Xénophobie d’Etat : des associations se mobilisent contre «l’immigration jetable»
Par Houari A. – Des associations françaises ont lancé un appel contre ce qu’ils qualifient d’immigration «jetable» et pour une «politique migratoire d’accueil», tout en rejetant le nouveau projet de loi asile et immigration que le président Macron, au second mandat vacillant, veut faire adopter par un Parlement croupion.
«Le nouveau projet de loi asile et immigration du gouvernement conduit à une négation radicale des droits fondamentaux des migrantes et migrants. Il a pour objectif de graver dans le marbre et de radicaliser les pratiques préfectorales arbitraires et répressives : systématisation des OQTF [Obligation de quitter le territoire français, ndlr] et des IRTF [Interdiction de retour sur le territoire français, ndlr], dans la suite des instructions déjà prises pour augmenter les assignations à résidence et le nombre de centres et locaux de rétention administrative», écrivent les initiateurs de l’appel, dont Algeriepatriotique détient une copie.
«Le projet s’inscrit délibérément dans une vision utilitariste et répressive dont témoignent l’obsession des expulsions et l’inscription des sans-papiers au fichier des personnes recherchées. Les migrantes et migrants sont déshumanisés et considérés uniquement comme de la main-d’œuvre potentielle, qui n’a droit qu’à des propositions de régularisations précaires, limitées aux métiers dits en tension. Alors que la dématérialisation prive de l’accès au séjour de nombreuses étrangères et étrangers, le droit du séjour et le droit d’asile vont être encore plus restreints», arguent ces associations. «Le projet prévoit des moyens pour empêcher d’accéder ou de rester sur le territoire, au lieu de les utiliser pour accueillir dignement celles et ceux qui fuient la guerre, les persécutions, la misère ou les conséquences du dérèglement climatique», poursuivent-elles, en estimant que «les droits protégés par les conventions internationales sont de plus en plus bafoués […] y compris ceux des enfants».
Pour ces organisations, parmi lesquelles l’Association française des juristes démocrates, l’Association des travailleurs maghrébins de France (ATMF), Attac France, la CGT, Médecins du monde, les syndicats de la magistrature et des avocats de France, et l’union syndicale Solidaires, «l’attaque s’inscrit dans l’agenda global du gouvernement : chômage, retraites, logement, santé, etc.» Elles rappellent qu’en 2006 déjà, elles appelaient à se mobiliser contre cette réforme qui, «si elle était adoptée, accentuerait encore le fait que les étrangères et étrangers en France sont considérés comme une population de seconde zone, privée de droits, précarisée et livrée à l’arbitraire du patronat, de l’administration et du pouvoir».
De grandes manifestations sont prévues ce mercredi et le 18 février devant les préfectures et le 4 mars «partout en France contre la loi Darmanin».
H. A.
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