Le récit émouvant de Patrick Bruel après son pèlerinage à Tlemcen avec sa mère
Par Nabil D. – «Je reviens/Vos mains dans les miennes/Ensemble sur scène/Pour un nouveau rappel/A Tlemcen.» Chanson prémonitoire écrite il y a à peine quelques mois. Et les mots se sont transformés en réalité. Patrick Bruel a fini par visiter sa ville natale en compagnie de sa mère, âgée de 87 ans. Il a raconté ce pèlerinage au micro de France Inter, dès son retour à Paris. «Je suis né à Tlemcen, ma mère est née à Tlemcen aussi, où on est restés deux jours, puis on est parti à Oran où mon père est né et, ensuite, on a terminé à Alger», a dit le chanteur.
«L’accueil était plus que chaleureux. Les gens voulaient me signifier à quel point ils étaient heureux de me voir. Les mots qu’on a entendus étaient : bienvenus chez vous ! Bienvenue chez toi ! Tu es, ici, chez toi ! Merci de revenir ! On espère que vous êtes heureux !» s’est ému l’interprète de Pas eu le temps. «Et puis cette [sensation] extraordinaire de voir l’émotion de ma mère. Je n’avais pas de souvenirs et là, on partait à la recherche de ses souvenirs à elle et des souvenirs que je n’ai pas eus», a poursuivi Maurice Benguigui, qui s’est dit fier de ses origines berbères. «Tout est resté intact. On est allé à l’école où ma mère enseignait. On a été accueillis par les enseignants et par les enfants. Dans ma chanson, je rendais hommage à l’institutrice que fut ma mère et les enfants de cette école m’ont chanté la chanson», a-t-il narré non sans saisissement.
«On a retiré les anciens registres où ma mère a revu des moments de vie. Ensuite, on est allés dans les maisons où on a habité, celle où je suis né, celle où elle a grandi, puis celle que mes grands-parents ont achetée quand elle avait 16 ou 17 ans», a expliqué Patrick Bruel, marqué par l’«accueil formidable» que leur ont réservé «les gens qui habitent désormais ces maisons». «Ils étaient très heureux de nous voir arriver et ce qui était très joli aussi, dans la maison de mes grands-parents, c’est que la première chose que les gens qui y habitent nous ont montrée, c’est l’acte de vente. C’était important pour eux de nous montrer que la maison avait bien été vendue par mon grand-père», a-t-il tenu à préciser pour montrer que ces biens n’ont pas été squattés au lendemain de l’indépendance.
«Il y a eu des moments très émouvants, on est allés au cimetière de Tlemcen, on s’est recueillis sur la tombe du rabbin Ephraïm Al-Naqawa. Maman a eu une jolie phrase quand elle a vu le cimetière juif, parce qu’au début elle avait du mal à y aller, elle avait peur et parce qu’on lui a dit que le cimetière était à l’abandon et qu’il n’était pas entretenu mais, quand elle l’a vu, elle était très émue, en disant : c’est juste la nature qui a repris ses droits, il n’a été ni saccagé ni vandalisé. Pour elle, c’était important», a insisté l’artiste français qui avait émis le souhait, en 2018 déjà, de pouvoir chanter dans son pays de naissance. «J’aimerais tellement animer un concert à Tlemcen», avait-il déclaré au journal télévisé de France 2. Il avait révélé qu’il devait se rendre en Algérie dans les années 1990 mais la situation sécuritaire qui prévalait dans le pays à l’époque l’avait empêché de réaliser son rêve.
N. D.
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