Quand Malcolm X relatait aux Noirs américains ce qu’il a vu en Algérie
Une contribution de Khaled Boulaziz – «L’illumination crée la compréhension, la compréhension crée l’amour, l’amour crée la patience, la patience crée l’unité.» (Malcolm X, homme politique américain, 1925-65). Dans quelques jours de l’année en cours, les hommes et les femmes libres de ce monde comméreront le 58e anniversaire de la disparition de Malcolm X, l’infatigable leader politique de toutes les causes justes, ravi à l’âge de 39 ans par les élites des ténèbres.
Porteur de la voix des opprimés aux quatre coins du monde, son abnégation et son courage face aux tâches herculéennes qu’il s’est assigné resteront une leçon pour toutes femmes et tous les hommes de bonne volonté qui aspirent à un monde meilleur.
Malcom X, de par la nature du combat libérateur qu’il a entrepris, ne pouvait que prendre exemple sur la Révolution algérienne qui venait au moment des faits de rayonner sur le monde. Ses lectures essentielles furent les écrits anticoloniaux de Frantz Fanon, et tout ce qui relevait du combat émancipateur du peuple algérien.
La rencontre de Malcolm X avec l’ambassadeur de l’Algérie en fonction à Acra en 1964, Tahar Gaid, fut un tournant décisif dans son itinéraire politique au point où il adopta définitivement le schéma politique basé sur le modèle du FLN mis en place pas feux Ben M’hidi et Abane.
Malcolm X s’est rendu en 1964 en l’Algérie, deux ans après son indépendance de la domination coloniale française et un an avant son assassinat. Au cours de cette visite, il nota les similitudes flagrantes entre la brutalité de la violence de l’Etat colonial à Alger et les «armées d’occupation» de la police à Harlem.
A son retour, il s’adressa à un forum de travailleurs à New York : «J’ai visité la Casbah, avec quelques camarades, des camarades de sang. Ils m’ont tout de suite plongé dedans et m’ont montré la souffrance, m’ont montré les conditions dans lesquelles ils vécurent sous l’occupation des colons. Ils vivaient dans un Etat policier, l’Algérie colonisée était un Etat policier. Tout territoire occupé est un Etat policier et c’est ce qu’est Harlem. Harlem est un Etat policier. La police à Harlem – sa présence est comme une force d’occupation, comme une armée d’occupation. Ils ne sont pas à Harlem pour nous protéger, ils ne sont pas à Harlem pour veiller à notre bien-être…»
Malcolm X a reconnu les points communs entre le colonialisme en Afrique, en Asie et dans les Amériques et l’assujettissement des Noirs aux Etats-Unis.
Il a également expliqué la nécessité d’une résistance commune à cette oppression : «Les Algériens m’ont aussi montré ce qu’ils firent pour se débarrasser de ces gens. La première chose qu’ils réalisèrent est qu’ils étaient tous camarades. L’oppression les a rendus camarades. L’exploitation en a fait des camarades. La dégradation en a fait des camarades. La discrimination en a fait des camarades. La ségrégation en a fait des camarades. L’humiliation en faisait des camarades. Et une fois qu’ils ont tous réalisé leur camaraderie de sang, ils décidèrent de la seule feuille de route viable : se débarrasser de l’occupant français.»
Malcolm X, dont la disparation tragique ravit le monde d’une voix sans concession au service des damnés de la terre, reste dans les cœurs de celles et ceux qui, aujourd’hui, œuvrent à défaire les élites des ténèbres, là où elles sévissent.
L’Algérie qui, présentement, est sous les feux des rampes pour le seul fait qu’elle ne veut pas se plier au diktat d’un Occident vivant toujours dans ses fantasmes expansionnistes ; son peuple dans son inéluctable résistance se doit de s’inspirer et de marcher sur les pas de Ben M’hidi et d’Abane comme le regretté Malcolm X l’a fait avec dévouement et vaillance il y a de cela 58 ans.
K. B.
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