Comment l’Algérie a pavé la voie au succès annoncé du Sommet de Djeddah
Par Mohamed K. – A la veille du Sommet de la Ligue des Etats arabes qu’organise l’Arabie Saoudite, à Djeddah, ce 19 mai, les préparatifs et les concertations politiques battent leur plein afin que rien ne soit laissé au hasard, en s’employant notamment à apporter les derniers réglages pour la tenue de cette 32e session, sept mois après la 31e session d’Alger, qui se veut le couronnement des efforts consentis par l’Algérie pour la réunification des rangs arabes.
Mais à les suivre à ce rythme, certains scribouillards, à la fois marginalisés et potentiellement hostiles de Rabat, Londres et Lille font couler beaucoup d’encre et donnent du vertige en tentant de décrire le rôle d’Alger. Car l’ordre de mission de ces nouveaux barbares, si bien décrits par Jean Christophe Ruffin dans L’Empire et les nouveaux barbares ne leur permet nullement de comprendre, encore moins d’expliquer les valeurs de la diplomatie algérienne, qui, pour les fins observateurs, reste toujours engageante.
Au mal fait par ces mercenaires d’une autre époque à leur pays est venue se greffer la séquence du mal fait à la cause palestinienne. Certains voisins peuvent, eux aussi, dans ce registre revendiquer l’oscar de la trahison.
Pourtant, la Déclaration d’Alger est claire comme de l’eau de roche, en balisant la voie et en nommant les sources du conflit et les exigences de sa solution. Alger a ainsi mis en avant son attachement à l’Initiative arabe de paix de 2002. Celle-ci énonce, notamment, une paix juste et globale en tant qu’option «stratégique» pour mettre fin à l’occupation israélienne de toutes les terres arabes. Y compris le Golan syrien, les fermes de Chebaa et les collines libanaises de Kafr Shuba. Elle énonce surtout la résolution du conflit arabo-israélien sur la base du principe de la «terre contre la paix», du droit international et des résolutions pertinentes de la légalité internationale.
Sept mois plus tard, les résolutions d’Alger prennent tout leur sens. Et la résistance des Palestiniens a plus que jamais besoin d’être portée par les voix de la diplomatie. C’est ce que ne cesse de clamer l’Algérie.
Pour ce qui est de la réhabilitation de la Syrie, il va de soi que l’Algérie a farouchement milité pour une telle issue. Si nous devons nous référer à la Déclaration d’Alger, celle-ci évoquait la nécessité de parvenir à une solution politique à la crise syrienne et au traitement de toutes ses retombées politiques, sécuritaires, humanitaires et économiques en vue de garantir l’unité et la souveraineté de la Syrie.
Outre l’osmose d’hier de la quatrième session de la Commission de concertation politique algéro-saoudienne, et ses étapes concrètes à même de poser de nouveaux jalons sur la voie du renforcement de la coopération bilatérale, qui intervient à la veille de la tenue du 32e Sommet de la Ligue arabe, ainsi que sur la concertation et la coordination concernant plusieurs questions politiques d’intérêt commun, les deux parties s’alignent sur ces deux questions, soulignant la nécessité d’activer les différents mécanismes adoptés par le Sommet arabe d’Alger, en novembre 2022, pour mobiliser davantage de soutien.
En outre, le Sommet de Riyad devrait traiter du processus d’aide aux régions arabes nécessiteuses. Un rendez-vous où l’Algérie fera, sans nul doute, valoir son rôle incontournable, sur fond des mutations que connaît actuellement la sphère arabe, dont les retombées positives du rapprochement entre l’Arabie Saoudite et l’Iran, le dialogue sérieux qui s’est établi au sein de l’Opep, la volonté d’adhésion de l’Algérie aux BRICS, ainsi que le recentrage opéré par les pays du Golfe concernant leurs relations avec l’entité sioniste.
D’autre part, et dans le cadre de la préparation du prochain Sommet de la Ligue arabe prévu à Djeddah, le chef de la diplomatie algérienne, Ahmed Attaf, prendra part aux réunions ministérielles du Conseil de la Ligue des Etats arabes et aux différentes sous-commissions dont les travaux porteront sur le suivi et la mise en œuvre des décisions adoptées par les dirigeants arabes lors du Sommet d’Alger. Il sera notamment question de la préparation des différents sujets à l’ordre du jour de la trente-deuxième session du Sommet arabe.
En marge de la réunion du Conseil ministériel, le ministre Ahmed Attaf devrait présider les réunions de la Commission du suivi de la mise en œuvre des décisions et engagements au niveau ministériel, la commission ministérielle arabe pour soutenir l’Etat de Palestine. Il devrait aussi présider la commission ministérielle chargée d’étudier les propositions faites par le président Tebboune concernant la modernisation, le développement et le renforcement des performances de la Ligue des Etats arabes.
Rappelant notamment que le Sommet arabe d’Alger a été, selon des observateurs, une réussite à tous points soulignant que ce rendez-vous a confirmé une nouvelle fois le rôle pivot de l’Algérie sur l’échiquier régional et arabe. Un avis que partage le ministre syrien de l’Economie et du Commerce extérieur, Samer Al-Khalil, qui a salué lundi, à Djeddah, les efforts consentis par l’Algérie lors de sa présidence du dernier Sommet arabe couronné par de «nombreuses décisions» ayant consacré l’unification des rangs arabes.
«Des générations au sein de nos pays arabes ont été imprégnées des valeurs d’appartenance à la nation arabe et des relations fraternelles unissant les enfants d’une même nation, une réalité que le Sommet d’Alger a mise en évidence», a-t-il soutenu.
L’Algérie a réussi, depuis qu’elle assure la présidence du Conseil de la Ligue arabe au Sommet, à mettre fin aux dissensions arabes et à resserrer les rangs, ce qui a abouti au retour de la Syrie au sein de l’organisation arabe et donné lieu à un regain de dynamisme notamment en faveur de la question palestinienne qui est revenue en force sur le devant de la scène et au rapprochement entre les factions palestiniennes.
Le Sommet arabe d’Alger a donc constitué une halte charnière dont les conclusions ont porté sur l’impératif de permettre à la Syrie de retrouver à nouveau son siège à la Ligue arabe, eu égard à son histoire et à ses potentialités lui permettant d’apporter une valeur ajoutée à l’action arabe commune.
L’Algérie n’a eu de cesse, sous la direction du président Abdelmadjid Tebboune, de souligner également que la Syrie, qui est un membre fondateur de cette organisation, ne peut être écartée de son environnement arabe, et l’Algérie a mis tout son poids diplomatique ainsi que son expérience dans la gestion des crises et pour le règlement des différends et le rapprochement des vues jusqu’à la réalisation de l’objectif escompté. D’ailleurs, le président syrien, Bachar Al-Assad, a vivement exprimé au président Abdelmadjid Tebboune ses «vifs remerciements et sa considération pour les efforts incessants» qu’il a consentis «en faveur du retour de la Syrie au sein de la Ligue arabe, à la faveur de la présidence algérienne du Sommet arabe».
Par ailleurs, le Cheikh Ekrima Sabri, président du Haut Conseil islamique d’El-Qods et imam de la mosquée d’Al-Aqsa, à la veille de sa participation à un colloque international sur la Palestine, a souligné que «l’Algérie ne cesse de prouver, à chaque reprise, son attachement à la question palestinienne, cause centrale de la nation, et ne ménage aucun effort pour défendre les droits du peuple palestinien opprimé dans les différents fora internationaux».
L’imam de la mosquée d’Al-Aqsa a, en outre, salué les efforts et les bons offices du président Tebboune tendant à donner un nouvel élan à la cause palestinienne et au rassemblement des rangs palestiniens.
Il est vrai que l’Algérie a réussi à convaincre les dirigeants des pays arabes d’aller vers une logique de resserrement des rangs, après une longue période de dispersion et de divisions induites par le fameux «printemps arabe».
C’est dans cette logique que Riyad intensifie sa concertation avec Alger à la faveur du prochain Sommet arabe qui sera marqué par la présence de la Syrie après une longue absence. Un retour qui porte bien l’empreinte de l’Algérie.
M. K.
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