La France s’effondre, entraînera-t-elle l’Algérie dans sa chute ?
Une contribution de Khaled Boulaziz – Pour le moins insolite dans le timing et dans le contenu, la toute récente contribution (1) dans Le Figaro de Xavier Driencourt, l’ancien ambassadeur de France à Alger entre 2008 et 2012, et entre 2017 et 2020, carrière de diplomate et ancien directeur général de l’administration du Quai d’Orsay, chef de l’Inspection générale des affaires étrangères, Xavier Driencourt a cette fois-ci outrepassé les convenances et les règles de retenue.
En premier, Monsieur Xavier Driencourt, soyez-en sûr, l’Algérie ne s’effondrera pas. Elle ne l’a pas fait durant la grande déferlante des années 1990 du siècle dernier, elle n’est pas près de le faire aujourd’hui. Et cela pour de nombreuses raisons, par respect pour votre intelligence et expérience, elles ne vous seront pas ressassées.
Par contre, la France a de sérieuses chances de s’effondrer dans les mois prochains au vu des conditions socio-économiques prévalant. Evidemment, il faut d’abord se mettre d’accord sur la signification du mot s’effondrer. Il n’a pas la même consonance des deux côtés de la rive de la Méditerranée.
Vous qui avez vécu plusieurs années en Algérie au cours de votre fonction de diplomate à Alger, vous avez sûrement et longuement scruté le quotidien du simple algérien. Et en toute équité, et sans s’étaler sur le descriptif, nous avons le courage et l’honnêteté de concéder qu’il est parfois pénible, et qu’il reste à faire afin d’améliorer le niveau socio-économique.
Certainement, et j’espère aussi qu’avec votre œil de fin observateur, vous avez aussi remarqué le grand élan de générosité et l’entre-aide sociale parmi les Algériens et Algériennes qui, à bien des égards, compensent les insuffisances et les carences observées. En conclusion, les conditions de vie en Algérie ne sont pas celles du paradis, mais elles ne sont pas celles de l’enfer non plus.
L’Algérie est ce qu’elle est aujourd’hui, son intégrité territoriale est sauvegardée et la vie sociale dans son ensemble fonctionne, même si des lacunes, parfois importantes, existent. Elle a plusieurs partenaires économiques. En plus, elle est sortie du ravalent tête-à-tête Algérie-France.
Donc, si effondrement il y a en Algérie, ce sera sur le plan sécuritaire. Et là, je pense que vous prenez des libertés que, malheureusement, vous n’avez pas. La tension sécuritaire est palpable non pas à l’intérieur, mais aux frontières et, surtout, le flanc occidental du pays, c’est-à-dire la frontière marocaine.
Toujours en fin observateur de la scène politique en Algérie et au Maroc, vous avez sans doute relevé la phrase clé du président algérien sur nos relations avec le voisin marocain dans sa dernière interview au journal Le Figaro : c’était la rupture diplomatique ou la guerre. L’Algérie a choisi la rupture de toutes les relations avec le voisin marocain parce qu’elle est toujours dans la logique de la paix.
Je ne vais pas vous répéter, Monsieur Xavier Driencourt, certaines leçons d’histoire, mais je vous fais savoir que la 4e République est morte à Diên Bien Phu et non pas à Alger. L’histoire moderne est, je crois, votre spécialité, mais ce que je vais écrire, vous n’avez même pas le courage de le penser et, de là, à l’écrire, il faut être né algérien.
L’Algérie est le prochain pays qui doit être déstabilisé, selon la théorie du chaos, créateur des sionistes néoconservateurs. Et l’ennemi éternel n’est plus la France ; elle n’a plus la force, et l’Algérie d’aujourd’hui n’est pas celle de 1830.
L’ennemi qui se profile insidieusement à nos frontières à l’Ouest est une coalition atlantiste dont la France n’a qu’un rôle d’éclaireur. Présentement, cette coalition est à l’origine de l’asservissement du voisin marocain en un kibboutz militarisé depuis la normalisation avec Israël. Dans ses valises, elle n’a qu’un seul plan : la Reconquista de l’Afrique du Nord, en préparant avec hargne une guerre entre l’Algérie et le Maroc ; guerre voulue inéluctable. Guerre dont l’unique bénéficiaire serait Israël et, par ricochet, certains cercles de nostalgiques en France.
Mais vous, Monsieur Xavier Driencourt, vous savez bien que personne ne peut prédire la fin d’un conflit. Et la France en a fait l’expérience durant la guerre d’Algérie.
Honnêtement et sincèrement, cette récente et inattendue sortie de votre part vous a été simplement inférée par la France des lobbies en faillite pour faire pression sur les autorités algériennes à des fins purement pécuniaires pour éviter l’effondrement proche sur le plan économique de la France. Il se peut aussi qu’elle contient quelques messages politiques, mais ils ne sont pas de grande importance.
Votre contribution au titre racoleur dans Le Figaro est tout simplement un appel au secours vers l’Algérie debout, l’Algérie de toujours.
K. B.
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