Soyons réalistes !
Par Abderrahmane Mebtoul – Il faut être réaliste : sous réserve de lever le verrou bureaucratique, de mobiliser le financement et, pour certains projets, de trouver un bon partenaire étranger, la rentabilité d’un projet mis en exploitation en 2023 nécessitera deux à trois années pour les PMI/PME et cinq à sept pour les grands projets et chaque année de retard repousse les délais avec des surcoûts, sachant qu’en économie le temps ne se rattrape jamais.
Avant tout lancement d’un projet s’impose une étude de rentabilité précise afin d’être concurrentiel au niveau international. Il faut privilégier, pour les avantages financiers et fiscaux, la balance devises et pour pouvoir exporter, il faut d’abord produire à un coût compétitif. Il y a donc lieu d’éviter de revenir, faute de vision stratégique, aux pratiques du passé.
On ne saurait trop insister sur le fait que la relance économique doit avant tout se fonder sur un Etat de droit, avec l’implication des citoyens à travers une réelle société civile, une véritable opposition sur le plan politique, une indépendance de la justice, tout cela accompagné par une cohérence et une visibilité dans la démarche de la politique socioéconomique et, donc, un renouveau de la gouvernance au niveau national et local.
L’Algérie connaît la stabilité grâce aux efforts de l’ANP et des forces de sécurité mais force est de reconnaître, vu qu’il existe un lien dialectique entre développement et sécurité, qu’en mai 2023 Sonatrach c’est toujours l’Algérie et l’Algérie c’est toujours Sonatrach – plus de 97 à 98% des recettes en devises avec les dérivés inclus dans la rubrique hors hydrocarbures pour plus de 60%.
L’économie algérienne est de nature publique avec une gestion administrée, ce qui renvoie à l’urgence de libérer les initiatives individuelles et collectives par la lutte contre le cancer bureaucratique et une véritable décentralisation qui peut être favorisée par l’accélération de la numérisation, mais sous réserve d’une refonte totale du système d’information, en impliquant tous les acteurs économiques, politiques et sociaux afin de favoriser la symbiose Etat-citoyens.
La puissance d’un pays dans les relations internationales reposant avant tout sur l’économie, la Chine nous donnant l’exemple, le défi à relever est la transition d’une économie de rente, avec la dominance d’une économie informelle spéculative, à une économie de production de biens et services basée sur la bonne gouvernance et la connaissance.
L’Algérie, en s’adaptant au mieux de ses intérêts au nouveau monde, pays à fortes potentialités, possédant des marges de manœuvre avec des indicateurs financiers positifs – plus de 62 milliards de dollars de réserves de change fin février 2023, un endettement extérieur très faible de 2,9 milliards de dollars fin 2022, des recettes de Sonatrach extrapolées sur la base d’un cours moyens du baril de pétrole de 75 dollars et 12 à 13 dollars le MBTU de gaz, environ 50 milliards de dollars pour 2023 – peut devenir un pays pivot au sein des espaces méditerranéen et africain.
Mais cela suppose de profondes réformes structurelles, plus de libertés, de transparence et une réhabilitation des vertus du travail.
A. M.
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