La liberté de parole et l’impunité judiciaire garanties aux néofascistes français
Une contribution de Khider Mesloub – En France, sous le régime musclé de Macron à la politique répressive, fondée sur l’usage structurel des gaz lacrymogènes contre les opposants, en digne successeur de celui de Vichy, réputé pour avoir participé à l’entreprise allemande de gazage de populations, lors de chaque manifestation tout citoyen a désormais plus de risque d’être systématiquement gazé par des escadrons de police mobiles. Pis : comme à l’époque trouble et sombre de la Restauration nationale de Vichy, étoilée par le Guide du Reich allemand, le grand chef nazi Hitler, il risque également d’être raflé, mis en garde à vue pour être cuisiné par les poulets. Pire encore : d’être mutilé, envoyé dans le coma pour avoir subi des coups et blessures graves infligés par la police, notamment au moyen de son arme de guerre, le LBD.
En particulier, si les manifestants scandent des slogans anticapitalistes, anti-gouvernementaux, anti-Macron, anti-police. Un seul slogan jugé attentatoire à l’ordre public ou à l’image du président de la République, et le manifestant est aussitôt embarqué manu militari. Mis en garde à vue, jugé en référé, condamné à la prison (souvent avec sursis), condamnation assortie d’une amende, flanquée d’un fichage S (le fiché S fait l’objet de recherches pour prévenir des menaces graves pour la sécurité publique ou la sûreté de l’Etat).
En revanche, si des milliers de néofascistes français, se livrant quotidiennement, via une application cryptée, à des propos d’incitation à la haine, à la violence et à la discrimination, couplés avec des incitations à commettre des attentats contre les populations immigrées et musulmanes, sont démasqués, le régime de Macron n’appréhende aucunement les suspects. Il fait montre d’une grande indulgence et mansuétude à l’égard de ces dangereux racistes potentiellement terroristes. D’aucuns diront complaisance. Et quand il se résout à réagir, comme avec la dernière affaire FrDeter (abréviation de Français déterminés), le gouvernement Macron se contente, par la voix de son ministre de l’Intérieur, de formuler révérencieusement une requête de fermeture de la messagerie cryptée Telegram utilisée par le groupe d’extrême droite incriminé, baptisé FrDeter. Une chose est sûre, en l’espèce, aucune juridiction n’a été saisie. Ni la sous-direction anti-terroriste.
Les suspects néofascistes FrDeter demeurent ainsi libres. Ils peuvent librement continuer, par d’autres moyens de communication, à répandre leur discours raciste et xénophobe contre les musulmans, à poursuivre leur entreprise d’incitation à commettre des actes terroristes contre les populations arabe et noire, en toute sérénité et impunité.
C’est la dernière scandaleuse affaire politique révélée par les médias français ou plutôt une plateforme communautaire maghrébine, Tajmaât, relayée ensuite par la presse. L’affaire FrDeter, du nom du groupuscule néo-nazi «créé pour réunir des identitaires dans toute la France», a été dévoilée grâce au travail d’infiltration de ce groupe néofasciste par des membres de la communauté Tajmaât. Le service Tajmaât se présente comme une «plateforme collaborative pour la diaspora maghrébine». En guise de preuve de la véracité des informations rapportées, Tajmaât a fourni plusieurs captures d’écran des boucles de discussion du groupe néofasciste français FrDeter, où les utilisateurs échangent des propos racistes et des appels à des actions meurtrières. La messagerie avait plus de 7 000 abonnés néofascistes.
Selon Tajmaât, de nombreux membres de ce groupe d’extrême-droite FrDeter appartiennent à la police, à la gendarmerie, à l’armée ou sont membres éminents de partis politiques. En effet, parmi les utilisateurs de ces groupes, certains se prévalent de la qualité de militaires ou de fonctionnaires de police.
Au reste, Tajmaât a prévenu que «dans le cas où les fonctionnaires impliqués ne sont pas sanctionnés, qu’aucune enquête est faite, ou que l’affaire est étouffée médiatiquement, nous diffuserons publiquement notre archive contenant 1 168 screens et les centaines d’individus».
Assurément, grâce à ce remarquable travail d’infiltration, Tajmaât aura permis de déjouer un projet de ratonnade dans un quartier populaire de Lille en marge de Ramadhan.
En tout cas, ces néofascistes projetaient de perpétrer des ratonnades et des attentats. Leurs cibles principales : les Arabes, les musulmans et les Noirs. «Le vrai problème, c’est les Arabes, les musulmans et les Noirs», déclare l’un des membres. Un nouvel arrivant dit «aimer taper les Noirs et les Arabes avec ses frères blancs». Un autre est moins intéressé par la discussion que par la formation d’une milice.
Un membre du parti LFI a dénoncé l’attitude de Gérald Darmanin qui, au lieu de traquer le vrai terrorisme d’extrême-droite, préfère s’en prendre au pseudo-«terrorisme intellectuel» de la gauche.
Il est vrai que le gouvernement Macron est plus réactif et, surtout, plus sévère et répressif quand il s’agit de militants d’extrême-gauche. Une femme, membre des Gilets jaunes, a été interpellée récemment à son domicile, mise en garde à vue, pour avoir publié un post Facebook ironique dans lequel elle compare Macron à une ordure. En effet, en pleine grève des éboueurs, elle a écrit : «L’ordure va parler demain à 13 heures, pour les gens qui ne sont rien, c’est tjrs (sic) à la télé que l’on trouve les ordures.» Résultat : elle est convoquée devant le tribunal au mois de juin. Elle risque une condamnation et une lourde amende.
Pour rappel, Macron a toujours soutenu la liberté d’expression et le droit à la satire, notamment ceux de Charlie Hebdo, qui avait publié des caricatures ordurières du prophète Mohamed, dessiné dans une posture avilissante, voire pornographique.
Voilà : deux poids, deux mesures. Quand le caricatural Macron, qui se prend pour Jupiter, est égratigné, il crie au scandale, dénonce l’atteinte à la dignité de l’image présidentielle, et réclame une condamnation exemplaire. Quand il s’agit du prophète d’un milliard et demi de musulmans, en revanche il revendique le droit à la caricature au nom de la liberté d’expression.
Cela étant, tout porte à croire que le gouvernement Macron se montre complaisant avec l’extrême-droite. Tel n’est pas le cas de l’Allemagne où, au mois de décembre dernier, un réseau de néonazis avait été démantelé. En effet, alors qu’il est composé de 25 membres seulement (la messagerie Telegram française rassemble 7 000 abonnés, un chiffre qui fait froid dans le dos), les autorités allemandes avaient décidé de les arrêter pour les traduire en justice.
Dans un de ses sketchs, Coluche dit ironiquement : «La drogue a fait cent morts en France l’année dernière, l’alcool cinquante mille ! Choisis ton camp, camarade !» Tout porte à croire que le gouvernement Macron a choisi son camp : il œuvre au renforcement du camp des néofascistes (pourtant responsables de millions de morts). Ceux-ci, assurés de l’impunité policière et judiciaire, s’adonnent dorénavant en toute liberté à leurs activités d’incitation à la haine raciale et aux actes de terrorisme contre les populations immigrées arabes et noires.
Aujourd’hui, dans la France de Macron, un Français qui choisit le camp de la réaction et du fascisme a mille fois moins de risque d’être interpellé pour ses propos racistes qu’une brave dame qui poste un message ironique anti-Macron sur sa page Facebook. Il a encore moins de risque d’être interpellé. D’être bastonné par un flic. Embastillé par la justice. D’être gazé.
N’était le travail remarquable d’infiltration opéré par Tajmaât, ces néofascistes, quoique repérés et fichés depuis longtemps (probablement infiltrés), auraient probablement continué à sévir librement, aussi bien sur leur messagerie Telegram que sur le terrain par leurs ratonnades programmées, attentats planifiés. Et aucun journal officiel n’aurait ébruité l’affaire au nom de l’omerta gouvernementale observée dans les complots ourdis par les officines d’extrême-droite souvent instrumentalisées par des agents de renseignement généraux.
Selon plusieurs sources, la police du Renseignement reprocherait à Tajmaât d’avoir divulgué cette affaire. Car «la police du Renseignement voulait poursuivre encore la surveillance du groupuscule néonazi» (sic). Le surveiller ou l’instrumentaliser ? That’s the question !
K. M.
Comment (20)