Le dernier souhait d’Enrico Macias s’il lui était permis de retourner en Algérie
Par Farida O. – Enrico Macias a réitéré son vœu de retourner en Algérie. S’exprimant dans l’émission «L’invité» de TV5 Monde, le chanteur natif de Constantine, aujourd’hui âgé de 84 ans, a estimé que «les gens qui oublient leur passé, les gens qui oublient leur identité, ce ne sont pas des gens bien, parce qu’il faut se rappeler d’où on vient, il faut se rappeler du passé pour mieux corriger l’avenir, parce que le passé nous donne des leçons, une fois que c’est passé, on reçoit des codes de façon à ce que l’avenir soit meilleur».
«Chaque millimètre carré de ma ville natale, je ne l’ai pas oublié», a-t-il insisté. «Je n’ai pas oublié même tous mes souvenirs d’enfance, je n’ai rien oublié, rien, rien, c’est resté», a renchéri le chanteur, ému aux larmes. «Je n’ai pratiquement pas eu de jeunesse, mon adolescence, c’est dans la violence, c’était la Guerre d’Algérie, et mon adolescence a été adoucie par la musique de Cheikh Raymond qui m’a mis le pied à l’étrier, qui m’a découvert, qui a découvert mes dons de musicien, de guitariste, je jouais dans son orchestre aux côtés de mon papa qui était son violoniste, j’ai joué avec eux à l’âge de quinze ans, dans cette violence quotidienne, heureusement qu’il y avait des répétitions, la musique…», a-t-il poursuivi, encore bouleversé.
«La mort de tonton Raymond a été un très gros coup dur pour moi et, jusqu’à présent, je le ressens, il a été tout le temps présent dans ma vie, même maintenant, de là où il est», a dit Enrico Macias, en affirmant qu’après la mort de son oncle, il était «orphelin» de lui, de sa musique et de son pays l’Algérie. Et d’ajouter, la voix chevrotante : «Quand on sait qu’on ne peut pas retourner quelque part, le choc est double, est triple, est quadruple. Quand on sait qu’on ne peut pas revivre des souvenirs qu’on a eus, qu’on a dans notre cœur, c’est trop dur, c’est une première mort, mais heureusement qu’on a les souvenirs, heureusement qu’on a la famille, qu’on a des amis, qu’on a la musique encore pour se ressourcer.»
«J’ai 84 ans maintenant, je ne sais pas si je vais y retourner un jour, en tout cas, je souhaite que ma famille aille dans les lieux de mon enfance, a souhaité l’interprète de Non, je n’ai pas oublié. Si je n’y retourne pas, je ne vois pas pourquoi j’irai reposer éternellement là-bas, j’aimerais y retourner de mon vivant.» «La première chose que je ferais si je retournais à Constantine, ce serait de me recueillir sur la tombe de Cheikh Raymond, d’aller embrasser sa tombe et de finir, avec la famille bien sûr, avec ses enfants, notre deuil parce qu’on ne l’a pas fini», a affirmé cet ambassadeur pour la paix qui a chanté dernièrement en Arabie Saoudite.
«La paix que je chante depuis mes débuts, depuis Enfants de tous pays, cette paix, je la vois, elle est en marche. Je suis optimiste malgré toutes les guerres, toutes les violences, même en ce moment, je suis quand même optimiste parce qu’un jour les hommes vont se réveiller et vont se dire mais c’est stupide ce qu’on est en train de faire ! » a regretté le chanteur de confession juive, en se disant certain qu’«il y aura la paix entre les Israéliens et les Palestiniens». «Mon cœur est avec les Israéliens et avec les Palestiniens, tous les êtres humains, qu’ils soient palestiniens ou israéliens, juifs, musulmans, chrétiens ou bouddhistes… On a tous un cœur, on a tous des sentiments», a conclu l’artiste.
Son vœu sera-t-il exhaussé ? Aura-t-il la même chance que Patrick Bruel qui a pu se rendre à Tlemcen en compagnie de sa mère ? Reposera-t-il dans sa terre natale comme Roger Hanin, enterré avec les honneurs à Alger ?
F. O.
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