Comment Borrell a sabordé sa visite à Alger avant même d’y mettre les pieds
Par Kamel M. – Le haut représentant de l’Union européenne pour les Affaires étrangères et la Politique de sécurité, qui effectue une visite officielle à Alger, a sabordé une opportunité d’aplanir les différends qui opposent l’Algérie et l’UE, d’un côté, et l’Algérie et l’Espagne de l’autre. Avant même de fouler le sol algérien, Josep Borrell a fait preuve, dans une interview accordée à nos confrères d’El-Khabar, d’une condescendance qui, assurément, ne fera pas plaisir à ses interlocuteurs algériens.
D’abord, sur l’Accord d’association avec l’Union européenne, dénoncé par Alger qui veut sa révision totale car favorable à la partie européenne, Josep Borrell, sans s’encombrer de termes diplomatiques, rejette la responsabilité sur l’Algérie, en levant presqu’un index menaçant en direction de ses hôtes, auxquels il «explique» que le blocage actuel n’arrange aucun des deux partenaires. Le représentant européen n’en admet pas moins que les exportations de l’Union européennes vers l’Algérie ont baissé de 45%, reprochant à cette dernière, à demi-mot, de se plaindre d’un accord qui, pourtant, selon lui, serait bénéfique à notre pays. Il explicite son approche par le fait que la balance commerciale «avantageuse» est la conséquence de «l’intégration des hydrocarbures parmi les exportations». L’Union européenne aurait donc accordé une faveur à ce pays du sud de la Méditerranée à propos duquel il reprend la formule dithyrambique habituelle, «voisin important» et «partenaire principal».
«Il faut que le blocage de l’Accord d’association cesse ! » enjoint cet homme politique espagnol qui rappelle, cependant, qu’il ne se rend pas en Algérie en tant que représentant de son pays, mais de l’Europe qui cherche ouvertement ses intérêts propres, en explorant des opportunités d’investissement dans le domaine énergétique depuis que la guerre en Ukraine a démontré la faiblesse de la maison Europe, lézardée, face aux bouleversements géostratégiques actuels. Le dernier en date est la réconciliation irano-saoudienne sous l’égide de la toute puissante Chine.
Borrell affiche la feuille de route de l’Europe : investir dans les infrastructures pour assurer la transition énergétique. Autrement dit, toute discussion avec le (les) voisin(s) du Sud doivent se faire de sorte à garantir la prospérité du Nord. Rien de nouveau donc. Il n’en reproche pas moins à l’Algérie d’avoir gelé le Traité d’amitié et bloqué les échanges commerciaux avec l’Espagne, à l’exception du gaz, invitant notre pays à lever ce gel «qui ne sert aucune partie» (sic).
K. M.
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