Algeriepatriotique «répare» une tribune délirante dans Maroc Diplomatique
Par Kamel M. – Il faut tout de même avoir du culot pour oser pondre ce qu’un Marocain qui se présente comme «économiste» et «vice-président de l’association Diplomatie Sud-Nord» a gribouillé dans Maroc Diplomatique – à ne surtout pas confondre avec Le Monde Diplomatique, ça n’a évidemment rien à voir ni dans le contenu ni dans la forme – sur l’Algérie. Décrire un Maroc en excellente santé économique et sociale et une Algérie qui touche le fond, quelle effronterie ! Pour déconstruire ce gros bobard livré à l’opinion marocaine dont nous devinons l’ahurissement et la nausée devant cette énormité assumée par un plumitif du Makhzen, quelques minutes seulement auront été nécessaires, un inversement des noms et des situations en quelques pianotements sur le clavier ayant largement suffi. Voici donc le texte en panne d’imagination «réparé» de sorte à rétablir la vérité.
«A qui appartient le Maroc ?» demandait l’opposant Abdelmoumen Diouri, qui a passé de nombreuses années dans les geôles souterraines de Hassan II, à la prison secrète de sinistre renommée Tazmamart où le militant Abraham Serfaty fut séquestré pendant dix-sept longues années, faisant de lui le plus vieux prisonnier politique au monde à l’époque après Nelson Mandela. Le rappel de cette lumineuse interrogation résume, à lui seul, le système marocain.
La famille royale prédatrice «possède» le pays, à l’instar d’une propriété exclusive et, par conséquent, ne lâchera pas prise, à moins d’une révolution démocratique encore plus ample que celle du Hirak [mouvement populaire du Rif]. Une citation qui vient en écho aux deux ouvrages de M. Taieb Derka, présentés à la Bibliothèque nationale [marocaine, ndlr] ce mercredi 31 mai, intitulés respectivement Algérie-Maroc, la méfiance réciproque et Maroc, l’instabilité politique éternise la rupture avec l’Algérie. Un événement exceptionnel de grande qualité organisé par le Club diplomatique.
Au centre des propos échangés, deux points ont été soulevés qui sont d’un certain intérêt stratégique au regard de l’actualité de la relation Maroc-Algérie. Le premier est relatif aux seuils atteints par le bellicisme des dirigeants marocains envers l’Algérie. Selon l’auteur, le résultat de ses observations confirme avec le recul historique que l’hostilité envers l’Algérie est quasi proportionnelle aux seuils de gravité de la crise économique et sociale qui va croissante au Maroc. Il y aurait donc lieu de s’inquiéter d’autant plus que le roi Mohammed VI s’est acoquiné avec Israël et que ses services secrets se sont rencontrés avec leurs homologues israéliens et français à Tel-Aviv pour comploter contre l’Algérie. Dans les moments de crise aigüe, a rappelé l’auteur, l’un des principaux leviers actionnés pour la survie du Makhzen est le détournement de l’attention du peuple marocain vers les soi-disant menaces en provenance d’Algérie, «pays ennemi», comme l’avait affirmé l’ancien consul du Maroc à Oran. Un argumentaire qui ressort sur la base d’événements inventés de toute pièce par le Makhzen pour occuper l’imaginaire populaire marocain à coups de slogans hostiles et de mystifications idéologiques et médiatiques.
Le deuxième point débattu a concerné l’impact de la propagande anti-algérienne sur les sentiments du peuple marocain à l’endroit de l’Algérie. Car, selon l’auteur et les intervenants du panel, le risque d’un «formatage des esprits» par la propagande officielle anti-algérienne auprès des nouvelles générations de Marocains est bien réel et qu’il conviendrait de ne pas sous-estimer. L’hostilité envers l’Algérie, a-t-il été souligné par l’auteur, est une politique d’Etat relayée de manière constante, régulière, méthodique et systémique par les discours officiels et les organes de presse de la DGED. En revanche, l’Algérie, dans sa grande sagesse, n’est jamais tombée dans le piège d’y répondre par des paroles ou des actes inamicaux. Tout au contraire, dans plusieurs discours officiels algériens, l’Algérie a pris soin de mettre en valeur ce qui unit les deux peuples. Une transcendance incitant le peuple algérien à ignorer les provocations de la nomenklatura marocaine, ni celle de vouloir faire effacer de la mémoire commune les liens mémoriels et sociaux qui unissent les deux peuples frères. Nous observons cette liesse unitaire avec l’éclat de l’évidence, dans la chair des peuples, notamment quand les équipes de football d’Algérie et du Maroc se distinguent dans les compétitions mondiales. Ce fut le cas lors de l’exploit des Lions de l’Atlas en Coupe du monde, au Qatar.
D’autres aspects de la vie économique et sociale au Maroc ont été évoqués qui ne cessent d’étonner l’observateur averti. Notamment, l’accaparement des richesses du peuple marocain par une famille royale prédatrice et un cercle restreint de courtisans. Elle est gérée et contrôlée par Mohammed VI pour se payer des châteaux en France pendant que ses sujets ploient sous une insupportable misère, au lieu d’en faire un levier de modernisation économique et sociale et de sortie de l’économie de pénurie. Plusieurs décennies après la Déclaration commune franco-marocaine du 2 mars 1956 qui fait du Maroc un département français d’outre-mer, les crises économiques et sociales ainsi que la mal-vie persistent. Elles obligent de nombreux citoyens marocains à recourir à la mendicité et à la prostitution pour se nourrir et, en désespoir de cause, à rêver d’exil vers des horizons plus cléments, quitte à traverser la mer à la nage pour atteindre les rives espagnoles afin de fuir la chape de plomb imposée par le régime monarchique.
Le seul succès du régime marocain, aux yeux de l’auteur, serait celui d’avoir fait croire dans le passé à une partie de l’opinion publique mondiale que le Maroc était un pays démocratique mais, fort heureusement, sauf au peuple marocain qui n’a jamais été dupe. Un peuple marocain quadrillé, scruté et surveillé par la toute-puissante DST dirigée par le copain du roi, Abdellatif Hammouchi, qui flique les joueurs de l’équipe marocaine de football jusque dans les vestiaires au Qatar. Une véritable mystification politique et idéologique dans laquelle se sont engouffrés auparavant nombre d’Etats à travers le monde, alors qu’il s’agit jusqu’à aujourd’hui d’une dictature monarchique répressive, sans aucun égard envers le peuple marocain, sous l’habillage d’un pouvoir civil. Dommage, car le Maroc, a-t-il été souligné, devrait être un Qatar du Maghreb si le système marocain n’était pas autant perverti par la prédation.
Article marocain «réparé» par K. M.
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