Affaire Amira Bouraoui : sincérité de Tebboune versus barbouzerie de Macron
Une contribution de Hocine-Nasser Bouabsa – L’adage algérien dit : «Honte à celui qui me trompe une fois, mais honte à moi si je me laisse tromper une seconde fois.» Depuis la mort de feu Houari Boumediene – que Dieu lui accorde Sa miséricorde – reconnaissons que la France malmène constamment l’Algérie, sans que les dirigeants de notre pays mettent une fois pour toutes fin aux récurrentes fourberies malveillantes et malintentionnées de l’ancien colonisateur.
Comme des bleus, presque tous les présidents algériens ont été dupés par leurs homologues français depuis plus de quarante ans. Les psychanalystes et les psychologues ont certainement leurs théories et avis sur ce sujet. Le lecteur intéressé peut donc trouver dans la littérature spécialisée les raisons de cette situation indésirable qui impacte le peuple algérien. Chadli avait son ami Mitterrand, qui le guidait comme un enfant aveugle vers la ruine de l’Algérie. Bouteflika, lui, n’avait pas qu’un seul, mais plusieurs amis : Chirac, Sarkozy, Hollande et Macron. Le natif d’Oujda aimait tellement la France qu’il ne trouva pas mieux que d’élire un hôpital militaire français comme domicile pendant plusieurs mois.
Lorsque Tebboune est arrivé au pouvoir, les relations entre les deux pays étaient tellement glaciales que le locataire de l’Elysée prendra tout son temps pour féliciter le Président algérien fraîchement élu. En effet, pour les Français, Tebboune était étroitement lié au défunt ex-patron de l’ANP, Gaïd Salah, que les Français avaient classé dans la catégorie des infréquentables, parce qu’il privilégiait l’approfondissement de la coopération stratégique avec la Russie.
Plus tard, conciliant, Tebboune ne repoussa pas la main tendue par Macron, qui cherchait désespérément dans l’obscurité de ses insomnies le soutien de l’Armée algérienne pour sortir du guêpier sahélien, qu’il hérita de Hollande. Ainsi commença derrière les coulisses le travail des diplomates et conseillers français pour gagner les faveurs des nouveaux dirigeants algériens, qui, hélas, finissent par succomber aux mensonges des diplômés et diplomates de l’arnaque et la fourberie.
Macron, croyant avancer sur un terrain conquis, finira par opter pour la même approche dégoutante que ses prédécesseurs : dire des généralités superficielles qui ne coûtent rien afin de flatter gratuitement l’égo des Algériens crédules et, quelque temps après, balancer ses profondes et brutales convictions condescendantes pour offenser notre nation. En effet, les Algériens se rappellent encore vivement ses injures en septembre 2021 vis-à-vis de la nation algérienne, à laquelle il dénia l’existence avant que les hordes de Bugeaud ne viennent assassiner, brûler, bannir et exproprier des millions d’Algériens – voir l’article paru dans Algeriepatriotique le 3 octobre 2021 (2). Cette sortie fut préméditée, bien étudiée et pesée, pour signifier aux dirigeants algériens qu’il n’a cure des sensibilités algériennes et qu’il jouera seulement suivant ses conditions et celles de ses mentors.
Mais, en fin manipulateur notoire, il se mettra néanmoins immédiatement à l’œuvre pour apaiser – mais sans se rétracter d’un iota –, en expliquant machiavéliquement à son interlocuteur algérien qu’il ne faut pas interpréter les mots comme il les dit, mais en les passant par le prisme de l’électorat d’extrême-droite français. Tebboune et les autres dirigeants algériens se laissent rouler dans la farine et acceptent, après quelques semaines, de renvoyer à Paris l’ambassadeur algérien rappelé pour consultation. Ils contribueront même à travers leurs réseaux en France à le faire réélire au second tour des présidentielles françaises, en avril 2022, face à la candidate de l’extrême-droite, Marine Le Pen, qui partage avec lui les mêmes positions néocolonialistes vis-à-vis de l’Algérie. Autant dire que pour l’Algérie, un(e) président(e) français(e) de gauche, du centre ou de l’extrême-droite ne change rien.
C’est kif-kif, Moussa El-Hadj ou El-Hadj Moussa
Je fais la parenthèse sur le voyage scandaleux de Macron à Alger et les embrassades exposées à la TV, et renvoie le lecteur à l’article paru dans Algeriepatriotique en date du 2 septembre 2022 (1) pour focaliser sur l’interview commandé en janvier passé par Macron au journal Le Point pour lancer ses flèches assassines contre la nation algérienne, signifiant à cette dernière qu’elle n’est pas digne de recevoir les excuses de l’Etat qui commit les plus affreux et atroces crimes contre l’humanité au détriment des Algériens. Nul besoin d’être prophète pour deviner le malaise que provoquent de telles déclarations à Alger. Quelques jours après cet interview, et comme si de rien n’était, égal à lui-même, l’enfant du système Rothschild eut même l’outrecuidance d’appeler au téléphone le Président algérien, qu’il a pourtant implicitement humilié par le contenu de son interview – en effet, quelques jours auparavant, Tebboune désigna Macron comme son ami et ne s’attendait point à ce que cet «ami» évoque négativement, avec des termes condescendants et douteux, la question des excuses, alors qu’il n’y a aucun besoin contraignant.
Ces deux événements – l’interview et l’appel téléphonique – ne sont surement pas le fruit du hasard, mais ont bien été synchronisés du côté français. En effet, le calendrier d’un chef d’Etat est préparé minutieusement. Les spin-doctors parisiens ont donc volontairement programmé et tricoté l’interview avant la communication téléphonique avec Alger. L’objectif insidieux de l’interview du Président français était donc prémédité : provoquer le peuple algérien et ses institutions pour connaître leur résilience. Que Tebboune ait accepté l’invitation et aussi permis au chef d’état-major de l’ANP de se rendre quelques jours plus tard à Paris – pour des raisons que le peuple algérien ignore encore – est le signe, d’une part, qu’à Alger on n’a pas encore intériorisé à sa juste valeur l’algériephobie chronique et inguérissable qui caractérise l’âme et le corps des détendeurs du pouvoir réel en France et, d’autre part, que le manque de réactions fermes des institutions algériennes pour dénoncer l’ignominie marconienne ont affermi davantage la conviction de Macron que la résilience algérienne est faible et que dorénavant il peut aller plus loin. C’est ce qui est arrivé la première semaine de février avec l’exfiltration par les services secrets français de l’agent de la DGSE, l’Algérienne Amira Bouraoui, recherchée par la justice algérienne. Bouraoui n’étant qu’un agent de troisième niveau se pose alors la question pourquoi cette action. La réponse est simple : Macron veut tester, s’il peut aller encore plus loin. En tout cas, le message de Macron est clair : «Au diable l’amitié avec l’Algérie.»
La réaction d’Alger ne s’est pas fait attendre puisqu’elle rappela illico presto son ambassadeur à Paris pour consultation. Les réseaux sociaux algériens sont unanimes. Il faut mettre un terme aux agissements belliqueux et néocolonialistes français vis-à-vis de l’Algérie, une fois pour toutes. C’est la dignité de tous les Algériens qui est en jeu. Ecrire l’histoire de la colonisation avec les historiens d’un pays belliqueux est une ignominie qu’il faut immédiatement stopper. Envisager d’aider ses soldats au Sahel sera un suicide pour l’Algérie.
Le président Tebboune ne peut pas être seulement en colère, mais doit être aussi très déçu puisqu’il crut aux chants de sirène de Macron. En espérant qu’il restera ferme, je lui rappelle notre adage populaire : «Honte à celui qui me trompe une fois, mais honte à moi si je me laisse tromper une deuxième fois.»
H.-N.-B.
1- https://www.algeriepatriotique.com/2022/09/02/grosse-arnaque-de-macron-en-algerie-prendre-le-gaz-et-promettre-le-vent/
2- https://www.algeriepatriotique.com/2021/10/03/contribution-de-hocine-nasser-bouabsa-la-france-fut-elle-une-nation-avant-1945/
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