Son armée encore chassée : la France plus que jamais indésirable en Afrique
De Paris, Mrizek Sahraoui – A tous les niveaux et sur quasiment tous les plans, Emmanuel Macron a lamentablement échoué, constat fait par ses opposants et les observateurs de la vie politique française. Mais le sujet qui porte l’empreinte de son grand échec et qui aurait pu constituer un angle d’attaque inespéré qu’eurent dû exploiter ses adversaires en mai dernier, c’est celui de la politique africaine de la France, désormais inexistante ou presque : de De Gaulle à Macron, c’est la descente aux enfers sous les tropiques africains.
Une politique africaine de la France dans l’impasse. Un thème de préoccupation capital dont, normalement, Son Excellence ex-ambassadeur Xavier Driencourt aurait dû s’en saisir en priorité dans le but d’aider son pays, la France, qui, en quelques années seulement, est passée du statut de tutrice des pays africains à celui de persona non grata en Afrique. Si le diplomate, que l’on dit aguerri, avait traité ce thème en temps voulu, aurait-il pu comprendre par la même occasion le vrai sens du mot effondrement. Dommage car Xavier Driencourt a eu vraiment matière à écrire un livre utile à la France au lieu, comme il l’a fait ces derniers temps, de jouer les pythies et les Cassandre.
Oui, la France est chaque jour de plus en plus indésirable en Afrique. Après le départ du Mali, où les forces militaires françaises ont été déployées depuis 2013 dans le cadre de l’opération Barkhane, laquelle a pris fin presque en catimini en août 2022, sonnant ainsi le glas de l’influence française en Afrique, alors même que 3 000 militaires sont encore présents dans les pays voisins, au Niger, au Tchad et au Burkina Faso, c’est justement autour de ce dernier pays de s’en prendre avec une grande hostilité aux symboles de l’ancienne colonie et d’exiger le départ au plus vite des forces spéciales françaises stationnées à Kamboinsin, à la périphérie de la capitale Ouagadougou. Un ultimatum d’un mois vient d’être lancé à la France afin d’organiser le retrait de ses militaires.
Et pour justifier cette soudaine mais prévisible perte d’influence diplomatique, économique, militaire et culturelle de la France en Afrique, Emmanuel Macron n’est pas allé bien loin pour trouver un coupable tout désigné. A défaut d’une autocritique, d’une remise en cause personnelle et d’en tirer les leçons, et elles sont nombreuses, Emmanuel Macron et les mandarins médiatiques accusent la Russie d’être responsable des échecs cuisants de la politique du gouvernement Macron, jugée inefficace quand elle ne relève pas carrément de l’amateurisme.
Pour dénoncer ce qu’il a appelé rien de moins que «le projet de prédation russe à l’œuvre en Afrique», tout en brandissant, puisque ça marche à tous les coups, l’alibi des théories complotistes, le président Macron a saisi l’occasion offerte par le XVIIIe Sommet de la francophonie, ce qu’il en est resté du moins eu égard au nombre de pays absents à cette rencontre pour diverses raisons, qui s’était tenu à Djerba, en Tunisie, les 19 et 20 novembre dernier. Les médias français ont pris le relais et désignent le groupe Wagner, encore un bouc émissaire, d’être dernière la campagne de propagande virulente anti-française qui prend de l’ampleur, notamment en Afrique de l’Ouest. Et pas que.
Passer de Talleyrand à Driencourt, de Pivot à Hanouna, tandis que la classe politique française passe son temps à s’écharper au sujet du barbecue et espérer voir la France rayonner dans le monde, est une hérésie doublée d’une cécité.
M. S.
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