Faillite de Silicon Valley Bank : montagne de dollars aux secours des nouvelles technologies

Powell Banque fédérale
Jerome Powell, président de la Réserve fédérale américaine. D. R.

Une contribution d’Ali Akika – Que se passe-t-il pour que le président américain vienne en personne à la télé rassurer le public américain et laisser la Banque fédérale américaine faire fonctionner la planche à billets – monnaie de singe – pour combler les puits sans fond des dettes et pertes d’une banque de la fameuse économie du numérique ? Il faut croire qu’il y a le feu en la demeure pour faire sortir Joe Biden de la Maison-Blanche et lui faire faire un boulot du ressort d’un ministre des Finances. Ce travail, en effet, revient à des experts de la finance pour faire la lumière sur les causes de ce tremblement de terre dont est victime la crème des banques des nouvelles technologies. Ces experts se contenteront d‘évoquer la tarte à la crème de la notion de crise sans aller plus loin. Car la crise fait partie de la «beauté» du capitalisme qui met sur le bord de la route les canards boiteux qui ne suivent plus le rythme effréné des économies «modernes». Je fais grâce aux lecteurs des arguments dont usent et abusent les idéologues et autres perroquets payés pour raconter des balivernes. Je vais me contenter de donner des faits et des informations rendues publiques. Je ne vais pas mettre lesdits faits bout à bout mais les mettre en relation avec des faits ignorés ou censurés.

Ainsi, les géants du numérique ont mis au chômage des milliers d’employés. Ces entreprises appelées les GAFAM, Microsoft, Facebook (devenu Métal), Amazon, Twitter, acheté par Léon Musk, croulent sous les dollars mais licencient, bizarre. Ces GAFAM travaillent avec des banques spécialisées dans l’économie numérique dont la plus grande Silicon-Valley-Bank s’est déclarée en faillite. Tout ce beau monde achète et vend en Bourse des actions, des obligations, reçoivent des dépôts de clients. Leurs capitaux reposent sur des actifs composés des technologies nouvelles et de la cryptomonnaie (privée) qui ne bénéficie pas de garanties de l’Etat. Ça marchait bien tant que l’argent coulait à flot, circulant sans entraves jusqu’au jour où un grain de sable s’introduit dans la machine bien huilée des affaires. Et ce grain de sable n’est autre que l’inflation que les bobos de Californie en jeans et cheveux longs n’ont pas vu venir. Dans leur monde douillet, les sanctions de leur cher pays contre la Russie et les bruits de la guerre en Ukraine sont étouffés par l’atmosphère des ruches d’abeilles que sont leurs entreprises de haute technologie. Avec ces faillites, ils vont comprendre qu’ils ne sont pas à l’abri d’un virus dévastateur du capitalisme comme l’inflation actuelle.

Alors qu’ils baignaient dans l’opulence de l’argent facile, voici que la Banque fédérale américaine, sans crier gare, augmente d’un coup les taux d’intérêt à 7%. L’argent devenait cher, fini donc l’argent facile que l’on pouvait emprunter sans pratiquement payer d’intérêt car les taux frisaient le chiffre zéro. Fini les investissements dans des châteaux en Espagne. Aux taux de 7% décrété par la Banque fédérale, les clients de Silicon-Valley-Bank se ruèrent sur les agences de ladite banque pour retirer leur argent et aller acheter des obligations et bons de Trésor qui rapportent dorénavant gros (7%). La Silicon Banque desséchée de liquidités se déclara en faillite et entraîna dans son sillage maintes banques américaines et même le Crédit Suisse. Le feu habituel en Californie n’était pas dû au dérèglement du climat mais bien l’œuvre de l’Oncle Sam qui s’est fixé comme objectif de demeurer le gendarme du monde. Sortons des recettes et magouilles de la finance et des spéculateurs et rentrons dans la géopolitique d’un monde où les adversaires ne risquent pas la faillite mais l’existence même de leur pays. Et dans ce monde, les Etats-Unis veulent demeurer la première puissante. Il leur faut donc neutraliser un obstacle de taille… la Russie.

Faire d’abord la guerre à la Russie pour se donner plus de chance face à l’ultime et coriace adversaire à abattre, la Chine. Alors l’Oncle Sam décrète des sanctions contre la Russie suivie des bons élèves de l’Europe. L’Oncle Sam oublia que la Russie, outre son passé et la conscience historique de son peuple, reposait sur des océans de gaz, de pétrole et de champs de blé à perte de vue. Notre Américain qui ne jurait que par son dollar s’attendait à ce que le billet vert ruine l’économie réelle russe. Sauf que son dollar avait commencé à perdre de sa superbe devant de vraies devises qui n’ont pas abandonné la réalité pour la fiction de la monnaie tenue artificiellement par la planche à billets. Et que trouve-t-il sur son chemin le dollar, une monnaie, le yuan qui ne sort pas des clous du périmètre d’un Etat capable de faire entrer ses milliardaires dans le périmètre où se joue le projet politique du pays. Ce pays, c’est la Chine qui est sur le point de le battre sur le terrain de l’économie réelle. L’Oncle Sam sait qu’il n’est pas sûr de résister et d’empêcher la Chine de devenir première puissance économique du monde. Alors, les stratèges américains pensent se battre et gagner grâce à leur économie numérique. Celle-ci était appelée, grâce à ces fameux GAFAM, à seconder le dollar, sinon le remplacer vu qu’il perd des plumes. Aider le dollar, les GAFAM opérant dans le monde entier, se sentent aptes à remplir leur tâche.

Avec leurs clientèles mondialisées, leurs liens étaient rythmés par des clics qui finissent par rencontrer le réel. C’est ainsi que Google, concurrence oblige, n’arrive plus à engranger toutes les recettes de la pub, Amazon, avec des clics de commande envoie lesdites commandes aux bras et à l’intelligence des ouvriers/employés qui rangent et expédient aux clients des produits physiques. Et ces hommes et femmes refusent de travailler comme au temps de Zola et font grève pour l’augmentation des salaires rongés par l’inflation. La grande Amérique avait déjà le dollar et se renforce sur le marché mondial grâce à sa suprématie dans les nouvelles technologies. La fête fut perturbée par un inconnu dont le produit nommé 5 G écorna les produits américains. Un concurrent, il faut s’en débarrasser. Et l’Oncle Sam ne s’embarrasse pas de morale et pour le neutraliser, il accusa d’espionnage la fille de ce concurrent en voyage au Canada. Le concurrent était, est un Chinois comme l’est le patron de Tik-Tok que les Etats-Unis viennent d’interdire sur le sol américain…

Y a-t-il un lien avec l’interdiction de la 5 G, de Tik-Tok et la faillite de la Silicon-Valley-Bank ? Pas directement ! Les mesures prises contre la 5 G et Tik-Tok font partie d’une politique des sanctions, des représailles pour neutraliser tout rebelle qui dérange l’Oncle Sam… Cuba, Iran, Venezuela, Russie. Avec la Chine, l’Oncle Sam a compris qu’il faut s’y prendre tôt avant que l’économie numérique chinoise surclasse celle des Etats-Unis comme elle est en passe de le faire dans l’économie réelle. La Chine, dans le domaine des technologies nouvelles, est même en passe de dépasser les Etats-Unis dans l’Intelligence artificielle. Celle-ci, la fine fleur des nouvelles technologies, est d’ores et déjà un facteur sur les marchés de la production et demain dans le domaine militaire. Cette avance de la Chine dans l’Intelligence artificielle rappelle l’exemple de la Russie dans le domaine des missiles supersoniques dont sont démunis les Américains. On peut jurer sans se tromper que ces missiles russes sont pour quelque chose dans le «réalisme pacifique» de l’Oncle Sam face aux Russes qui, du reste, ne semblent pas être impressionnés par les 30 pays de l’OTAN. Ainsi, les faillites dans le secteur bancaire des nouvelles technologies sont regardées et traitées comme arme stratégique actuellement.

Plusieurs leçons émergent de ces faillites en cascades aux Etats-Unis qui atteignent la Suisse, temple de la Finance. Le Crédit Suisse vient d’être racheté par l’UBS (1) ce dimanche pour éviter l’ouverture des Bourses le lundi. Technique habituelle des autorités pour éviter un raz-de-marée sur le système bancaire à l’ouverture des Bourses dans le monde entier. Cette crise ne ressemble pas à celle de 2008 parce qu’elle est née aux Etats-Unis, dans le secteur bancaire des technologies nouvelles, éminemment stratégiques sur le plan économique et financier mais aussi dans le domaine de la défense et la sécurité des pays. La guerre en Ukraine en offre la démonstration dans le renseignement et le cyberattaque…

Cette crise montre aussi les fissures du système financier dominé par le dollar lequel est attaqué par la venue d’autres devises sur le marché international. Et à travers les fissures du système financier, on assiste à la revanche de l’économie réelle qui a démontré sa primauté sur la finance durant la crise sanitaire du Covid et le bras de fer actuel avec la Russie.

Et sur le plan de la géopolitique, nous assistons à des retrouvailles des Etats-Unis, de la Russie et de la Chine qui se sont déjà affrontées durant la guerre froide. Aujourd’hui, chacun de son côté se prépare pour une éventuelle guerre chaude. Et la leçon à tirer sur le plan des relations internationales, c’est de changer de logiciel et de ne plus s’autoproclamer guide du monde et de croire que la communauté internationale tourne autour du nombril nommé Occident. Il est venu le temps de regarder le monde autrement. L’Occident n’a plus le monopole de la production de la richesse ni de la puissance des armes et de la science et, pour paraphraser un président français, «il n’y a pas non plus le monopole du cœur».

A. A.

1- UBS, grande banque suisse rivale du Crédit de Suisse qu’elle vient d’acheter, avalée pour une bouchée de pain. UBS a payé 3 milliards d’euros alors qu’elle valait le triple. Voilà pourquoi les crises sont du pain béni pour les spéculateurs, voilà ce qui fait la «beauté» des affaires où l’on nage au milieu de requins.

Comment (3)

    Elephant Man
    22 mars 2023 - 8 h 05 min

    Excellente contribution.
    Je reprends pour l’occasion mon commentaire : 2022/06/08 :
    Effectivement, ce que la Russie a fait en partie en rapatriant son or notamment et ce bien avant l’Ukraine car déjà sanctions.
    Bien avant la Russie (cf. Ukraine), c’était déjà le cas pour le Venezuela, l’Afghanistan, l’Irak, Libye, l’Iran (cf. l’Irano-Britannique Nazanin Zaghari-Ratcliffe, emprisonnée depuis 2016 en Iran condamnée pour sédition, a été livrée à la Grande Bretagne après avoir purgé sa peine, en échange de 530 millions de dollars des fonds iraniens gelés par Londres datant de l’époque du Chah d’Iran) d’ailleurs quand les USA émettent des sanctions contre des dignitaires Iraniens politiques ceux-ci ne s’en trouvent pas impactés puisque leur argent dans les banques Iraniennes…
    Maintenant le Président Poutine, pas dupe et fin stratège, a anticipé les sanctions et aurait pu rapatrier ses avoirs avant qu’ils ne soient gelés sauf que Poutine les a pris à leur propre piège : il fallait que les avoirs Russes soient volés pour imposer le Pétro-Rouble à tous ceux qui ont participé au vol pas seulement pour punir les voleurs mais pour casser les bases du système sur lequel ils sont assis.
    Et @Chark :
    Salut @ Elephant Man
    Effectivement la Russie à trés bien su réagir , et vient de leur d’infliger une nouvelle riposte » glaçante » , désormais la Russie réglera sa dette extérieure en rouble et non plus en dollar et en euro aux pays inamicaux ( V Poutine ) , si demain la Chine décidait d’entrer en conflit avec Taîwan et les usa , un séisme monetaire mondial se produirait , car à ce moment là , la Chine , et la Russie pourrait envoyer le dollar et l’euro dans la poubelle de l’histoire …. !

    Amin99
    20 mars 2023 - 21 h 46 min

    Les premiers signes de craquements boursiers ont commencé et à mon humble ce n’est que le début.
    La planche à billets a surtout servie à générer de l’inflation, créer des bulles spéculatives dans differents marchés y compris boursiers mais pas veritablement servie à l’économie réelle qui vacille et souffre, le taux de croissance des économies occidentales est en berne depuis de nombreuses années.

    Ce sont principalement les grands fonds d’investissement avec à leurs têtes de richissimes hommes d’affaires qui alimentent et maintiennent artificiellement les marchés boursiers grâce à l’argent facile prêté généreusement par les banques.

    Compte tenu de l’augmentation des taux et l’assèchement de l’argent facile d’une part, des dettes abyssales des états et des organismes privés d’autre part, il sera de plus en plus difficile de sauver les marchés, la correction est donc inévitable et sera d’une grande brutalité, une onde de choc jamais égalée qui emportera dans son passage beaucoup de monde, il faut s’y préparer.

    Ceux qui s’en sortiront le mieux seront sans doute les économies qui se désolidariseront du dollar.
    A bon entendeur

    Brahms
    20 mars 2023 - 14 h 14 min

    Cela fait deux ans que je disais que leur système va aller au tapis ?

    En effet, ces usurpateurs et voleurs de la Bourse de New York font des bénéfices sur le dos des épargnants et pensent que leur DIEU est César ou Darius (inventeur de l’argent) qui avait organisé la monnaie achéménide comme un nouveau système monétaire uniforme.

    Si bien que les gens ne croient plus en Dieu mais à l’argent, leur Dieu étant César ou Darius de sorte qu’il n’y a plus de bénédiction mais plutôt un appauvrissement général des citoyens du monde où une minorité de faussaires captent l’argent du monde donnant des Bill Gates, des Ben Salmane, Bernard Arnaud qui s’enrichissent sur le dos des citoyens.

    Rappelons enfin que l’Amérique a 30 000 milliards de dollars de dettes donc comment se pays peut sauver sa banque SVB avec autant de dettes. En réalité, cette politique du sapeur camembert va emmener le monde à sa ruine car quand l’Amérique aura 40 000 milliards de dollars de dettes sans compter les intérêts à hauteur de 400 milliards de dollars par an, mais qui paiera ce fardeau ?

    Réponse : Les pays africains seront colonisés de nouveau mais sous une autre forme pour payer l’ardoise pharaonique de l’Amérique.

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