Infiltration échouée du Hirak en Algérie, déculottée au Sahel : la DGSE réformée
Par Nabil D. – Selon Le Monde, les services d’espionnage français sont dans la tourmente. Un grand chambardement a été décidé par l’Elysée pour, semble-t-il, éviter que les ratages monumentaux de la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE), qui a joué un rôle néfaste en Algérie durant la décennie noire, se poursuivent et conduisent les dirigeants politiques à prendre des décisions inadéquates sur des dossiers aussi sensibles que la guerre en Ukraine, par exemple.
Le journal français parle carrément de «révolution culturelle au sein des services secrets français», dirigés par l’ancien ambassadeur de France à Alger, Bernard Emié. En toile de fond, des réformes profondes de cette institution, les revers de l’armée française expulsée du Mali et du Burkina Faso au profit de la société russe Wagner qui prend ses quartiers dans plusieurs pays africains à la demande de ces derniers. «Depuis novembre 2022, la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE) connaît une réorganisation interne sans précédent pour mettre en place un modèle intégré, associant analyse, technique et action», écrit Le Monde. Laquelle réorganisation a eu raison de la Direction du renseignement et du poste de directeur de cabinet, considéré comme le numéro deux de cette agence qui a semé le chaos en Libye, en Syrie et qui conseille mal Macron dans le conflit ukrainien.
Si Le Monde ne cite pas le «ratage» de la récupération du mouvement de contestation populaire en Algérie en 2019, il n’en demeure pas moins que la DGSE, qui a mené et continue de mener une guerre secrète contre l’Armée algérienne pour couvrir les groupes islamistes armés issus du Front islamique du salut (FIS), qui bénéficie d’une couverture politique en France – la chaîne de propagande du fils du chef de file de ce parti extrémiste religieux émet à partir de Pais – a lamentablement échoué, le Hirak détourné ayant fait capot. C’est cette même DGSE qui actionne les leviers de la pseudo-opposition à partir de France, entretenant une poignée de cyberagitateurs affiliés à la fois aux services secrets français, marocains et israéliens.
On se souvient de l’enthousiasme suspect des chaînes gouvernementales françaises, TV5, France 24, etc., qui débordaient largement sur le rôle de couverture d’un événement international, manipulant l’information et triant sur le volet les intervenants à partir d’Algérie. La campagne était minutieusement élaborée à partir de l’Elysée et du Quai d’Orsay où on souhaitait la chute du «régime Bouteflika» pour lui substituer un pouvoir à la solde de Paris, représenté par les «défenseurs des droits de l’Homme», pâle copie de l’OSDH syrien qui a également fait pschitt.
«[Les] résultats contestés sur le terrain africain, où Paris n’a pas su anticiper les crises politiques au Mali et les vagues de ressentiment envers la France, notamment au Burkina-Faso, [n’ont] sans doute pas aidé à défendre la survie de ce bastion», note Le Monde, qui explique que «le risque de guerre en Ukraine aurait été sous-évalué». Le journal fait, par ailleurs, parler un «haut fonctionnaire du renseignement» qui confirme la guerre sans merci que se livrent la DGSE et la DGSI (contre-espionnage). Ce dernier évoque une «rétention de l’information» qui signifie que le service que dirige le successeur de Bernard Bajolet – lui aussi ancien ambassadeur de France à Alger – a, jusque-là joué en solo. On sait, en effet, que durant les années de terrorisme islamiste en Algérie, la DGSE et l’ex-DST se tiraient dans les pattes, la première roulant pour le GIA et la seconde mettant en garde contre cette grave dérive qui a fini par coûter à la France la commission d’actes terroristes meurtriers sur son propre territoire.
N. D.
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