Contre la dictature du 49.3 : une crise politique profonde secoue la France
De Paris, Mrizek Sahraoui – Finalement, Emmanuel Macron a fait le choix de faire passer (sa) réforme des retraites par le recours à l’article 49/3 de la Constitution. Une décision incompressible parce que, jusqu’à quelques heures de l’heure de vérité, le gouvernement a affiché sa confiance, assuré de pouvoir réunir, a-t-on dit en tout cas, une majorité en faveur du texte. L’annonce de l’utilisation de l’outil constitutionnel qui permet le passage de la loi sans vote au Parlement a suscité un concert de vives réactions de la part des partis d’opposition et des syndicats.
Une intense salve de critiques venant de partout a visé le président Macron et la cheffe du gouvernement. C’est un député communiste sorti de l’hémicycle avant la fin de l’intervention de la Première ministre qui a planté la première banderille, dénonçant carrément une «déclaration de guerre faite aux Français». «Ce passage en force doit trouver une réponse à la hauteur de ce mépris du peuple», a fustigé le leader de la CGT. Le chef de file des frondeurs au sein des LR, à l’origine de l’échec cuisant du gouvernement de faire voter la réforme, a parlé, lui, d’un «moment préoccupant», et dit craindre une «rupture démocratique dans notre pays».
La suite des événements risque de prendre une tournure autrement plus périlleuse. Aux crises économique et sociale vient se greffer une crise politique majeure dont les conséquences sur la cohésion nationale et la suite du mandat d’Emmanuel Macron pourraient s’avérer désastreuses. D’aucuns parlent déjà du «crépuscule de Jupiter». La crédibilité du gouvernement s’en trouve entachée. Il y a même des députés qui remettent en cause la légitimité d’Emmanuel Macron.
Un président désormais confronté à une triple crise économique, sociale et politique, avec des partis d’opposition qui envisagent de déposer des motions de censure contre le gouvernement. Les syndicats ont appelé à une plus large mobilisation pour protester contre cette décision. Des manifestations ont déjà eu lieu dans plusieurs villes de France, des manifestations spontanées émaillées de dégradations commises sur le mobilier public, notamment dans la capitale. Des préfectures et des bâtiments publics ont fait l’objet d’attaques. Des affrontements violents avec les forces de l’ordre qui ont riposté par du gaz lacrymogène ont également marqué la journée d’hier, selon des médias locaux.
Au niveau de l’Assemblée nationale, les partis d’opposition s’apprêtent à déposer une motion de censure transpartisane ; côté syndicats, l’heure est à la continuité de la mobilisation après cette décision du gouvernement jugée d’une extrême violence. L’Intersyndicale, elle, a décidé de poursuivre le combat contre une réforme des retraites rejetée inique, brutale et injustifiée par plus 70% de Français. D’ailleurs, une grande journée de grèves et de manifestations sur l’ensemble du territoire est prévue pour le 23 mars à l’appel de l’Intersyndicale.
Qui devrait tirer les marrons du feu de cette grave crise politique, s’interrogent des commentateurs ? Leur réponse unanime : à l’extrême droite qui creuse doucement mais sûrement son sillon qui mène au palais de l’Elysée, avec l’aide d’Emmanuel Macron qui en porte seul la responsabilité, et qui risque de passer à la postérité du fait d’avoir été l’imprésario de l’entreprise mortifère fossoyeuse de la République.
M. S.
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