L’ONU confie une instance chargée de la lutte contre les stupéfiants au… Maroc
Par Houari A. – Le monde marche sur la tête. L’ONU vient de confier la présidence de l’Organe international de contrôle des stupéfiants (OICS) au Maroc, premier pays exportateur de drogue au monde. Ce palmarès peu honorable rend, en effet, cette situation on ne peut plus aberrante. En effet, si on se réfère aux missions de cet organisme, l’incompatibilité d’un tel choix devient flagrante.
Le mandat de l’Organe international de contrôle des stupéfiants est de veiller à ce que les gouvernements appliquent les dispositions des conventions internationales relatives au contrôle des drogues. «Les conventions actuellement en vigueur […] visent […] à garantir un usage sans risque des substances psychoactives potentiellement dangereuses et à prévenir la consommation de médicaments sans utilité médicale», explique-t-on. «Les Etats qui deviennent parties aux conventions [de l’OICS, ndlr] sont tenus d’adopter une législation appropriée, d’instaurer les mesures administratives et de répression nécessaires et de coopérer avec les organismes de contrôle international des drogues et les autres Etats parties. Ainsi, ils transposent chacun les mesures élaborées au niveau international dans des mesures nationales de contrôle, dans le cadre de leur propre système juridique», stipule le règlement de l’OICS.
Le Maroc, dont le régime autorise la production de cannabis qui lui rapporte plusieurs milliards de dollars par an, est-il éligible à la présidence d’une telle organisation ? La réponse nous vient de l’ONU elle-même. Dans le rapport mondial sur les drogues 2022 publié par l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC), ce dernier indique que le Maroc est à la tête des principaux pays d’origine et de départ de la résine de cannabis, ce qui fait de ce pays le premier producteur et exportateur mondial de cette drogue. Le rapport cite le Maroc en tant que premier pays africain en matière d’importance de la culture du cannabis durant la décennie 2010-2020.
Le document signale, en outre, que la plus grande partie du trafic de résine de cannabis se fait du Maroc vers l’Espagne, notant que la résine de cannabis produite chez nos voisins de l’Ouest est également destinée à d’autres pays d’Afrique du Nord. Le rapport relève également un trafic interrégional du cannabis qui va à partir du Maroc à la Libye puis à l’Egypte via le Sahel. La résine de cannabis marocain est également transportée par voie maritime à travers la Méditerranée.
S’agissant de l’impact de la culture du cannabis sur l’environnement, la région du Rif, au nord du Maroc, est également citée dans ce rapport où cette culture repose principalement sur l’utilisation intensive d’engrais synthétique. «Dans la région du Rif où est cultivée la majeure partie du cannabis du pays, la culture illégale de plus en plus intensive, souvent monoculture, du cannabis au cours des dernières décennies a entraîné une pression environnementale accrue sur un système écologique déjà fragile sous la forme de déforestation, de pénurie d’eau et de perte de biodiversité», souligne le rapport, notant que la culture intensive de cette drogue a «transformé la région en le plus grand utilisateur d’engrais et de pesticides dans le secteur agricole».
H. A.
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