La France s’enfonce tandis que Macron fait du tourisme politique en Afrique
De Paris, Mrizek Sahraoui – La France entre dans le dur. Au même moment, le président français, lui, est en Afrique animé par le mince espoir de réparer la relation avec ses «amis» africains qui s’est détériorée au cours du temps. Le feu est dans la demeure France, l’économie risque de pâtir d’une fronde sociale d’ampleur, Emmanuel Macron fait du tourisme politique en Afrique, fustigent ses détracteurs. Lesquels justifient leur attaque par le fait que la tournée du chef de l’Etat français en Afrique centrale a tourné au fiasco au regard des résultats obtenus, pas grand-chose pour le moment. Et, surtout, de l’accueil qui lui a été réservé par la société civile, lui qui est très sensible au décorum. Des manifestants ont brûlé le drapeau français, scandé «Macron assassin, Macron dégage !» Le schisme est immense.
C’est, en effet, la semaine de tous les coups durs pour l’économie française, tout aussi déterminante pour la suite du second mandat de Macron. Avant même la journée de blocage général décidée par l’Intersyndicale pour protester contre la réforme des retraites, des actions sont entreprises dans différents secteurs, de l’énergie notamment.
Des actions ciblées perçues comme étant les premières secousses avant le séisme qui risque d’éclater le 7 mars prochain. D’ailleurs, plusieurs responsables syndicaux au niveau de secteurs clés (cheminots, chimie, ports et énergie) viennent de donner le ton de la mobilisation à venir, déclarant clairement que leur objectif est de «mettre l’économie à genoux». Une économie à genoux alors que tous les indicateurs sont au rouge.
Quelques chiffres : la croissance ne devrait pas dépasser 0,6% en France en 2023. Le pouvoir d’achat des Français va en baissant. Les acteurs du secteur de la distribution parlent d’un mars rouge. Les spécialistes, eux, avancent une prévision bien plus sombre pour tout le trimestre, trimestre où l’inflation devrait frôler, voire dépasser les 10%, avec un indice des prix à la consommation devant se situer autour de 14% pour l’alimentation.
Pour ne rien arranger, l’association Les Restos du cœur vient de donner, en pleine campagne de collecte annuelle, quelques chiffres qui font froid dans le dos, compte tenu de la place que la France occupe dans le monde et en Europe : 6e puissance économique mondiale, selon le FMI, 2e en Europe devant le Royaume-Uni. Selon cette association, beaucoup de Français doivent choisir entre «se nourrir ou se chauffer». A l’évidence, les sanctions contre la Russie ont produit l’effet inverse.
Les Restos du cœur tirent la sonnette d’alarme. Ils sont 110 000 enfants de moins de 3 ans à être accueillis cette année, soit 16% de plus que l’an dernier. Un million de personnes ont appelé à l’aide alimentaire, soit 160 000 de plus que la campagne précédente, dont 60% sont dans «l’extrême pauvreté», a indiqué le porte-parole de l’association fondé par Coluche, cité par les médias français. Enfin, 165 millions de repas devraient être distribués en 2023 contre 142 millions en 2022. La précarité gagne même les classes moyennes, vu le coût de l’énergie, le taux de l’inflation à deux chiffres et les salaires qui stagnent.
Un contexte social explosif, d’autant que les grands groupes viennent de publier des résultats avec des profits stratosphériques. TotalEnergie affiche un bénéfice net de 20,5 milliards de dollars ; l’armateur marseillais CMA CGM (multinationale appartenant à la famille du bras droit d’Emmanuel Macron et secrétaire général de l’Elysée soupçonné par la justice de prise illégale d’intérêts) vient d’engranger 23,5 milliards d’euros. Des chiffres qui donnent le tournis et exacerbent la colère de la France qui trime sous le regard indifférent du «copain des riches», tacle l’opposition.
M. S.
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