«Khabardjia» (mouchards) par-ci et par-là…
Une contribution de Kaddour Naïmi – La lecture d’un article d’Ahmed Bensaada sur les «khabardjia» (mouchards, informateurs) (1), qui fournit des preuves vérifiables sur la manière employée par certaines personnalités algériennes pour entretenir des relations avec des représentants de nations étrangères, est à mettre en rapport avec un extrait du Code pénal français : «Section 2 : Des intelligences avec une puissance étrangère/Article 411-4 : Le fait d’entretenir des intelligences avec une puissance étrangère, avec une entreprise ou organisation étrangère ou sous contrôle étranger ou avec leurs agents, en vue de susciter des hostilités ou des actes d’agression contre la France, est puni de trente ans de détention criminelle et de 450 000 euros d’amende. Est puni des mêmes peines le fait de fournir à une puissance étrangère, à une entreprise ou une organisation étrangère ou sous contrôle étranger ou à leurs agents les moyens d’entreprendre des hostilités ou d’accomplir des actes d’agression contre la France.»
Etant donné que des médias de l’oligarchie dominante française, et certaines personnalités algériennes, présentent les personnes mentionnées par Ahmed Bensaada comme étant des citoyens «honorables», «défenseurs des droits de l’Homme» et de la «liberté d’expression», il est utile d’ajouter à l’article de Bensaada des observations complémentaires.
Contacter des représentants de nations étrangères, de toute évidence caractérisées par des interventions clandestines (changement de régime, «révolutions colorées») sinon des agressions armées directes contre les gouvernements d’autres nations, taxés de «dictatoriaux», pour exporter la «démocratie» (notamment en ex-Yougoslavie, Irak, Libye), ce genre de contact de la part de personnalités algériennes, pour fournir des informations sur la situation algérienne, ne tombe-t-il pas dans les cas considérés par le Code pénal français, en matière d’«intelligence» ? A moins que ce qui est nuisible à la France, selon son Code pénal, ne le soit pas quand il s’agit de l’Algérie. Il est vrai que les collaborateurs indigènes de la France coloniale en Algérie, les harkis, qui ont trahi leur patrie d’origine, sont considérés en France comme des héros, tandis qu’au contraire les collaborateurs français des nazis sont vus comme des traîtres. «Vérité en deçà, erreur au-delà.»
Ne sommes-nous pas, alors, devant une hypocrisie évidente de l’oligarchie française, à l’image de celle de tout le camp de la «démocratie» qui, en réalité, est un bloc impérialiste-néocolonial-sioniste d’une caricature de démocratie très contrôlée, au service des oligarchies dont le but est la domination de 1% d’individus milliardaires sur la planète ? Cela fut déclaré par le milliardaire américain Warren Buffett : il existe «bel et bien une guerre des classes mais c’est ma classe, la classe des riches qui fait la guerre et c’est nous qui gagnons». Les événements actuels du monde semblent montrer qu’il a crié victoire trop vite.
En tout cas, nous sommes avertis : les personnalités d’une nation comme l’Algérie, entretenant des relations avec les représentants de nations étrangères qui interviennent dans des pays tiers, ces personnalités sont considérées par ces derniers et leurs thuriféraires comme des citoyens qui luttent pour la «démocratie», exactement comme les personnalités irakiennes et libyennes qui avaient fourni des informations aux représentants de nations étrangères pour faciliter leurs interventions militaires en vue d’établir la «démocratie» en Irak et en Libye.
Encore une observation. Même dans le cas où une nation, comme l’Algérie, manque de démocratie, qu’elle est soumise à un «régime», à une «dictature», est-ce que lutter pour y établir la démocratie (réelle) nécessite la fourniture d’informations à des représentants de nations étrangères dont on sait désormais le genre de «démocratie» qu’elles ont installée en Irak, en Libye et dans d’autres pays ?
K. N.
1- Wikileaks et les «khabardjia», 8 mars 2023, https://tribune-diplomatique-internationale.com/algeriewikileakskhabardjia/
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