Les armées italienne et française inaugurent une nouvelle coordination au Sahel
De Rome, Mourad Rouighi – L’interview conjointe accordée par l’amiral Giuseppe Cavo Dragone et le général Thierry Burkhard, chefs d’état-major des armes italienne et française, au quotidien La Repubblica, a inauguré une nouvelle coordination entre les deux pays à l’échelle internationale et, notamment, dans la région sensible du Sahel.
Les deux administrations dépenseront davantage et mieux, ont assuré les deux parties, durant les cinq prochaines années, pour la relance des efforts européens, engagés dans la lutte contre les groupes armés, agissant pour compte et dans l’orbite de la nébuleuse terroriste.
Ce nouvel élan donnera la priorité à un entraînement ciblé des forces africaines pour faire face à la guérilla des groupuscules armés. Il servira aussi à équiper les services de sécurité de ces pays, du matériel nécessaire, des véhicules, des appareils et des moyens logistiques.
A cet effet, il est probable qu’un rôle spécifique sera joué par la base de Sigonella, qui constitue la plus importante centrale opérationnelle pour des missions auxquelles participent les services de renseignements américains et de l’OTAN, ayant pour champ d’action le Niger, le Burkina Faso, le Tchad et, à un degré moindre, le Mali.
Un choix urgent approuvé par les experts des deux pays qui estiment qu’en raison de la grande superficie de ce territoire et du manque de préparation opérationnelle des forces locales, la lutte contre les milices d’Al-Qaïda, opérant dans cette région, peine à porter ses fruits.
D’autant que certains rapports affirment que suite aux déconvenues subies en Afghanistan et en Irak, Al-Qaida et EI ont mis au point un programme prévoyant le déplacement du gros de leurs troupes et de leurs camps d’entraînement vers le Sahel et la Corne d’Afrique, et plus précisément la Somalie.
Ce double engagement franco-italien, nous dit un expert, vise surtout à contrer la Russie, devenue un acteur tant influent qu’acclamé au Sahel, un acteur qui a su exploiter le ressentiment des Africains vis-à-vis de Paris, qui promeut sur le plan médiatique (les chaînes françaises sont captées à Bamako, Ouagadougou, etc.) et ce depuis des décennies, une scélérate et décomplexée islamophobie. Une aubaine pour Moscou et un camouflet pour Paris, qui, en s’associant avec l’Italie, espère préserver son ancienne «chasse gardée».
Reste à conquérir les cœurs des peuples concernés, décidés plus que jamais à s’affranchir de vieilles logiques et à écrire directement leurs destinées.
M. R.
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