’apprentissage obligatoire dans les écoles de l’hymne national le plus belliqueux du monde, chanté à chaque commémoration.
Chant guerrier hérité d’une époque sanguinaire, cet hymne est jugé trop agressif, trop violent par nombre de Français humanistes contemporains. «Les paroles sont épouvantables, sanguinaires, d’un autre temps, racistes et xénophobes. Il y a pas mal de paroles qui passent et certaines qui sont inécoutables», s’insurgeait l’acteur Lambert Wislon contre La Marseillaise. En effet, il suffit de rapporter ces quelques paroles sanglantes pour se convaincre de la violence de cet hymne belliciste : «Aux armes, citoyens, formez vos bataillons. Marchons, marchons ! Qu’un sang impur abreuve nos sillons ! (…) Tout est soldat pour vous combattre. S’ils tombent, nos jeunes héros. La terre en produit de nouveau. Contre vous tout prêts à se battre !»
C’est dans cet environnement culturel imprégné par la violence institutionnalisée que sont élevés les enfants français. Notamment les jeunes issus de l’immigration. «Quand on a rencontré la violence pendant l’enfance, c’est comme une langue maternelle qu’on vous a apprise», note l’historien contemporain Ivan Jablonka. La violence est le langage éternel de la France, la seule pédagogie dispensée au sein de la société. Les enfants de la République française s’en nourrissent abondamment. Notamment les jeunes issus de l’immigration.
Parqués dans des cités de relégation, dans des quartiers dont les habitants sont captifs, en proie à de multiples discriminations et à l’exclusion sociale, les enfants d’immigrés sont victimes d’une opération doctrinaire d’ensauvagement de leur esprit, opérée par la funeste société française.
Dès leur prime enfance, les jeunes issus de l’immigration sont exposés à la violence d’un système fondé sur le racisme institutionnel, la répression policière, la sélection élitaire scolaire, la ségrégation résidentielle, l’ostracisme professionnel, la stigmatisation de l’islam, l’arrogance culturelle, le suprémacisme civilisationnel. Les jeunes issus de l’immigration sont victimes d’ensauvagement opéré par la France ripoubellecaine et démoncratique.
Ils ne sont français que de papier, quoi qu’ils fassent. Comme on le leur rappelle avec cynisme. De par leurs origines extra-européennes, leur religion «extra-terrestre» (à écouter les politiciens français, l’islam serait totalement incompatible avec les valeurs de l’humanité, du fait probablement de sa genèse céleste), leur patronyme islamique, leur pigmentation orientale, ils sont inassimilables à la culture française. Comme le proclament ouvertement les dirigeants politiques.
Faute de perspective d’intégration sociale, ces jeunes, en conformité avec la culture de la violence inhérente à la France où ils grandissent, expriment leurs frustrations et leurs détresse sociale par l’unique mécanisme traditionnel de protestation en vigueur dans l’Hexagone : la violence. Cette violence gauloise millénaire.
Or, à écouter les politiciens et les soi-disant experts, si les jeunes issus de l’immigration cultivent une propension à la violence, comme n’ont pas manqué de le marteler de nombreux médias à la suite du match France-Maroc, ce serait en raison de leurs prédispositions comportementales dérivées de leurs origines ethniques et religieuses. Ce ne serait pas la société française anomique et discriminatoire, fondée sur une culture atavique de la violence, comme on l’a analysé plus haut, qui fabrique des jeunes violents, mais une entité ethnique (maghrébine ou subsaharienne) ou religieuse (islamique), par ailleurs totalement marginalisée, dépourvue de tout pouvoir institutionnel. Il s’agit là d’un déni de réalité, ce mécanisme de défense idéologique consistant à nier cette sinistre vérité anthropologique trop difficile à supporter pour ces pitoyables politiciens et journalistes français. Au lieu d’incriminer la société française génératrice de violences multiformes, ces propagandistes imputent la responsabilité de ces violences aux jeunes issus de l’immigration. Mettre le focus exclusivement sur les violences de ces jeunes permet aux oligarques et élites tricolores d’éluder le débat sur la violence institutionnelle systémique officiellement organisée par leur société belliqueuse, par leur système capitaliste ensauvagé. Ce n’est pas la conscience (une lointaine idéologie religieuse musulmane ou réminiscences culturelles ethniques) qui détermine l’être social du jeune issu de l’immigration, mais l’être social (en l’espèce la France institutionnelle concrète, fondée sur des rapports d’exploitation et d’oppression, la relégation spatiale et la discrimination professionnelle) qui détermine sa conscience (ses schèmes de pensée et réflexes comportementaux). «On dit d’un fleuve emportant tout sur son passage qu’il est violent, mais on ne dit jamais rien de la violence des rives qui l’enserrent», notait Bertolt Brecht. Les élites françaises dissertent sur la violence des jeunes issus de l’immigration, mais observent un silence éloquent sur la violence institutionnelle de leur Etat. Leur société.
En réalité, c’est conformément à leur culture politique française que les jeunes issus de l’immigration manifestent leurs protestations sur le mode de la violence. Qu’ils manifestent leur mal-être, leur désarroi. Et non à leurs fantasmagoriques attributs ethniques ou/et religieux. Ces jeunes, nés sur le sol français, formés par l’école ripoubellecaine française, formatés par l’idéologie démoncratique française, sont français. Produits d’une société française en pleine dégénérescence civilisationnelle, ils possèdent les caractéristiques sociologiques et politiques dégénératives de leur pays de naissance et de résidence. Il est plus commode, dans une posture de dénégation, d’attribuer la défaillance éducative de ces jeunes Français issus de l’immigration à leur ascendance ethnique, leur obédience religieuse musulmane. Or, en réalité, le ver corruptif et destructif est tapi dans la société française fondée sur une culture de la violence (Mai 68 demeure célèbre pour ses pavés lancés sur les policiers par des étudiants français de souche, le Parlement breton de Rennes pour son incendie commis par des marins pêcheurs français venus manifester de manière incendiaire leur colère le 4 février 1994, les Champs Elysées pour le saccage de l’Arc de Triomphe, vandalisé par les Gilets jaunes, le Sade de France est désormais réputé, non pas pour les exploits footballistiques des joueurs mais le hooliganisme de ses supporters français).
Pour preuve. Prenons l’exemple des Maghrébins. En Algérie, en Tunisie et au Maroc, les jeunes sont éduqués et disciplinés. Respectueux des normes, ils ne font quasiment jamais preuve de violence. Que ce soit lors des rencontres de matchs de football ou des manifestations. En Algérie, lors du Hirak, baptisé à juste titre «Révolution joyeuse» et «Révolution du sourire», en dépit de sa durée exceptionnellement longue (2019-2021) et de l’ampleur phénoménale des participants (des millions de manifestants défilaient pacifiquement chaque vendredi), il n’y a jamais eu de violences, de débordements, des affrontements, des heurts, des vandalismes, des destructions. Comment expliquer cette différence de tempérament sociologique et politique entre la France et l’Algérie, sinon par l’éducation, la civilité et la sociabilité inhérentes au peuple algérien ?
Les politiciens français l’admettent eux-mêmes indirectement quand ils fustigent le comportement violent des jeunes issus du Maghreb, autrement dit leurs concitoyens, en reconnaissant que ces jeunes ne se livreraient jamais à de tels déchaînements de violences dans leur pays d’origine (sous-entendu Algérie, Tunisie ou Maroc). En effet, jamais. Car dans ces trois pays maghrébins, notamment l’Algérie, les jeunes sont éduqués et disciplinés. Ils ne baignent pas dans une culture de la violence et de la haine. Au vrai, les jeunes issus de l’immigration se comportent conformément à leurs concitoyens français lors des rencontres footballistiques ou manifestations politiques : par la violence. (La communauté franco-kurde, ordinairement pacifique, par son immersion dans la culture politique du pays, a fini par être contaminée par le virus de la violence. Résultat : lors de leur récente manifestation en hommage aux trois kurdes assassinés par un Français raciste en plein cœur de Paris, certains protestataires se sont livrés à un déchaînement de violences inhabituel. La manifestation a tourné en affrontements avec les forces de l’ordre. Bilan de ces violentes échauffourées déconcertantes, marquées notamment par des lancements de projectiles sur la police et la dégradation de plusieurs véhicules : 32 policiers blessés, 11 Kurdes interpellés.)
Aussi, en tant qu’Algériens, nous avons envie d’interpeller la France. Qu’avez-vous fait des enfants de nos frères et sœurs algériens établis depuis plusieurs générations dans l’Hexagone, devenus jeunes citoyens français ? Nous connaissons, hélas, la réponse. Avec votre ancestrale culture de la violence, vous les avez ensauvagés, endiablés, pervertis. Ces diablotins sont votre œuvre, fabriqués par votre système sociétal luciférien, votre République démoncratique. Vous pouvez toujours, pour exonérer votre pays de sa responsabilité politique et morale, par une forme de bouc-émissairisation conjuratoire, stigmatiser leur ascendance algérienne, incriminer leur obédience musulmane, mais ce sont vos enfants. Des enfants de la République française. Ce sont des Français conditionnés par votre culture de la violence, de la haine.
Ces jeunes n’ont aucun lien avec l’Algérie, sinon patronymique. A l’instar de cet énergumène originaire d’Algérie, au patronyme berbère, le dénommé Zemmour, raciste et sioniste, fabriqué par la France. Est-il Français ou Algérien ? Bien sûr Français. La preuve : d’aucuns ont souhaité le hisser à la plus haute magistrature car il incarne les authentiques valeurs nauséabondes de la France, fondée sur la culture de la violence, l’idéologie pétainiste en voie de résurrection.
Aussi, et ces jeunes Français d’origine maghrébine, et Eric Zemmour, d’origine algérienne, réputés pour leurs mœurs de voyous et leur immoralité démocratisée, insufflés par le système éducatif et médiatique cocardier, appartiennent à la France, ce pays ensauvagé depuis Clovis.
Ainsi va la France de Clovis : le vice est cloué dans ce pays de haute culture de la violence, désormais infecté par la pestilence des pestilences, la bellicosité et la belligérance, ces deux mamelles qui nourrissent les Français massivement en voie de paupérisation et de réfrigération, provoquées par les violentes mesures antisociales édictées par le gouvernement Macron à l’instigation du grand capital occidental et instances étatiques atlantistes, elles-mêmes en voie de fascisation.
K. M.
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