La paix des BRAV de Macron imposée à ses citoyens insurgés
Une contribution de Khider Mesloub – On se souvient qu’en 1958, en pleine Guerre de libération de l’Algérie, au lendemain du coup d’Etat du 13 mai 1958, lors d’une conférence de presse donnée à l’hôtel Matignon, le 23 octobre 1958, Charles de Gaulle avait déclaré : «Que vienne la paix des braves et je suis sûr que les haines iront en s’effaçant.» Ce grand résistant en robe de chambre qui avait guerroyé depuis son hôtel de luxe de Londres contre les nazis, Charles de Gaulle, qualifié par la gauche de dictateur, voulait de nouveau se hisser en «homme providentiel» de la France colonialiste, plongée dans une grave crise gouvernementale et confrontée à la guerre de libération menée par les indépendantistes algériens, en proposant la «paix des braves», c’est-à-dire un cessez-le-feu unilatéral. Evidemment, cette «paix des braves» est rejetée par le FLN, optant de facto pour la poursuite de la lutte jusqu’à l’obtention de l’indépendance de l’Algérie. Soit dit en passant, Charles de Gaulle reconnaît lors de cette conférence que les révolutionnaires algériens se battent courageusement. «Et cependant, je dis, sans embarras, que pour la plupart d’entre eux, les hommes de l’insurrection ont combattu courageusement», avait-il déclaré.
On désigne par la Paix des braves une proposition ou des accords de réconciliation conclus à des conditions honorables pour les deux parties belligérantes. Quoique calculée, cette «paix des braves» proposée par le général de Gaulle avait le mérite de vouloir sincèrement apaiser le climat de guerre.
Plus d’un demi-siècle plus tard, son successeur, le président Macron, apprenti dictateur qui aura dépassé son maître de Gaulle en matière de despotisme déclaré occidental (plus sanguinaire que le despotisme éclairé oriental), pour endiguer le climat insurrectionnel actuel déclenché par suite de l’imposition de la réforme des retraites, impose la paix des BRAV, celle de la terreur policière.
Pour information : la BRAV-M (Brigades de répression des actions violentes motorisées), appelée communément par abréviation BRAV, sont des brigades mobiles constituées de binômes à moto, intervenant à Paris lors de manifestations. Comme la police, désignée sous le nom de gardien de la paix, la BRAV est censée instaurer la paix. Mais une singulière paix puisque la BRAV instaure Sa Paix par de sanglantes méthodes.
Une chose est sûre : la paix des BRAV macronienne a la particularité non pas d’apaiser un contexte de crise marqué par de massives manifestations, mais d’attiser et d’enhardir les protestataires désarmés descendus dans la rue manifester pacifiquement.
La paix des BRAV de Macron est une véritable déclaration de guerre. Au reste, elle avance masquée et casquée pour mieux asséner ses fourbes coups contre les manifestants. La paix des BRAV de Macron se conclut à coups de matraques, de plaquage ventral, de clés d’étranglement, d’éborgnement. La Paix des BRAV de Macron se mène à coup d’intimidations, d’humiliations et d’arrestations. La paix des BRAV de Macron peut, en quelques minutes d’interventions musclées, envoyer à l’hôpital des dizaines de blessés, dans le coma plusieurs manifestants mutilés. La paix des BRAV de Macron sent la poudre, empeste le gaz lacrymogène. La paix des BRAV de Macron estropie par sa brutale force répressive. Etouffe par ses encerclements gazés. Eborgne par ses grenades. Ses LBD, ces armes létales projetées sur les manifestants comme des confettis par des hordes de police hilarantes, délirantes.
La paix des BRAV de Macron sent le soufre et apporte la souffrance.
La paix des BRAV de Macron s’apparente à la paix des cimetières instaurée par les fauteurs de guerres gouvernementaux : elle s’emploie à lancer des offensives pour neutraliser violemment des manifestants désarmés.
La paix des BRAV de Macron brave des innocents manifestants pour leur faire la guerre. Elle applique à la lettre le concept de paix armée, symbolisé par cette cynique devise des classes dominantes : Si vis pacem, para bellum («Si tu veux la paix, prépare la guerre»). Autrement dit, pour avoir la paix (sociale) il faut faire la guerre (à son peuple).
La paix des BRAV de Macron signe la paix en lettre de sang, paraphée à même le corps des manifestants à coups de matraques en guise de stylo à plume.
La paix des BRAV de Macron, elle bave de haines et d’humiliations policières, de sadisme gouvernemental, de cruautés institutionnelles, d’inhumanité élyséenne.
La paix des BRAV de Macron ne vise pas le cessez-le-feu, mais œuvre à l’embrasement des incendies.
Autrement dit, elle ne vise pas à signer la paix mais à saigner le peuple.
La déclaration de Charles de Gaulle était : «Que vienne la paix des braves et je suis sûr que les haines iront en s’effaçant.» Celle de Macron est : «Que vienne la paix des BRAV, et bien sûr les haines vont en s’accentuant.» Au pas de course. Au pas de charge. En deux roues. Par les pavés.
Aussitôt qu’elle débarque dans une place, la paix des BRAV de Macron ouvre, par miracle dont les services de renseignement de l’Elysée ont le secret, un grand boulevard aux affrontements, aux violences, aux dégradations.
La paix des BRAV de Macron porte en elle la guerre comme la classe dirigeante capitaliste belligène qu’elle sert.
Quoi de plus méprisable que de recevoir de l’argent pour violenter des hommes
Cyniquement, selon plusieurs sources récentes, quand la BRAV-M est mise en cause pour des violences contre des manifestants, elle plaide la «fatigue». C’est vrai qu’à force de cogner et de gazer, ces agents de répression souffrent de burn out.
Il serait peut-être temps qu’ils prennent leur retraite. Qu’ils changent de métier. Franchement, en vrai, de nos jours, les policiers sont des soudards. Pour information, «soudard», mercenaire brutal et grossier, vient de «soudoyer», qui a fait «soldat» militaire qui reçoit une solde régulière. Historiquement, longtemps c’était un métier méprisé. Et comment peut-il en aller autrement ? Quoi de plus méprisable que de recevoir de l’argent pour violenter ou tuer des hommes, qui plus est ses concitoyens, ses compatriotes ? De surcroît, dans la majorité des pays capitalistes, les policiers sont devenus une véritable milice activant au service exclusif des puissants.
Au vrai, les policiers, souvent issus de milieux populaires, sont instrumentalisés par la classe dominante et son Etat. Autrement dit, ils sont manipulés par la classe dirigeante pour exécuter les basses besognes répressives pour préserver un ordre social d’exploitation et d’oppression en déclin, condamné par l’Histoire. Ils sont devenus l’ultime rempart d’une classe dominante en putréfaction.
S’ils veulent devenir de braves hommes, qu’ils rejoignent le camp des résistants, celui des exploités et des opprimés en lutte contre le système capitaliste. Le vrai camp de la Paix, celle portée dans le ventre de la société sans classe en voie d’accouchement.
Combien de policiers avaient défendu l’ordre social esclavagiste, colonialiste, nazi, fasciste, stalinien, contre les résistants, les opposants, les dissidents ? Des centaines de milliers, peut-être des millions. Pourtant, tous ces systèmes d’exploitation et d’oppression ont fini par être balayés par l’Histoire. C’est le sort réservé au capitalisme. Il est en train de s’effondrer sous nos yeux. Aucune police ni armée ne peut sauver le capitalisme. Encore moins la paix des BRAV instaurée par Macron.
Cette incendiaire police mobilisée par le pyromane Macron ne pourra jamais éteindre le feu de la révolte sociale qui embrase la France, et bientôt l’ensemble de l’Europe, puis les autres pays du monde !
K. M.
Ndlr : BRAV-M, Brigades de répression de l’action violente motorisées, un corps de la police française contesté pour ses méthodes brutales.
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