Etat policier
Par Mrizek Sahraoui – Le projet de réforme des retraites n’en finit pas d’empoisonner le second mandat d’Emmanuel Macron. Non seulement la mobilisation ne faiblit pas ; pis encore, elle s’amplifie à mesure que le président Macron ou les membres de son gouvernement prennent la parole. Ou encore à cause de la réponse apportée aux grèves et aux manifestations : une solution policière à une question politique. Une stratégie perdant-perdant, ont fait remarquer des observateurs, qui risque de causer la rupture définitive entre les Français et leur police.
Les vidéos et les témoignages accablants sur des policiers auteurs de violences sur des manifestants, notamment à l’occasion de la journée de mobilisation du 23 mars dernier, recueillis par des médias indépendants (les médias mainstream se contentent, eux, de relayer la parole et les images – favorables – fournies par les services du gouvernement), sont de nature à miner le peu de confiance qui reste encore entre le peuple et les institutions. Institutions sous le feu des critiques des citoyens, des médias internationaux, et même du Conseil de l’Europe. Ce dernier a, en effet, déploré au lendemain de la manifestation du 23 mars un «usage excessif de la force» contre les manifestants, appelant la France à «respecter le droit de manifester». «La France a le régime qui, dans les pays développés, s’approche le plus d’une dictature autocratique», écrit le Financial Times dans son éditorial du 25 mars.
Aux yeux de beaucoup de Français, les forces de l’ordre n’ont plus pour mission de veiller à la sécurité de la population, mais sont perçues comme un instrument de répression avec pour seul et unique but de sauver le régime en place. C’est la controversée Brigade de répression de l’action violente motorisée (BRAV-M), surnommée «l’Escadron de la terreur» sur les réseaux sociaux, «Miliciens violents», l’a affublée un député, c’est cette unité spéciale aux méthodes d’une extrême brutalité, créée en mars 2019 en réaction au mouvement des Gilets jaunes, qui concentre toutes les critiques.
Des critiques visant cette brigade dont le rôle principal est, accuse-t-on, de faire peur, de sidérer, de terroriser les manifestants. Tant et si bien que beaucoup disent assister à la restriction, voire à l’effondrement des libertés publiques. Des libertés publiques menacées par la faute du président Macron, soupçonné d’attiser les tensions politiques et la violence. Lequel, depuis son accession au pouvoir en 2017, a fait voter pas moins de neuf lois et mesures sécuritaires. En arrivant, Emmanuel Macron a trouvé une République, il en a fait un Etat policier au service d’une oligarchie.
Président disruptif, quitte à fracturer son pays, à y semer le chaos.
M. S.
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