L’insurrection de 1871 ou le début de la fin de la France en Algérie (I)
Une contribution d’Ali Farid Belkadi – 1871. Les Français font ce qu’ils veulent en cette année-là en Algérie. Des décrets sont régulièrement signés qui avantagent les colons. Mais c’est le décret sur l’organisation de l’Algérie qui précipita l’affrontement contre les Français, plutôt que le fameux décret du ministre juif Crémieux. Le même qui disait : «Me demandez-vous encore pourquoi j’ai imposé la naturalisation aux juifs qui ne la demandaient pas, qui ne la voulaient pas ; j’ai répondu au nom de la morale, je vais répondre au nom de la religion.» (Page 237 du Rapport du député de La Sicotière.) Le même rapport rajoute : «Adolphe Crémieux s’embrouille en invoquant des arguments spécieux, étonnants. La loi civile peut, chez les Israélites, s’allier avec la loi de Dieu. Suit la loi du royaume que tu habites, si on te l’impose, la loi de ce pays devient alors un code. Ainsi, sans abdiquer la loi de Dieu, qui est sa foi, l’Israélite suivra la loi du pays qu’il habite.»
En résumé, les motifs de l’insurrection furent très variés ; la naturalisation des juifs indigènes ne fut pas la cause directe du soulèvement. Elle ne fit qu’exaspérer les Algériens.
Al-Mokrani, qui rejoint les insurgés de la Rahmaniya, n’avait rien d’un dévot exalté. Les généraux français qui le fréquentèrent ne lui connaissaient pas une ferveur religieuse excessive.
L’envoi en France «jusqu’à épuisement à peu près complet, des troupes régulières qui garnissaient l’Algérie», fut, selon le député de La Sicotière, la cause principale du déclenchement de l’insurrection.
Les déboires de l’armée française
L’écroulement de l’armée française sur le champ de bataille, ajoutée aux récriminations contre le gouvernement des colons et des Européens, établirent les prémisses de l’insurrection algérienne de 1871.
La naturalisation française octroyée aux juifs aura indigné les Algériens, sans plus. Plus particulièrement les notables algériens qui craignaient d’être dirigés par des juifs indigènes, convertis ressortissants français à part entière, par un simple décret administratif.
Les tirailleurs algériens sont de retour
De retour des armées de la Loire et de l’Est, les soldats algériens «racontaient dans leurs tribus que des corps d’armée composés de 60, 80 et 100 000 hommes, commandés par des généraux français bien connus en Afrique, avaient pris la fuite à l’approche de quelques régiments prussiens, et s’étaient rendus avec armes et bagages, ou repliés pendant 30 ou 40 kilomètres, sans oser se retourner et se rendre compte du nombre de leurs ennemis qui riaient d’une semblable déroute» ; «lorsque les Arabes, disons-nous, racontaient cela dans les tribus, ils détruisaient dans l’esprit des populations indigènes, bien plus que les décrets de Tours et de Bordeaux, le prestige de l’autorité». (Rapport de La Sicotière, tome II, p. 805).
Le décret Crémieux et l’insurrection
Le préfet d’Oran et commissaire général extraordinaire de la République, représentant les Européens d’Algérie, du Bouzet qui avait pu apprécier les effets du décret Crémieux qu’il était chargé d’appliquer, déclare à propos du décret Crémieux : «Il nous a aliéné les Arabes et qu’il est une des causes secondaires de l’insurrection.» (Les Israélites indigènes, page 11).
Au cours du mois de mars 1871, c’est-à-dire au moment où l’insurrection se lançait, Alexis Lambert, devenu commissaire général de la République auprès de du Bouzet, réclamait du gouvernement «la suspension immédiate de l’exécution de ce décret comme nécessaire à la tranquillité de l’Algérie» dans sa déposition page 70, du Rapport de La Sicotière, Alexis Lambert dit encore : «Mes Rapports ont indiqué comme cause grave de trouble en Algérie le décret du 24 octobre du gouvernement de Tours, accordant naturalisation collective des Israélites. Dans le conflit entre Israélites et musulmans survenu aujourd’hui à Alger, le sang a coulé. Partout en Algérie, les juifs sont attaqués et dépouillés sur les marchés. Notamment depuis qu’ils ont exercé leurs droits d’électeurs. La France a voulu les élever au rang de citoyens français, en bloc, sans se rendre compte qu’elle nous enlevait l’affection et l’estime des musulmans, qui, seuls entre les Indigènes, ont versé pour nous leur sang sur les champs de bataille. Le décret du 24 octobre est inconstitutionnel ; il confère à des populations entières la qualité de citoyens français qui n’a pas été donnée aux Arabes.»
Emile Thuiller («le Royaume arabe devant le jury de Constantine»; Constantine, 1873) : «Le décret du 21 octobre, portant naturalisation en masse des juifs indigènes, ne fut qu’une circonstance fortuite et accessoire dont Mokrani sut tirer grand parti pour justifier son insurrection et lui donner le plus de développement possible. Il exploita ainsi le mépris que la race de Jacob inspire à tous les musulmans. Ce préjugé, Mokrani l’éprouvait au-delà de toute expression.» «Sa politique s’accordait donc avec ses sentiments : mais il exagéra les conséquences de cette naturalisation, lors de ses excursions si nombreuses à travers les tribus (…) Il prétendait que la France était gouvernée par un juif ; que l’Algérie ne tarderait pas à être administrée par les juifs, à l’exclusion des musulmans et à la honte de l’islam ; qu’enfin, les juifs seraient les répartiteurs et les percepteurs des impôts.»
La Cour d’Assises de Constantine
Selon les accusés et les témoins indigènes, l’insurrection n’était pas motivée par le décret qui accordait la nationalité française aux juifs d’Algérie. Boumezrag Al-Mokrani signait «le Défenseur de Dieu» pendant l’insurrection. Il avouera devant la Cour d’Assises de Constantine qu’«il avait présenté à ses coreligionnaires l’incorporation des juifs dans la milice comme une raison de soulèvement». (P. 312, Rapport de La Sicotière.)
Al-Mokrani admettra avoir manipulé les passions religieuses de ses coreligionnaires pour assouvir une vaine vengeance familiale contre les autorités françaises, dont ils furent les alliés pendant quarante ans, sans sourciller.
Boumezrag Al-Mokrani, «le Défenseur de Dieu»
Boumezrag Al-Mokrani signait «le Défenseur de Dieu» au bas des lettres anonymes écrites en français qu’il adressait d’Alger et de Sétif aux autorités françaises. Pour les exciter contre les juifs qui «allaient arriver au pouvoir, et contre l’autorité civile qui administrait Bord Bou Arréridj».
Les dépêches affluaient chaque jour, toutes émanant de personnalités coloniales opposées au décret en faveur des indigènes juifs.
Tel ce télégramme : «Constantine, 2 février 1871. Au citoyen Gambetta, ministre de l’Intérieur, Bordeaux. «Si, sur l’heure, cher ami, le décret du 24 octobre dernier, concernant la naturalisation en bloc des Israélites indigènes algériens n’est pas reporté, c’est un crime, car vous auriez introduit dans le corps électoral un nombre considérable d’individus ne sachant ni lire ni parler français, ne connaissant rien des principes républicains, des moutons ; voilà tout ce qu’ils sont. Au nom de la République, nous vous adjurons de reporter ce décret. Vous appelez tous les républicains à leur poste. Faites droit à cette demande.» Signataires : Floupin, Groroed, Lavigne, Mercier, Lazare.
Alger, 1er mai 1871.
Gouverneur général civil, et ministre de l’Intérieur. «Le gouverneur demande instamment le retrait du décret sur la naturalisation des juifs. Il me crée de graves embarras. J’apprends que, dans la nuit du 28 au 29 avril, vingt Israélites du détachement de la milice à Alger ont été renvoyés à Alger par le commandant de la colonne ; leur présence, remarquée par les tirailleurs algériens, avait déterminé une effervescence dangereuse (…) Durant la guerre contre la Prusse, les Israélites qui ne se sentaient nullement concernés, faisaient tout pour éviter la mobilisation. Ils vont jusqu’à demander des passeports pour quitter l’Algérie et s’installer en Orient (…) Ils ne peuvent pourtant pas être exonérés du service militaire s’ils sont maintenus citoyens français (…) Aux élections, ils nous créeront des embarras bien plus graves encore (…) Les faire voter avec les Français, c’est réveiller chez les musulmans la haine qu’ils ont manifestée dans l’échauffourée du 31 mars dernier, à Alger. Il faut absolument en finir avec cette question et profiter de l’occasion pour rapporter le décret…» (Projet de loi organique du régime civil de l’Algérie, par l’amiral de Gueydon, p. 4.)
De son côté, M. Hélot, préfet intérimaire d’Alger, avait formellement demandé l’abrogation du décret Crémieux. Selon lui, le décret de naturalisation, «conçu d’un point de vue électoral, présentait, à ce point de vue même, les plus graves désagréments à la République française».
L’auteur de la brochure «L’Algérie devant l’Assemblée nationale (1871)» : «La naturalisation en masse a été une faute grossière. Les indigènes ne pouvaient y voir, et n’y ont vu, qu’un acte de préférence que rien ne motivait à leurs yeux. Elle a eu dans les tribus un retentissement considérable, et la plupart des indigènes se sont cru insultés dans leur amour-propre par cette disposition.»
Le journal l’Akhbar du 15 novembre 1871 écrit : «Vous avez mis entre les mains des Israélites les Conseils municipaux, les Conseils généraux et la Représentation nationale. De par la force du nombre, ils feront les élections ; ils possèdent la richesse, ils auront le pouvoir. Si tel est votre but, il est atteint. Mais est-ce la pensée de la France ? Est-ce pour la grande satisfaction des Israélites indigènes que la France, depuis quarante ans, verse son sang et prodigue ses mixions en Algérie ? Vous, Monsieur le Ministre (Crémieux), vous créez un royaume israélite. Avons-nous gagné au change ? Il est au moins permis d’en douter.»
Le Courrier de Mostaganem, du 25 mars 1871 : «Il est donc regrettable que la naturalisation des Israélites, au lieu d’être effectuée graduellement et sous certaines garanties personnelles, ait été imposée d’un seul coup, à tous indifféremment, sans vérification préalable de nationalité, etc. Aussi, laissons-les faire, ces sectateurs de Moïse, et bientôt ils administreront nos cités, présideront nos tribunaux, commanderont notre force armée, et qui peut dire que le successeur de M. Alexis Lambert, s’il doit en avoir un, ne sera pas israélite ? Alors, la mesure sera comble (…) Voilà ce qu’aura sur notre sol semé le respectable citoyen Crémieux, qui a trop oublié sa qualité de français, qui intéresse seule l’Etat pour se souvenir qu’il était de la religion juive, au sujet de laquelle, comme de toute autre religion, l’Etat doit rester dans la plus parfaite indifférence».
Les juifs ne participent pas à la défense du pays
Lors de la prise d’Alger par les Français, des centaines de juifs s’étaient réfugiés sur les hauteurs de la ville, dans le village de Bouzariah, pour fuir les combats et les canonnages de la ville par les Français. Les tirailleurs français qui ne faisaient pas de différence entre leurs cibles tiraient sur la moindre ombre qui bougeait. Ils tuèrent ainsi quelques juifs. Les membres de la communauté juive qui pensaient que le même sort leur était réservé à tous couraient dans tous les sens, ne sachant pas s’il fallait rejoindre les résistants ou le camp français. Finalement, ils opteront pour les Français ; le baron Barchou de Penhoen, qui faisait partie du corps expéditionnaire français, raconte les scènes auxquelles il assista : «(Les juifs) se jettent à genoux, baisant nos mains, nos pieds, nos vêtements. Un grand nombre va se prosterner devant M. de Bourmont, qu’on leur a désigné comme notre chef, les uns s’efforcent de crier vivat, vivat franchèze, d’autres par leurs gestes, offrent pour rançon tout ce qu’ils ont là. Il en est aussi dont la frayeur est silencieuse et muette. Les femmes, vêtues en longues robes à l’antique, la coiffure en désordre, les cheveux sur les épaules, leurs enfants dans leurs bras, errent de côté, et d’autres en poussant des cris à fendre le cœur (…) Nous parvînmes toutefois à les rassurer, en mettant à contribution ce que chacun de nous savait de mots de la langue franque mais nous n’en eûmes pas moins pendant quelques minutes un lamentable spectacle.» (Mémoires d’un officier par le baron Barchou de Penhoen. Charpentier, libraire éditeur, Paris, 1855, p. 224.)
La communauté juive ne s’implique pas dans les combats menés par la résistance algérienne pour défendre le pays. Les cartons des archives de Vincennes fournissent bien des détails sur les juifs d’Alger, en particulier ceux qui iront s’installer en Palestine pour fuir l’état de guerre annonciateur de douleurs et de morts : 1 H 18-3, 1 H 19-3, 1 H 21-2, 1 H 33-1. Les juifs d’Oran adoptent le même comportement que leur coreligionnaires algérois : 1 H 12-3, 1 H 20-2, 1 H 22-2, 1 H61-2, 1 H 62-2, 1 H 93-2, sur leur demande précoce d’être régis par les lois françaises 1 H 21-2, etc.
L’avis de Crémieux sur l’insurrection algérienne de 1871
Selon le ministre Crémieux, l’insurrection avait été décidée bien avant la promulgation du décret instituant la naturalisation des juifs indigènes.
Note : Adolphe Crémieux, de son vrai nom Isaac Moïse, 1796-1880 à Paris, est un avocat et homme politique français. Il présidera à partir de 1863, jusqu’à sa mort survenue en 1880, l’Alliance israélite universelle fondée en 1860 en France. La mission de cette organisation juive est de «défendre l’honneur du nom israélite toutes les fois qu’il est attaqué ; encourager par tous les moyens l’exercice des professions laborieuses et utiles ; […] travailler, par la puissance de la persuasion et par l’influence morale qu’il lui sera permis d’exercer, à l’émancipation de nos frères qui gémissent encore sous le poids d’une législation exceptionnelle».
Le décret num. 136 de la République française, en date du 24 octobre 1870, disait ceci : Le gouvernement de la défense nationale décrète : «Les Israélites indigènes des départements de l’Algérie sont déclarés citoyens français ; en conséquence, leur statut réel et leur statut personnel seront, à compter de la promulgation du présent décret, réglés par la loi française, tous droits acquis jusqu’à ce jour restant inviolables. Toute disposition législative, tout sénatus-consulte, décrets, règlements ou ordonnances contraires, sont abolis.»
Fait à Tours, le 24 octobre 1870.
Signé Ad. Crémieux, l. Gambetta, Al. Glais-bizoin, l. Fourichon.
Il dira : «(…) L’insurrection avait été décidée, sans aucun doute, dans la pensée de Sidi Mokrani, après la grande séance du 9 mars 1870, annonçant la fin du règne militaire et faisant présager l’abolition des Bureaux arabes.» «Les désastres de l’Empire, ajoute-t-il, le coup de foudre de Sedan, redoublèrent la fureur des chefs, en leur donnant l’espoir d’une insurrection victorieuse. Dès les premiers jours de septembre existait une preuve décisive d’un plan arrêté. Nos désastres croissants, les préparatifs de l’insurrection marchaient avec énergie.» (Pages 317 et 318, Rapport de La Sicotière.)
Note sur l’organisation territoriale de l’armée française en Algérie
Après la nouvelle alarme insurrectionnelle qui eut lieu au cours du mois de mai 1945, l’organisation militaire territoriale coloniale fut une nouvelle fois mise à contribution et adaptée à la situation considérée comme archaïque par les Français, du déjà vu.
La loi du 24 juillet 1873 avait institué dans l’urgence, à la suite de l’insurrection des Rahmaniya en 1871, l’organisation territoriale de l’armée française en puissant corps d’armée. Elle avait pour but de dissuader toute velléité de révolte indigène.
Ce corps d’armée, instauré par décret du 28 septembre 1873, était le 19e de sa catégorie. Trois divisions militaires seront par la suite constituées à Alger, à Oran et à Constantine, le 4 octobre suivant. Ces trois régions militaires, qui regroupaient plusieurs divisions organisées en unités surarmées, seront scindées en groupements qui disposaient des pleins pouvoirs en permanence, ainsi que d’une grande mobilité.
L’Algérie n’était pas seulement une colonie constituée de migrants français, elle fut en majeure partie composée d’Européens, chrétiens, venus, réminiscence oblige, porter le châtiment aux infidèles musulmans, avec la bénédiction de l’église romaine.
Au début de l’année 1871, pendant que le bachagha Al-Mokrani, négocie le maintien de ses privilèges avec l’occupant français, Ahmed Ben Rezgui et Al-Kablouti, l’aïeul de l’écrivain Kateb Yacine, prêchent l’insurrection à Henchir-Moussa, à la suite du refus d’obéissance et de la mutinerie des spahis de Bou-Hadjar de Tarf et d’Ain-Guettar.
Mutinerie des spahis d’Aïn Guettar
L’insurrection de 1871, attribuée à tort à Al-Mokrani, débute par la rébellion des spahis d’Aïn Guettar et de Bou Hadjar qui refusèrent d’être conduits en France pour participer à une guerre qui ne les concernait pas.
Du 19 juillet 1870 au 29 janvier 1871.
La France était alors opposée au royaume de Prusse et ses alliés allemands.
Le conflit armé qui eut lieu du 19 juillet 1870 au 29 janvier 1871 entraînera la chute de l’empire français et la perte des territoires français de l’Alsace et de la Lorraine.
Le 18 janvier 1871, le ministère de la Guerre avait demandé au général Lallemand d’organiser un régiment de spahis et de l’embarquer pour la France. Les spahis de Bou-Hadjar, Tarf et d’Aïn-Guettar refusèrent d’obéir à l’ordre d’embarquement. Ceux d’Aïn-Guettar abandonnèrent l’armée avant d’attaquer et assiéger la ville de Souk Ahras qui sera libérée par une colonne française dépêchée en urgence de Bône.
D’autres attaques eurent lieu, en particulier contre le bordj d’El-Milia. Puis ce fut le tour de Tébessa, où les Ouled Khalifa attaquèrent des colons et leur enlevèrent d’importants troupeaux, les attaques se poursuivirent dans les environs de la ville qui fut cernée un temps. Ces soldats avaient refusé d’aller combattre pour les intérêts français en Europe, loin de leur famille, dont ils avaient la charge. Tel était le motif vraisemblable invoqué par eux. La ville de Souk-Ahras est attaquée le 26 janvier durant trois jours.
Pendant ce temps, le bachagha Mohammed Al-Mokrani avait des entrevues avec des militaires français à Bordj Bou Arréridj. Le 14 février, c’est au tour d’El-Milia d’être attaquéé. Tout le Constantinois s’est enflammé jusqu’à la Kabylie maritime.
Des ouvriers français sont tués sur des chantiers des Bibans qui sont abandonnés en catastrophe par les Français, de même que la ville de M’sila. Des engagements ont lieu entre les Français et les insurgés à Kef-Zerzour dans la région d’El-Milia.
Ce n’est que le 27 février 1871 que le bachagha AI-Mokrani démissionnera de sa fonction de bachagha, après avoir vainement négocié avec les Français la conservation des avantages et privilèges hérités de son père Ahmed. Il est révolté par la spoliation de ses biens par les colons français. Au début du mois de mars 1871, Al-Mokrani rencontre le capitaine Duval. Le 4 mars, il y a une nouvelle entrevue entre AI-Mokrani, Duval et un autre officier français, le capitaine Olivier.
Ces tractations infructueuses pour Al-Mokrani ont lieu pendant que l’Algérie prend feu. Al-Mokrani hésite à s’engager dans la lutte, alors que l’insurrection est sérieusement engagée depuis le mois de janvier 1871. Un nouveau renoncement d’Al-Mokrani «à la civilisation française» a lieu de la part du bachagha, selon ses propos. Le 9 mars, il renonce publiquement à l’Algérie dominée par la France.
Le 14 mars, le bachagha adresse une lettre aux autorités françaises pour les avertir qu’il allait les combattre. Il s’agit d’un ultimatum à caractère pécuniaire. Le rapport de La Sicotière est formel à ce sujet, l’unique raison pour laquelle les Al-Mokrani ont versé dans l’insurrection était due à leur nouveau statut d’administrés des Européens et des colons, après la décision du gouvernement de dissoudre les Bureaux arabes de Bordj Bou Arréridj.
Les insurgés algériens n’ont pas attendu la décision du bachagha Al-Mokrani pour faire provision de poudre et de fusils chassepot.
A. F. B.
(Suivra)
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