Les retombées de la réconciliation entre l’Iran et l’Arabie Saoudite sur l’Algérie
Par Abdelkader S. – La réconciliation entre l’Arabie Saoudite et l’Iran était dans l’air. Tous les indicateurs montraient, en effet, que des changements qui pourraient paraître soudains étaient en train de s’opérer doucement mais sûrement depuis l’opération militaire russe en Ukraine qui a chambardé tous les agendas et, surtout, prouvé la justesse de la position de l’Algérie par rapport aux dossiers internationaux.
D’abord, le rétablissement des relations diplomatiques entre Riyad et Téhéran freinera sec le processus de normalisation des pays arabes avec l’entité sioniste et poussera vraisemblablement à la révision de cette opération menée par l’administration Trump sous la conduite de son gendre sioniste Jared Kushner. On constate, avec le recul, que le président Tebboune avait raison de parler d’empressement, tout en assurant que l’Algérie ni ne s’ingérerait dans les choix de ses partenaires arabes ni se jetterait, pour autant, dans les bras d’Israël qu’elle continuera de considérer comme ennemi tant qu’il ne se retirera pas des territoires arabes occupés et ne cessera pas sa politique d’apartheid contre les Palestiniens.
Ce qui a poussé les Al-Saoud à tourner le dos aux Etats-Unis et à s’allier à l’Iran sous les hospices de la Chine, c’est d’abord la certitude née chez Mohamed Ben Salman, depuis le déclenchement de la guerre en Ukraine, que Washington ne bougera pas le petit doigt en cas d’attaque iranienne en représailles à une éventuelle agression israélienne. Une menace d’agression que le régime de Tel-Aviv brandit depuis quelques semaines et qui aurait pour conséquence désastreuse un embrasement généralisé dans une région instable et dans un contexte rendu extrêmement difficile par la grave crise énergétique qui frappe de plein fouet ce qu’on a toujours eu tendance à appeler les «grandes puissances occidentales» mais qui s’avèrent être des géants aux pieds d’argile.
Autres effets directs du réchauffement dans les relations entre l’Iran et l’Arabie Saoudite, la fin proche de la guerre au Yémen et une atténuation sensible du schisme entre les doctrines sunnite et chiite. Par ricochet, la situation en Irak tendra à la stabilisation avec l’affaiblissement des Etats-Unis, tandis que de nouvelles perspectives positives s’ouvrent devant un Liban déchiré par les conflits interconfessionnels.
Plus près de chez nous, l’Axe du mal Israël-France-Maroc sera brisé et épargnera à l’Algérie les coups bas qu’elle reçoit depuis que le Makhzen a décidé de s’offrir à l’entité sioniste pour, croyait-il, effrayer son voisin de l’Est. Mais la situation explosive qui règne en Israël, où les militaires se rebellent contre le gouvernement de Netanyahou, agacés par ces va-t-en-guerre prêts à sacrifier tout une population pour des intérêts politiciens étroits , affaiblit cet allié sur lequel Rabat comptait s’appuyer et dévoile les tares de cet Etat que l’Occident nous présentait comme l’exemple à suivre. La chaîne franco-israélienne i24 nous apprend même que des dizaines de milliers d’ingénieurs de la High-Tech s’apprêtent à quitter le pays pour s’établir sous des cieux plus cléments.
La réconciliation irano-saoudienne prélude un élargissement prochain des BRICS que l’Algérie entend intégrer dès que les conditions le lui permettront. Un nouveau monde naîtra alors sur le cadavre du système unipolaire qui a engendré un hégémonisme américain dévastateur. Dans ces grandes mutations mondiales, l’Algérie aura, en tout cas, fait le bon choix.
A. S.
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