Des sources révèlent pourquoi le président Tebboune n’ira pas à Djeddah
Par Abdelkader S. – La décision du président Tebboune de ne pas prendre part personnellement au Sommet de la Ligue arabe de Djeddah était prévisible à plus d’un titre. D’abord, il fallait s’attendre à ce que l’Algérie rende à l’Arabie Saoudite la monnaie de sa pièce après la défection de Mohamed Ben Salman au Sommet d’Alger sous le prétexte fallacieux d’une otite. «Le prince héritier aurait pu trouver une excuse plus diligente», avait-on commenté au moment de l’annonce qui avait quelque peu chamboulé le programme dans un sens négatif, des chefs d’Etat ayant vu dans l’absence d’un représentant de haut rang de Riyad une façon d’ôter au rendez-vous algérois un caractère extraordinaire.
Mais cette raison est loin d’être la seule à avoir concouru à la décision algérienne de déléguer le Premier ministre, Aymène Benabderrahmane. Des sources officielles algériennes qui se sont confiées au journal à capitaux qataris Al-Araby, édité à Londres, ont lié cette absence du président Tebboune à l’invitation que Mohamed Ben Salman a adressée de façon unilatérale au président ukrainien, Volodymyr Zelensky, sans au préalable consulter l’Algérie qui assure la présidence tournante du Sommet de la Ligue arabe jusqu’à la tenue de celui de Djeddah où Abdelmadjid Tebboune devait transmettre celle-ci à l’Arabie Saoudite dès après l’ouverture des travaux, comme il est de coutume.
Les mêmes sources ont précisé que toute invitation devait faire l’objet de consultations politiques, ajoutant que celle que Ben Salman a adressée à Zelensky «est irréfléchie en raison du fait que cela s’apparente à un alignement en faveur d’une partie d’un conflit à l’égard duquel de nombreux Etats arabes se considèrent neutres». «L’Algérie n’a pas adressé d’invitation au président syrien l’année dernière pour assister au Sommet d’Alger bien que ce pays soit membre fondateur de la Ligue arabe, préférant procéder à des consultations qui ont abouti à la non-invitation de la Syrie, conformément à l’avis de la majorité», rappellent les mêmes sources dont le journal n’a pas dévoilé l’identité. «Une telle concertation est d’autant plus impérative quand il s’agit d’un Etat qui n’est pas membre de la Ligue», insistent ces sources.
Avant la surprenante décision de solliciter la présence du président ukrainien, Mohamed Ben Salman avait organisé un conclave sur le retour de la Syrie auquel ont pris part l’Arabie Saoudite, l’Irak, l’Egypte et la Jordanie. L’Algérie, qui a joué un rôle prépondérant dans le maintien de la Syrie dans le giron arabe, faisant peu de cas des pressions, voire des menaces et brisant l’embargo imposé à ce pays en proie à une guerre civile dans laquelle l’ont poussée le Qatar et la Turquie notamment lors du récent séisme dévastateur, n’a pas été conviée à cette rencontre qui s’est tenu au niveau des ministres des Affaires étrangères à Amman.
Le Sommet de Djeddah, qui cheminait vers une réussite annoncée, a été sabordé par le pays organisateur qui vise, par son geste intéressé envers le régime de Kiev, à gagner l’empathie de l’Occident après l’affreuse affaire Khashoggi. Par cette attitude irraisonnée, l’Arabie Saoudite perd le soutien de la Russie et compromet sérieusement son adhésion aux BRICS.
A. S.
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