Partenariat économique entre l’Algérie et l’Italie : l’heure des premiers bilans
De Rome, Mourad Rouighi – Traditionnelles et fondées sur l’intérêt commun, les relations entre l’Algérie et l’Italie ont toujours été empreintes de respect et de collaboration, utiles aux deux parties. Et les excellentes relations entre les différents gouvernements depuis les années 1960 ont de tout temps suscité et motivé certaines synergies, avec un tournant en 2018, fortement soutenu par les deux chefs d’Etat, Sergio Mattarella et Abdelmadjid Tebboune et le Premier ministre de l’époque, Giuseppe Conte, qui voulurent à tout prix «changer de braquet» et aller plus loin, favorisant le lancement de ce qui est communément désigné par le partenariat stratégique entre l’Algérie et l’Italie.
De même, et à de nombreuses reprises, le président Tebboune a rendu hommage à l’Italie et à son Président pour leur soutien convaincu à chaque pas franchi avec l’Algérie, à la stabilité de la région et à une plus grande intégration économique, visant à offrir des opportunités au monde économique des deux pays.
Evidemment, sur le plan économique, certains pourraient nous dire que la quasi-totalité des échanges tourne toujours autour du secteur de l’énergie. Mais les choses sont en train de changer, et vite !
Aujourd’hui, l’Algérie accélère dans le sens des réformes économiques et le fait de manière ciblée. Le programme proposé par le gouvernement ouvre une nouvelle phase de développement et jette les bases de la création d’une économie dynamique et diversifiée. Et les premiers résultats laissent entrevoir que les secteurs hors gaz et pétrole développent des progrès significatifs, et enregistrent des courbes de croissance prometteuses.
Et les accords signés ces dernières années, dans leurs dimensions économique et commerciale, ont permis la diversification des échanges et concernent désormais divers secteurs dont les perspectives sont jugées ambitieuses.
En effet, la coopération industrielle, malgré la pandémie et la conjoncture internationale, est excellente et croissante, grâce à l’impulsion donnée par les deux gouvernements. Le volume des échanges entre les deux pays dépassera les 20 milliards d’euros cette année, à la faveur d’exportations record, faisant de l’Italie l’un des principaux partenaires commerciaux de l’Algérie.
D’autre part, notre pays renforce son statut de premier partenaire de l’Italie en Afrique et dans le monde arabe. Une tendance qui sera au centre du prochain Forum d’affaires Algérie-Italie, qui réunira environ 300 entreprises italiennes et algériennes et qui se tiendra à Alger.
Sur ce plan, l’implication tant attendue des entreprises italiennes dans l’économie algérienne s’accélère avec des sites de production dans l’industrie automobile, le lancement de partenariats dans l’industrie pharmaceutique, la promotion de joint-ventures pour la recherche et la coproduction de produits pharmaceutiques, les sociétés mixtes dans l’agroalimentaire qui bénéficient d’incitations ciblées et une relance résolue du secteur de la pêche et d’autres secteurs également. Sans oublier les énergies renouvelables, les infrastructures, les microentreprises, les start-up et la promotion des investissements à forte valeur ajoutée et à l’impact social assuré.
Il va sans dire que l’Algérie s’est préparée à ce défi et offre aujourd’hui des opportunités d’investissement très diversifiées et les opérateurs italiens, qui ont pris conscience de l’énorme potentiel offert et des perspectives d’affaires, se tournent de plus en plus vers l’un des marchés les plus attractifs, qui plus est revendique une stabilité financière substantielle.
Dans quelques années, les secteurs indiqués devront permettre à l’Algérie des exportations diversifiées, compétitives et de qualité, y compris celles à haute valeur ajoutée.
Et l’Italie, qui participe avec des sociétés mixtes et des joint-ventures, va ainsi voir s’ouvrir toutes grandes les portes des marchés arabes et africains, dans un plan de croissance et de développement ambitieux, promu en commun et qui devra capitaliser à moyen terme, des ressources financières très importantes.
Le plan met également l’accent sur un atout du système italien, à savoir celui des petite et moyenne entreprises ou industries. Il s’agit d’un secteur dans lequel le made in Italy est présent et peut apporter une contribution importante, car l’économie italienne s’est toujours appuyée sur un réseau dense de PME qui contribuent à la création de la plupart des emplois et de la richesse nationale, ainsi que sur une importante part des exportations.
Il s’agit d’un modèle auquel les autorités algériennes s’intéressent et qui correspond davantage aux besoins d’un pays en développement et à revenu intermédiaire comme l’Algérie.
Mais de toute évidence, le programme en cours n’entend pas négliger le secteur de l’énergie qui restera hautement stratégique pour d’autres décennies et sur lequel les deux pays vont fortement s’appuyer.
En effet, les relations de long terme entre les deux groupes nationaux, Sonatrach et ENI, inaugurées avant même l’indépendance de l’Algérie, ont permis la parfaite intégration de ce binôme dans l’activité internationale, avec des investissements ad hoc et une projection vers l’avenir, attentifs aux nouvelles technologies et aux nouvelles frontières, garanties par le marché des énergies renouvelables, la géographie aidant et permettant aux deux pays d’être au centre du marché européen et d’intégrer les nouvelles synergies qui se dessinent avec d’importantes infrastructures, comme le gazoduc Galsi, suivant toujours une logique gagnant-gagnant.
M. R.
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