Xavier Driencourt appelle les dirigeants français à «agir vite» contre l’Algérie
Par Kamel M. – L’ancien ambassadeur de France à Alger de 2008 à 2012 et de 2017 à 2020 récidive à quelques semaines de la visite officielle que le président Tebboune s’apprête à effectuer à Paris mais qui demeure, à ce jour, incertaine. Xavier Driencourt s’est à nouveau exprimé dans les colonnes du Point pour répéter à l’envi ses formules figées et ses expressions redondantes sur l’accord de 1968 qui lui reste en travers de la gorge. Il le dit, l’assume et ne s’en cache pas. Dans ce nouveau jeu de questions-réponses, qui intervient sur fond de controverse au sujet d’une loi sur l’immigration qu’Emmanuel Macron et Gérald Darmanin essayent de faire passer sans trop de grabuge, le diplomate à la retraite pousse le bouchon plus loin que d’habitude en appelant les dirigeants de son pays à user de la force contre le «régime brejnévien d’Alger».
«Les dirigeants français font une erreur d’analyse en pensant que les embrassades, les coercitions et les tapes dans le dos permettront d’amadouer leurs homologues algériens qui reviendraient à une position plus raisonnable. Ceux qui tiennent le pouvoir à Alger fonctionnent au rapport de force», pilonne cet ambassadeur qui semble à deux doigts de suggérer une déclaration de guerre à l’ancienne colonie. «L’Algérie pourrait rompre les relations diplomatiques si la France dénonçait l’accord de 1968, […] ce serait une crise majeure», prédit-il, en exhortant Paris à «braver cela afin d’établir un rapport de force qui permette, lorsque les choses se calmeront, de redéfinir notre relation avec l’Algérie […] notamment sur la question migratoire, qui est l’un des aspects importants de notre relation.» «Il faut être lucide : il n’existe pas de manière apaisée d’atteindre cet objectif», s’acharne-t-il.
Xavier Driencourt est obnubilé par les chiffres. «Aujourd’hui, 12,6% des immigrés vivant en France sont algériens et plusieurs millions de personnes sur notre territoire sont d’origine algérienne. C’est pourquoi le projet sur l’immigration qui exclurait une dénonciation de l’accord de 1968, extrêmement protecteur [à l’égard des Algériens, ndlr), réduirait à presque rien les chances de maîtriser l’immigration», s’alarme-t-il, en confessant avoir demandé aux ministres de l’Intérieur et des Affaires étrangères, quand il était en poste à Alger, quelles étaient leurs instructions. «Devais-je poursuivre la tendance et délivrer 800 000 visas ? Stabiliser à 410 000 ? Revenir au chiffre de 2012 [213 000, ndlr] ?» Selon lui, ses supérieurs hiérarchiques «étaient embarrassés». «Mais, soutenus par les préfets concernés [Paris, Lyon, Marseille, ndlr] et le ministère de l’Intérieur, nous avons mis en place à partir de fin 2017 un plan d’action qui a permis de réduire à 180 000 le nombre de visas délivrés, en un peu moins d’un an», proclame-t-il non sans vanité.
«Nous ne sommes qu’à l’aube du problème, c’est pour cela qu’il faut agir», recommande Xavier Driencourt au locataire actuel de l’Elysée et à son gouvernement.
K. M.
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