Mobilisation sociale en France : déni de démocratie et mépris à l’égard du peuple
De Paris, Mrizek Sahraoui – Alors que deux millions de Français battent le pavé, ce jeudi, à Paris et à travers les grandes artères des grandes villes de France pour demander le retrait pur et simple de la réforme des retraites, jugée brutale, injuste et inutile par près de 70% de Français, Emmanuel Macron, lui, s’est rendu, le même jour, à Barcelone accompagné de pas moins de onze membres du gouvernement dans le but, a indiqué l’Elysée, de signer le traité d’amitié pour renforcer les liens de coopération entre la France et l’Espagne.
Depuis que les syndicats, plus que jamais déterminés, ont lancé le mot d’ordre de grève, Emmanuel Macron a affiché un semblant de sérénité. Mais au regard de la mobilisation inédite de ce jeudi, appelée à se reproduire dans les semaines à venir, le président Macron et son gouvernement ne peuvent rester indifférents face à une grogne dont la probabilité que celle-ci débouche sur un embrasement généralisé est très élevée compte tenu du ras-le-bol des Français de la politique menée jusqu’ici.
Une politique menée au détriment des classes moyennes et des plus précaires, jugée, en revanche, plus favorable aux plus riches qui, selon le dernier rapport de l’organisation OXFAM, publié lundi dernier à l’occasion de l’ouverture du Forum de Davos, concentrent une part toujours plus importante des richesses au moment où les inégalités et l’extrême pauvreté ne font qu’augmenter. Dans le rapport spécifique à la France, OXFAM a estimé que le financement du système des retraites ne nécessite pas une réforme et un recul de l’âge légal de départ, contre lesquels des centaines de milliers de salariés ont manifesté. Il suffit, y est-il indiqué, de mobiliser 2% de la fortune actuelle des milliardaires français (544,5 milliards d’euros) pour sauver le système des retraites.
Depuis le début de ce second mandat du président Macron, l’incarnation du capitalisme selon ses opposants, les textes votés sont tous passés grâce à l’article 49/3. La présente réforme des retraites risque de subir le même sort. Si cet article figure dans la Constitution française, nombre de Français y voient tout de même un déni de démocratie et un mépris à l’encontre de la représentation nationale et, a fortiori, du peuple.
Se profile donc le scénario d’une confrontation musclée entre une majorité de Français excédés et un exécutif autiste qui refuse d’entendre les demandes légitimes citoyennes. Des demandes citoyennes restées vaines et, franchement, pas de nature à émouvoir un président qui estime avoir eu un mandat clair lors de la présidentielle de mai 2022, ainsi qu’il vient de le rappeler depuis Barcelone.
Aux yeux de nombreux observateurs, Emmanuel Macron joue gros après une telle mobilisation. La tentation de passer en force fait courir le péril de donner l’impression que l’avis du peuple est secondaire. Et si chacun campe sur ses positions, le gouvernement refusant de céder à la rue, les syndicats continuant de manifester en nombre et de façon continue jusqu’à une situation de blocage total du pays (plusieurs grèves sont observées ce jeudi dans la plupart des secteurs d’activité), alors l’effondrement de la France pourrait s’avérer inévitable.
Sans l’aide de l’Algérie et qui en serait pour rien !
M. S.
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