La mémoire universelle des camps de concentration phagocytée par le sionisme
Une contribution de Khider Mesloub – L’historiographie occidentale contemporaine concentre, sans jeu de mots, toute sa narration politique et sa pédagogie scolaire sur les camps de concentration nazis. Cette focalisation sur ces uniques camps de concentration n’est pas gratuite. Elle se paye chère en termes d’indigence historique. Cependant, elle permet l’enrichissement de certaines catégories de personnes par l’exploitation mémorielle lucrative de ce travestissement de l’histoire concentrationnaire.
Cette propagande tortionnaire sur les camps a fini par enfermer la mémoire historique universelle dans une vision mémorielle partisane, partiale, partielle et destructrice. Destructrice car elle a anéanti de la connaissance, pour des raisons mercantiles inavouées et inavouables, tout un champ de l’histoire humaine délibérément occulté. Ce faisant, tout un pan de l’histoire des camps de concentration est escampé. Seuls sont campés sur les champs historiques, désertés par l’objectivité scientifique, les camps nazis.
Aujourd’hui, sur ce chapitre des camps, les historiens campent sur une narration mémorielle exclusiviste, minée d’explosives contrevérités, barbelée de lois restrictives et liberticides. La recherche sur les camps de concentration est préemptée, domptée. Cette domestication de la recherche laisse le champ libre au camp de la falsification de l’histoire. Elle leur permet lucrativement d’enfermer l’histoire dans un espace fertile en manipulation idéologique, fécond en matière d’enrichissement pécuniaire, fructueux de soumissions réflexives, d’assujettissement méthodologique, d’asservissement narratif ethnocentriste.
Ainsi, enfermée dans un champ favorable à la culture de l’ignorance, l’histoire des camps est fructueuse de rentabilité pour certaines notabilités jamais en peine d’inventivités narratives dénuées historiquement de crédibilité, dépourvues de scientificité.
Elle permet surtout d’enseigner ce récit des camps sous le prisme du pathos, et non celui du logos. Dans une optique de dévoiement de la raison internée dans la prison de la pensée, privée de liberté de réflexion et de recherche historique sur la mémoire collective universelle relative aux camps de concentration.
Depuis quelques décennies, la doxa concentrationnaire ethnocentriste ne souffre aucun débat historique, ne tolère aucun questionnement philosophique, n’agrée aucune autre thèse ni un autre paradigme, n’autorise aucune autre recherche scientifique. Sa vérité historique lucrative s’impose comme une loi talmudique. Elle a dressé un mur de flagellations contre tout esprit libre désireux desserrer l’étau sectaire entourant l’énigmatique question des camps de concentration instrumentalisée par une corporation vénale résolue à transformer l’histoire mémorielle en domaine communautaire privé, géré comme une entité tribale à la rentabilité garantie à vie.
De fait, cette narration mémorielle rémunératrice a fini par se graver dans le marbre pédagogique de la société de nombreux pays gouvernés par la pensée totalitaire ethnocentriste, occidentaliste. Chaque citoyen doit l’apprendre à l’école comme une prière religieuse. La réciter, telle une litanie républicaine laïque, tout au long de sa vie. Cette «narration mémorielle» dominante, politiquement rentable, dispose également de ses temples où viennent se recueillir et s’agenouiller les adeptes de la nouvelle religion mémorielle mercantile jamais en peines de lamentations cupides, ces promoteurs de l’Holocauste. A cet égard, il est utile de souligner que l’Holocauste a cette particularité d’être exhibé par l’Occident comme l’unique tragédie humaine universelle où ses victimes sont plus victimes que les autres victimes de guerres, de conquêtes coloniales, d’asservissement esclavagiste. Cela dans le dessein de justifier et de légitimer la création d’Israël, d’assurer sa sécurité, d’agréer l’appui militaire et financier dont il bénéficie.
Ironie du sort, combien de ces adeptes enfermés dans leur dogme mémoriel concentrationnaire exclusiviste connaissent-ils réellement l’histoire des camps ? Ces zélateurs de la «doxa concentrationnaire» ethnocentriste ignorent-ils que l’authentique histoire des camps a été phagocytée par les adorateurs du Veau d’or, pour qui les camps servent surtout à interner toute pensée critique, à enfermer l’historiographie mémorielle derrière les barbelés des lois liberticides en vertu de la législation Gayssot, à obstruer toute voie historiographique bifurquante, étouffer toute voix paradigmatique dissonante, toute recherche dissidente ?
En Sionistan, c’est-à-dire en France, où la politique hexagonale et l’histoire nationale sont dictées par Tel-Aviv, gare à tout historien qui tente de remettre en cause la doxa historiographique sioniste. Il sera accusé de négationnisme. Comme le définit un commentateur algérien, le négationnisme «c’est l’interdiction enjointe aux historiens ou mémorialistes d’écrire l’Histoire. Celle-ci doit être réservée exclusivement aux politiciens et décideurs qui la narrent à leurs convenances, pécuniairement lucratives et gouvernementalement profitable».
Les camps de concentration ne surgissent pas originellement en Allemagne nazie
Pour autant, contrairement à la narration officielle dominante répandue par la propagande occidentale distillée depuis Tel-Aviv, les camps de concentration ne surgissent pas originellement en Allemagne nazie. Une chose est sûre, dans l’Allemagne hitlérienne, les camps n’étaient pas destinés à interner une seule catégorie de personnes spécifique, mais à recevoir tous les adversaires des nazis, notamment les communistes et les socialistes, également les individus considérés dangereux par le régime.
Historiquement, la première édification des «camp de concentration» est l’œuvre des Britanniques d’Afrique du Sud, instituée durant leur guerre contre les Boers (Guerre du Transvaal, 1899-1902). Dans ces devanciers camps de la première puissance économique civilisée de l’époque, l’Angleterre, les Britanniques internent femmes, vieillards et enfants des Boers et des membres de tribus indigènes alliées, notamment les Hottentots. A cet égard, en ce qui concerne les Hottentots et les Boers, il s’est agi de véritables camps d’extermination. Et pour les Hottentots, du premier génocide de l’ère moderne. Pourtant, ces faits historiques sont méconnus, délibérément occultés par l’historiographie mémorielle vénale, banale, bancale.
A la vérité, Hitler n’invente rien en matière d’internement génocidaire : il se contente de recycler de vieilles inventions concentrationnaires des pays démocratiques occidentaux.
Plus tard, les seconds camps de concentration sont construits en 1904 en Namibie pour éliminer le peuple Herero, opposé à la colonisation et aux armées du chancelier Von Bülow. L’hécatombe humanitaire est effroyable : plus de 70 000 Hereros meurent dans les camps de concentration (pour causes de malnutrition, de mauvais traitements, maladie, exécutions sommaires). Ces populations internées font également l’objet d’expérimentations anthropologiques et scientifiques. Elles sont transformées en cobayes pour des expériences médicales (le régime nazi, avec à sa tête le docteur Joseph Mengele, n’innove pas en la matière).
Au pays de la civilisation capitaliste royalement raffinée, le Royaume-Uni, l’expérience concentrationnaire est importée sur son territoire. En effet, en pleine Première Guerre mondiale, 32 000 étrangers (dont de nombreux Irlandais) sont internés dans des camps de concentration, notamment dans le champ de course de Newbury transformé en camp.
De même, sur le sol du pays des «droits de l’Homme», à la même époque, durant la Première Guerre mondiale, la France, déjà pourvue d’une longue expérience dans sa colonie algérienne transformée en camp de concentration à ciel ouvert, utilise des camps d’internement pour y enfermer les ressortissants allemands, austro-hongrois et ottomans présents sur son sol. A cet effet, de nombreuses îles françaises de la Manche, de l’Atlantique et de la Méditerranée sont utilisées pour implanter des camps de concentration. La France réitère l’expérience à l’issue de la guerre civile d’Espagne par l’ouverture de nouveaux camps pour interner les réfugiés républicains fuyant le régime franquiste.
Plus près de nous, durant la Guerre de libération nationale de l’Algérie, la France renoue avec ses vieux démons (notamment, les sinistres enfumades où, dans les années 1844-1845, pour mater la résistance algérienne, l’armée française allume des feux à l’entrée des grottes où sont réfugiées les tribus résistantes. Dans le massif du Dahra, plus de 700 personnes meurent asphyxiées : première expérience mondiale de gazage de populations) en internant des centaines de milliers d’Algériens dans des camps de concentration (ne pas oublier que la France a exterminé 1,5 million d’Algériens durant juste cette courte période de Guerre de libération, sans compter le nombre de morts au cours de 132 ans de colonisation, estimé à 6 millions. Cent trente-deux ans durant, l’Algérie est transformée en camp de concentration à ciel ouvert dans lequel le peuple algérien est réduit à survivre dans l’indigence sous le code de l’indigénat, décimé régulièrement par la famine, provoquée par la politique d’expropriation territoriale et d’exploitation salariale.
Or, pour l’historiographie française négationniste, cette tragédie génocidaire séculaire demeure un détail de l’Histoire. «Dans l’imaginaire contemporain, le crime contre l’humanité est lié au nazisme. Qualifier sous ce terme cent trente-deux ans de souveraineté française sur l’Algérie est une accusation insignifiante, tant elle est excessive», a écrit sans vergogne, sans risque d’encourir la moindre condamnation en vertu de la loi Gayssot, il est vrai réservée uniquement aux négationnistes des camps nazis, l’historien français Jean Sévilla.
Gaza est le dernier immense camp de concentration de notre époque civilisée
Dans la première démocratie mondiale, les Etats-Unis, durant la Seconde Guerre mondiale, des milliers de civils japonais, d’Asiatiques ou simplement Américains d’origine asiatique, sont enfermés dans des camps de concentration. Le Canada recourt aux mêmes méthodes d’internement concentrationnaire.
Quant à la politique d’extermination massive de populations, l’Allemagne n’innove pas en la matière. L’histoire est jalonnée de massacres collectifs. Qu’il nous suffise d’évoquer le génocide des Amérindiens, des esclaves africains, des Arméniens, des Aborigènes d’Australie, le génocide des Algériens perpétré durant la colonisation française, le bilan sanglant du colonialisme belge au Congo, le massacre des Malgaches assassinés par l’armée française en 1947, la décimation des indonésiens au Timor-Oriental, le massacre et la spoliation du peuple palestinien, le génocide perpétré lors de la guerre du démembrement de la Yougoslavie, le génocide du Rwanda (avec l’implication de la France).
Sans oublier bien évidemment le Génocide des génocides, l’Holocauste des holocaustes perpétré par le capitalisme à notre époque moderne civilisée : à savoir le massacre annuel de millions de personnes, victimes des famines provoquées par ce mode de production capitaliste mortifère.
Quelle est la différence entre le génocide des juifs et le génocide de ces millions de morts annuels, victimes de famines, de malnutrition, de maladies bégnines aisément soignables en Occident (toutes les cinq secondes un enfant meurt de faim, autant d’adultes, au total 25 000 êtres humains meurent de faim chaque jour, au bas mot 10 millions par an, 100 millions en l’espace de 10 ans ; nombre de morts appelé à se multiplier avec la crise économique et sociale actuelle accentuée par la guerre généralisée en cours) ?
La différence est de degré, non de nature. Dans les deux cas, c’est le capitalisme qui est responsable de leur mort. Excepté que les victimes des famines meurent à petit feu, dans l’indifférence générale, en pleine époque d’abondance alimentaire, de société de consommation, qui plus est dans un contexte de «paix».
De surcroît, les populations survivantes de ces pays meurtris par les famines génocidaires permanentes ne disposent pas de structures économiques dominantes pour influer sur le champ de l’historiographie mondiale, ni de cénacles médiatiques dominant la scène internationale, capables de monnayer leurs «droits mémoriels», fructifier pécuniairement leur mémorable tragique récit.
Les victimes du racisme occidental contemporain appartiennent aux mêmes peuples durant des siècles colonisés, asservis : les Noirs, les Arabes, les Amérindiens, les Asiatiques. Le racisme voué aux vivants métèques contemporains est le même que celui réservé aux morts oubliés, méprisés par les instances mémorielles occidentales. Aux yeux injectés de haine xénophobe occidentale, les victimes noires, arabes, amérindiennes ou autres ne valent rien, donc ne méritent aucune considération mémorielle. Elles étaient considérées inférieures jadis, elles le demeurent toujours aujourd’hui. Elles n’appartiennent pas à la Mémoire.
Comme s’interrogeait un commentateur algérien, scandalisé par ce traitement différencié en matière mémorielle relative aux génocides dans l’histoire : «Mais pourquoi les juifs sont les seules vedettes ? Est-ce que mourir sous les bombes, les gaz moutarde, dans des tranchées, avec le froid, dévoré par la faim, les rats, le choléra, emporté par le napalm, enseveli vivant sous le déluge de feu militaire terrien ou aérien, est un luxe par rapport aux camps de concentration ?»
L’écrivain Robert Merle, issu d’une famille de colons français implantée en Algérie, notait : «Le sadisme a fleuri dans les camps de la mort, mais à l’échelon subalterne. Plus haut, il fallait un équipement psychique très différent.» Mais il a délibérément omis de préciser que ce sadisme exterminateur aura toujours été l’œuvre de pays occidentaux belliqueux, conquérants, colonialistes, racistes et suprémacistes. Notamment son pays, la France, qui a transformé l’Algérie en un immense camp de concentration à ciel ouvert, en camp de la mort. Pour rappel, à l’époque coloniale, l’Algérie a hébergé le sinistre camp d’internement Le Bossuet-Biribi, transformé en camp de concentration dans les années 1940-50. Situé dans l’Oranais, près de Sidi Bel-Abbès (Dhaya), le camp de Bossuet-Biribi était destiné à recevoir, durant la Seconde Guerre mondiale, surtout des internés politiques indésirables en métropole : syndicalistes et militants communistes, anciens combattants, des Anglais, des Polonais. Et durant la Guerre de libération de l’Algérie des «indigènes» algériens, les combattants.
Pour conclure, actualité palestinienne tragique oblige, la réalité nous arrache à ces histoires mémorielles concentrationnaires pécuniairement instrumentalisées pour nous rappeler à l’existence du dernier camp de concentration érigé au Moyen-Orient. En effet, Gaza ne serait-elle pas le dernier immense camp de concentration de notre époque civilisée, implanté en Palestine colonisée, dans l’indifférence générale de l’opinion publique internationale, toujours prompte à s’émouvoir du récit des anciens camps de concentration nazis mais jamais scandalisée par l’implantation éhontée du camp palestinien gazaoui, soumis fréquemment à l’infamant et affamant blocus et aux déluges de bombardements meurtriers par Israël ?
K. M.
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